Le 7 octobre 2014, un Accenteur mouchet adulte est bagué au fond des parkings du Parc lors du programme d’étude “phénologie de la migration”. A cette date, cela peut être tout aussi bien un migrateur qu’un nicheur local. Mais la surprise fut qu’il soit contrôlé deux fois comme mâle nicheur par notre collègue Fabien Thourotte le 2 mai 2017 et le 10 mai 2017 sur la station STOC (suivi des populations nicheuses) de Camiers dans le Pas-de-Calais. Cet oiseau est donc au minimum né au printemps 2013 : il est donc âgé d’au moins 5 ans et 11 mois ! L’âge maximum connu actuellement pour cet oiseau tourne autour de 9 ans.

N’oubliez pas, si vous trouvez un oiseau avec une bague métal avec des chiffres et des lettres, de transmettre l’information au Centre de Recherches sur le Baguage des Populations d’Oiseaux (Museum de Paris) : crbpo@mhn.fr en indiquant bien le numéro complet de la bague, le lieu, la date, et toutes les informations autres (cause de la mortalité, âge, sexe si vous connaissez l’espèce). La science vous remercie !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Nathanaël Herrmann, Philippe Carruette

De nombreuses Cigognes blanches baguées poussins au Parc du Marquenterre séjournent en Espagne, soit en passage de migration, soit en hivernage. Nous recevons souvent des contrôles d’oiseaux aperçus notamment dans les décharges autour de Madrid. Mais cette fois la nouvelle n’est pas bonne : un individu bagué AFFS le 10 juin 2005 a été retrouvé mort électrocuté à Anoeta, dans la région de Guipuzcoa au Pays Basque espagnol. Grâce à sa bague couleur, on connaît avec précision une partie de sa vie migratrice et nicheuse depuis de nombreuses années. 

Le 31 mars et le 2 juin 2007, il est de retour de migration sur le Parc. Il niche en basse vallée de la Somme à Boismont en avril 2010. Le 2 septembre 2014, il est observé sur le centre d’enfouissement de Mons-Boubert près de Saint-Valery. Le 12 février 2015 il est sur sa route de migration avec deux autres oiseaux (dont BIXL bagué dans le Calvados en 2011) à Saint-Soulaire dans le Maine-et-Loire. Le 8 octobre de la même année, on le retrouve à Mons-Boubert. On le voit accouplé à ATWP (baguée au Parc le 27 juin 2008) sur un nid à Saigneville le 12 mars 2017. Il y nichera de nouveau en juin 2018 sans a priori avoir de petits.

Heureusement ces derniers jours nous ont donné aussi de bonnes nouvelles de cette “vieille génération” de cigognes. AFFA et AFFX (bagués respectivement en 2004 et 2005) étaient dans les prairies du Parc le 1er octobre 2019. Ces deux oiseaux n’ont jamais été contrôlés en Espagne mais connaissent nos collègues ornithologues et amis de Gironde qui les ont observés au Parc du Teich et à Naujac, ainsi que sur le centre d’enfouissement de Valembray dans le Calvados.

Texte : Philippe Carruette

Illustration : Alexander Hiley

Phéno : un diminutif de “Phénologie de la migration”, un programme de baguage mis en place en 2014 pour étudier la migration postnuptiale durant 4 mois, d’août à novembre, par le Muséum de Paris (Centre de Recherches sur le Baguage des Oiseaux), au fond des parkings du Parc du Marquenterre. 

Troglodyte mignon juvénile

Le milieu, très diversifié en dunes semi-boisées, est particulièrement favorable comme halte pour les passereaux. En effet, c’est en plein été que nombre d’oiseaux nous quittent ; rousserolles, phragmites, locustelles dans les roselières, fauvettes, pouillots dans les dunes buissonnantes ou forestières. En août, le baguage a concerné surtout les Fauvettes à tête noire, babillardes, grisettes et des jardins. Rouges-gorges, roitelets, merles et grives prennent le relais en septembre-octobre. 

