Le premier Pouillot à grands sourcils est noté en soirée au Parc le 24 septembre dans le petit parcours. Ce petit passereau n’était guère connu auparavant dans notre région. Il est originaire de Sibérie et sa population semble se développer lentement vers le nord ouest de la Russie. L’espèce est notée pour la première fois en Picardie le 22 septembre 1993 au Hable d’Ault. Avec le développement de l’ornithologie et surtout des stations de baguage en migration postnuptiale, il est observé et bagué maintenant chaque année sur le Parc et sur le littoral de tous les Hauts de France. Par rapport aux autres pouillots européens, il est assez facile à reconnaître avec son long sourcil blanc jaune pâle jusqu’à la base du bec et ses deux barres alaires claires très nettes. Son cri de contact est assez caractéristique avec un « tswe eet » sonore sur la première note et en baisse sur la deuxième (prière d’avoir l’oreille musicale !). On le rencontre surtout dans les saulaies où il inspecte sans arrêt les feuilles mais il a déjà été bagué aussi dans un jardin boisé de Rue. Vu son aire de répartition, il hiverne normalement en Asie du Sud Est mais on connaît mal la destinée de ceux qui passent en migration ou vont parfois hiverner en Europe de l’Ouest.

Texte et photo : Philippe Carruette.

PHENO : Un diminutif de « phénologie » de la migration, un programme de baguage mis en place pour étudier la migration post-nuptiale durant 4 mois par le Museum de Paris (CRBPO). En effet c’est en plein été que nombre de passereaux nous quittent. Rousserolles, Phragmites, Locustelles dans les roselières au fond du poste 6, Fauvettes, Pouillots dans les dunes buissonnantes ou forestières. Rouge-gorge, Roitelets, Merles et Grives prendront le relais en septembre au fond des parkings. Le baguage en août va concerner surtout les Fauvettes à tête noire, babillardes, grisettes et des jardins.

Outre l’étude de la phénologie de la migration pour chaque espèce, cela va permettre de montrer l’importance de certains habitats pour ces espèces. Ainsi la zone boisée dunaire à l’entrée du Parc jusqu’aux parkings est une indispensable trame verte entre les terres agricoles intérieurs, le village et le Parc notamment pour des espèces forestières plutôt sédentaires comme la Sitelle torchepot ou la Mésange nonnette ou migrateurs rampants comme la Mésange noire ou les Roitelets.

Texte et photo : Philippe Carruette.

Les opérations de baguage au printemps permettent de se rendre compte de manière précise de la nidification. Après un début de saison catastrophique pour les passereaux (froid, pluies et vent de fin mars à début mai), juin a permis de voir revenir de bonnes densités d’insectes avec la chaleur. Les juvéniles de Rousserolles, Phragmites, Merles noirs, Fauvettes à tête noire, Hirondelles… semblent être nombreux notamment pour les couples ayant niché les plus tard. Néanmoins, la situation des Pouillots ne semblent pas s’être fortement améliorée, qu’ils soient Fitis ou Véloces les adultes ont connu une forte mortalité à leur arrivée fin mars début avril en pleine période d’absence de nourriture.

Tous ces jeunes passereaux ont souvent, notamment pour les espèces les plus territoriales, un plumage plus discret et différent de celui des adultes. Ainsi les jeunes Rouge-gorges n’ont pas de tache orange, les jeunes fauvettes à tête noire ont la calotte brune qu’ils soient mâles ou femelles.

Lorsque les juvéniles sortent des nids, les adultes continuent de les alimenter. Posés au sol ou sur des branches, ces jeunes volants attendent patiemment leur nourriture entre deux exercices de vol. Vous pourrez peut être admirez ce spectacle le long des chemins, comme par exemple celui de ces trois jeunes Hirondelles…

Texte : Philippe Carruette et Clément Parissot – Photo : Philippe Carruette – Vidéo : Marion Mao.

Comme chaque année à la mi-juin la campagne de baguage des cigogneaux commence dans les Hauts de France. Seuls les nids accessibles, notamment sur les plateformes de baguage, sont visités. Parfois il est nécessaire de faire appel à un élagueur expérimenté si l’échelle est… trop courte !

Les jeunes sont descendus au sol pour être pesés, mesurés et munis d’une bague couleur verte avec 4 lettres blanches (bien visibles à la longue vue) et d’une bague métal obligatoire du Museum d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN – CRBPO).

Aujourd’hui seule une minorité de poussins sont bagués (ceux de la héronnière, observatoire 13, par exemple ne peuvent absolument pas être bagués pour la totale quiétude de la colonie) mais cela permet toujours d’avoir de nombreuses nouvelles informations sur cette espèce déjà bien étudiée mais qui évolue dans sa biologie et son aire de répartition.

Texte et photos : Philippe Carruette.

