La douceur du mois de février, avec des vents de sud et des pluies fines régulières, a réveillé de manière bien précoce les Amphibiens. Déjà des Crapauds communs peuvent émerger de leur torpeur hivernale dès mi-janvier ; néanmoins ils sont vite renvoyés à leur pénates avec un coup de froid.
Les premières sorties sont les Grenouilles rousses, particulièrement résistantes au froid – ce sont elles qui se reproduisent sur les lacs gelés d’altitude de montagne – ; elles sont déjà venues pondre le 23 février en soirée sur les dépressions humides entre les postes 8 et 10, grâce aussi à une température de l’eau supérieure à 5°C. Les mâles émettent de nuit, sur et sous l’eau, des “grouk grouk”, grognements discrets, avec leurs sacs vocaux internes pour attirer ces dames dans leur piscine naturelle. Les pontes (de 700 à 4000 œufs bicolores, noirs avec une tache claire au-dessous) sont déposées en quelques jours en amas à la surface de l’eau.
Avec parfois 12°C en journée, l’humidité constante et un rare rayon de soleil (février est normalement le mois le plus froid en Picardie…) les Crapauds communs étaient aussi de sortie ces derniers jours, notamment les petits mâles dont on a entendu les premiers chants le 14 février (Saint Valentin oblige !) ; un mâle et une femelle ont été observés sur un sentier le 24 février. Ce sont de petits cris plaintifs émis dans l’eau ou sur terre – “crouit crouit crouit” (pas évident d’imiter le crapaud !) – surtout lors d’un conflit avec un autre mâle. Les femelles bien plus massives sortent normalement un peu plus tard. Tous deux ont néanmoins de superbes yeux… de crapaud, à l’iris orangé ou cuivré, à faire s’émerveiller le plus blasé des naturalistes !
Mais attention aux coups de froid tardifs : l’année dernière durant deux jours des pauvres petits mâles avaient été retrouvés morts en nombre sur les plans d’eau dans le gel des bords de berge…
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley, Cécile Carbonnier