En se promenant sur le Parc, il arrive parfois d’être surpris par de multiples sons ; cela peut être le bruissement des feuilles, le chant d’un oiseau mais aussi celui d’un amphibien ! Un fracas puissant provenant des buissons au bord des chemins est souvent dû à une petite grenouille d’à peine 5 cm : la Rainette verte (Hyla arborea). S’il peut être facile de l’entendre, il l’est beaucoup de moins de l’observer ! Bien souvent perchée sur les branches ou les feuilles des ronciers, sa couleur verte et sa petite taille la rendent presque invisible au premier coup d’œil. Oui, perchée sur les branches, car la Rainette verte, qu’on appelle aussi Rainette arboricole, est un as de l’escalade, grâce à ses doigts terminés par des disques additifs qui jouent le rôle de ventouses ; elle se hisse en hauteur afin de mieux profiter du soleil et échapper à ses prédateurs terrestres.

On la retrouve sur presque toute la France dans des habitats humides et surtout riches en végétation, qu’il s’agisse d’une mare bordée d’aulnes et de roseaux, d’une prairie humide, ou encore d’un grand massif de ronciers situé à côté d’un plan d’eau douce, comme on peut en observer sur le Parc.

En avril, les Rainettes adultes gagnent les plans d’eau pour se reproduire. Ce sont les mâles qui arrivent les premiers sur les lieux. Ils définissent alors un territoire d’environ 3 mètres de rayon qu’ils défendent farouchement, attaquant tous les concurrents qui tenteraient de s’approcher trop près ! Très actifs au crépuscule et durant la nuit, leur chant puissant guide les femelles. Audible jusqu’à plus d’une centaine de mètres, ce chant est amplifié grâce au sac vocal situé sous la gorge : il se gonfle et se dégonfle en laissant échapper le croassement. 

La femelle pondra ensuite environ 1000 œufs dans la mare, regroupés en paquet, d’où sortiront des têtards. Ces derniers, végétariens, mangeront alors des débris de plantes aquatiques avant de se métamorphoser 3 mois plus tard et de quitter la mare où ils sont nés. Ils ne la regagneront qu’à l’âge de 3 ans, pour se reproduire à leur tour.

Adultes, le petit amphibien se nourrit principalement d’insectes variés tels que des moustiques et des mouches, mais aussi des araignées et des cloportes. En bref, elle n’est pas très difficile et attrape, de manière assez agile, presque tous les petits invertébrés qu’elle peut avaler.

Prédatrice, la Rainette verte est aussi une proie pour beaucoup d’espèces d’oiseaux comme les hérons, les aigrettes, les chouettes, mais aussi pour quelques mammifères comme le Renard ou le Putois, ainsi que pour la Couleuvre à collier.

Comme tous les amphibiens, la Rainette verte est menacée d’extinction. C’est une espèce fragile qui est très sensible aux changements environnementaux, à la dégradation de son habitat et à la disparition de ses proies de prédilection : les insectes. Heureusement elle est protégée sur tout le territoire français.

Texte : François Janquin / Illustrations : Alexander Hiley

En ce début d’été, les batraciens se font rares et seules les Grenouilles vertes, au comportement toujours aquatique se font entendre dans les fossés. Si les batraciens aiment la chaleur (ils sont ectothermes, ne produisant pas leur propre chaleur) et sont actifs entre 8 et 30°. Ils n’aiment guère la « surchauffe » et évitent les très chaudes journées. Ainsi, les Crapauds calamites vont plutôt sortir de nuit et se cacher sous des petits abris en journée. En changeant une planche fatiguée devant le pavillon d’accueil, on a découvert dessous trois petits mâles de Crapauds calamites qui se sont fait ensemble leur petite dépression confortable dans le sol. Et chaque jour au-dessus d’eux des centaines de bipèdes passaient et repassaient …

Le Crapaud calamite (de calamus: le jonc) appréciant les nuits tempérées sans vent. Comme on peut le voir sur la photo, la couleur entre individus est variable, mais une des caractéristiques de cette espèce, leurs yeux, restent jaune-vert doré. Il se reconnait aussi facilement avec sa ligne dorsale jaune ou blanche.

 

Texte et illustration : Philippe Carruette

Il pleut, il mouille, c’est la fête à la… Tout le monde connaît la chanson, en témoignent les Rainettes vertes, dont la joyeuse chorale a accompagné les premières pluies d’automne ! En effet, les précipitations, couplées aux températures douces des mois de septembre et octobre, ont relancé l’activité des batraciens. Sur les sentiers du Parc, les visiteurs ont été nombreux à croiser Crapauds communs ou calamites, avançant de leur démarche pataude sous les gouttes bienfaitrices.

Rainette verte (Hyla arborea)

Il est déjà temps pour eux de rejoindre leurs quartiers d’hiver. Si elle est moins spectaculaire et plus diffuse que la migration prénuptiale, la migration automnale des amphibiens demeure cependant bien visible. Rappelons au passage que ces animaux mènent une “double vie”, comme leur nom l’indique (amphi = double ; bios = vie). Rien de moralement blâmable néanmoins : il s’agit plutôt d’une vie entre deux mondes, l’aquatique et le terrestre. Les larves se développent dans l’eau, mais une fois la métamorphose achevée, ces vertébrés poursuivent leur croissance sur terre. Ils ne retourneront en milieu aquatique que pour se reproduire, et toute leur vie sera rythmée par ces allers-retours annuels. 

Crapaud commun (Bufo bufo)

Bêtes à sang froid – on dit qu’ils sont poïkilothermes –  leur température corporelle varie avec celle de leur environnement ; ainsi, quand le temps se fait frisquet, toute activité devient impossible, d’où la nécessité d’hiberner. 

Crapaud calamite (Epidalea calamita)

Pour l’heure, durant les journées pluvieuses, anoures et urodèles ont un seul objectif : atteindre leur zone d’hivernage. On peut ainsi observer de jeunes Grenouilles rousses ou vertes, bondissantes, qui profitent de l’humidité ambiante pour se disperser ; parfois, ce sont les Tritons alpestres et ponctués qui regagnent en rampant une souche protectrice ; enfin, les crapauds quittent leurs gîtes estivaux pour rejoindre une anfractuosité au sol détrempé, située parfois à plus d’un kilomètre. 

Grenouille rousse (Rana temporaria)

Beaucoup de mâles préfèreront passer l’hiver au fond de l’eau, enfouis dans la vase. C’est leur peau, fine et fragile, qui leur permettra de respirer. Ainsi blottis dans leur cachette, ils traverseront la mauvaise saison dans un état de léthargie… et seront les premiers présents sur le site de reproduction, où ils recommenceront à chanter dès que le printemps frémira !

Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris)

Texte : Cécile Carbonnier

Illustrations : Benjamin Blondel, Marion Dauvergne, Alexander Hiley, Amaury Peyrot