De 2014 à 2016 plusieurs centaines de poussins de Mouettes mélanocéphales ont été munies de bagues couleur à la Maison de la Baie de Somme à Lanchères (programme de Camille Duponcheel du Centre de Recherches sur le baguage des oiseaux auquel participe les bagueurs du Parc). De nombreux oiseaux ont été retrouvés en migration ou en hivernage en Bretagne, en Espagne, au Portugal et même au Maroc !

Deux oiseaux ont été contactés dans des lieux qui sont des premiers contacts pour des Mouettes mélanocéphales bagués en France :

RXR8 FS93519 baguée le 25/06/15 est restée dans le Calvados d’août à octobre 2016. Le 02 Avril 2017 elle est revue au Hable d’Ault pour être vue le 08/08/17 à Ver sur Mer (Calvados). Le 19/05/2018 elle est observée sur la rivière Drava à Ptuj en Slovénie.

RH57 FS104465 baguée le 28/06/16 est notée le 25/05/17 à Bullenahausen au sud de Hambourg (Allemagne). Le 25/08/17 elle est observée au Nord est de Bergen à Aurland en Norvège.

Ces oiseaux sont extrêmement nomades surtout dans les premières années de leur vie et parcourent l’Europe faisant halte sur les colonies de laridés les plus attractives. N’oublions pas que l’espèce est à originaire du Delta de la Volga et qu’elle ne niche en Picardie que depuis 1994.

Texte : Philippe Carruette – Photos : Maëlle Hello.

Les premières Tourterelles des bois sont de retour d’Afrique de l’Ouest et on commence à entendre les jolis roucoulements bas des mâles chanteurs dans les zones forestières au centre du Parc. Mais au point de vue, on remarque des mouvements vers le nord est de petits groupes de Tourterelles turques. L’espèce est plutôt considérée comme sédentaire, et les mouvements migratoires sont peu connus. D’où viennent et où vont ces oiseaux ? Les quelques oiseaux bagués localement pourront peut être apportés un jour des réponses à ces mouvements décelés de fin mars – début avril jusqu’à la fin mai et toujours bien orientés vers le nord est.

Texte : Philippe Carruette – Photo : Maëlle Hello.

Merveilleux voyageurs que ces petits Bécasseaux sanderling. Tout bon observateur l’a sans doute aperçu en troupes éparses en se promenant le long des plages. Voyageurs infatigables et gloutons hors paire, la plupart d’entre eux font halte sur nos côtes pour se gaver d’invertébrés et autres mollusques afin de prendre des forces pour la longue traversée de l’Atlantique Nord. On rencontre le Bécasseaux sanderling sur la côte Picarde pratiquement toute l’année, mais à plus grands effectifs pendant les périodes de migration postnuptiale (aout/septembre) et prénuptiale (avril/mai). Bien que sur la Réserve Nationale de la Baie de Somme l’oiseau ai un attrait particulier pour les grandes zones de plage et de vasière proches des vagues, il n’est pas rare de voir quelques individus à marrée haute venant trouver refuge au sein du Parc Ornithologique du Marquenterre.

Mais que fait cet oiseau migrateur sur nos côtes ? Leurs prouesses migratoires sont moins connues. Leur site principal de nidification est le nord-est du Groenland. Ils l’atteignent en faisant étape en Islande. Une fois la reproduction terminée ils retournent vers le sud. Certains s’arrêteront en France, d’autres au Portugal. Une colonie importante s’installe aussi en Mauritanie et quelques uns se risqueront même jusqu’au Ghana. Mais pourquoi voit-on cet oiseau migrateur toute l’année me direz-vous ? La réponse n’est pas si simple à apporter… disons simplement que les Bécasseaux Sanderling immatures préfèrent passer leurs premières années sur leurs quartiers d’hivers.

Leur parcours fait l’objet d’un suivi scientifique mondial, à partir du baguage des oiseaux. Les petites bagues de couleur et la bague à fanion appelée drapeau (ou « flag ») permettent de les reconnaitre et de suivre leur parcours. Vous aussi, si vous observez un Bécasseau sanderling bagué, vous pouvez participer à ce suivi en nous transmettant la donnée ou en contactant directement le Muséum d’Histoire Naturel de Paris.

Texte et photos : Pierre Aghetti.

Fin mars début avril, Verdiers, Chardonnerets et Pinson des arbres sont de passage. On peut les voir en nombre au sol sous les pinèdes autour du pavillon d’accueil où ils mangent notamment des graines de pins. Le long des sentiers du parc en fin de parcours ils sont dans les aulnaies ou les pinèdes à la recherche aussi de graines. Grâce au baguage on sait que « nos » Verdiers peuvent venir du Nord Pas de Calais ou des Pays Bas, les Chardonnerets d’Angleterre, et les Pinsons des arbres de tous les pays du nord et de l’est de l’Europe. Du fait des milieux ouverts du Parc peu de couples de fringilles y nichent.

Texte : Philippe Carruette – Photo : Clément Parissot.