Fauvette des jardins

Outre l’étude de la phénologie de la migration pour chaque espèce, cela va permettre de montrer l’importance de certains habitats. Ainsi la zone boisée dunaire à l’entrée du Parc est une indispensable trame verte entre les terres agricoles intérieures, le village et la Réserve, notamment pour des espèces forestières plutôt sédentaires comme la Sitelle torchepot ou la Mésange nonnette, mais aussi pour les “migrateurs rampants” comme la Mésange noire ou les roitelets. Ces derniers,  lourds de 5 grammes, voyagent en effet d’arbre en arbre, tout en se nourrissant de petits pucerons ; mais cela ne les empêche pas de venir de Scandinavie ou de Pologne !

Accenteur mouchet juvénile

Ce sont les Fauvettes à tête noire qui ont été les plus nombreuses à la fin de l’été. Espèce résistante, au régime alimentaire très éclectique, elles ont survécu au début de printemps froid et ont réussi tout de même une bonne reproduction. Ce qui n’est pas le cas, malheureusement, des Pouillots fitis et véloces  beaucoup plus fragiles, qui ont connu une forte mortalité avec les pluies et le vent de début juin en pleine fin d’élevage des poussins.

Rousserolle effarvatte

Les futurs aménagements du Parc dans le cadre du Projet Grand Marquenterre prendront en compte ces études pour garder les différentes strates boisées les plus favorables, et qui donnent aussi un fort caractère paysager (vieilles aubépines, aulnaies et bétulaies).

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Maëlle Hello, Philippe Carruette

Une série de contrôles de bagues vertes récentes qui nous fait bien plaisir, tant on sait combien certaines années la mortalité est forte chez les jeunes cigognes en migration !  

Six oiseaux ont été contrôlés par Jean-Michel Sauvage – merci ! – sur la cimenterie de Dannes (Pas-de-Calais) les 29 et 30 juin 2019, dans un groupe de 45 oiseaux.

  • FDMV bagué le 28/06/2018 sur le Parc.
  • FDMY bagué le 09/06/18 à Noyelles-sur-mer ; le 22 janvier dernier, l’oiseau était à Olmeda en banlieue de Madrid !
  • FHXA bagué le 31/05/2017 à Merlimont (62) ; le 27 février dernier, il était à Courcoury en Charente-Maritime dans un groupe de 144 individus.
  • FHXP bagué le 30/06/18 dans la héronnière du Parc.
  • FDMR bagué le 11/07/2017 dans le Domaine du Marquenterre.
  • FHXT bagué le 23/06/2018 sur le nid du point de vue du Parc.

On constate que de plus en plus de jeunes, au lieu de rester traditionnellement sur le lieu d’hivernage durant leur deuxième année, remontent sur les lieux potentiels de nidification alors qu’ils n’ont pas atteint leur maturité sexuelle.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley, Margot Tharan

Comme chaque année, des opérations de baguage des poussins et des adultes d’Hirondelles rustiques ont lieu sur le Parc du Marquenterre et dans les environs, chez les particuliers. Les couples nichent sur les bâtiments techniques en arrière du pavillon d’accueil. Toutes les portes en bois sont munies de petites ouvertures permettant maintenant à plusieurs couples de s’installer. Certaines de ces ouvertures ont été réduites, du fait du passage nocturne d’une Chouette hulotte – qui niche avec succès dans les combles du pavillon, et qui prédate les nids et les oiseaux volants !

Les jeunes sont bagués à 11 jours et les adultes au filet. Nous allons aussi baguer des familles dans les villages des environs où cette espèce menacée semble un peu plus nombreuse qu’à l’accoutumée, grâce probablement à un printemps propice. Les adultes nicheurs présentent en effet une adiposité favorable, ce qui était vraiment rare ces dernières années.

Bien peu de jeunes et d’adultes reviennent l’année suivante. Néanmoins, en 2018, un jeune bagué à Canteraine (Rue) trois ans auparavant vint nicher sur le Parc. N’oublions pas que ces messagères de printemps nous reviennent d’Afrique centrale, alors laissons-leur une petite place dans notre environnement…

Texte et illustrations : Philippe Carruette

Samedi 8 juin, au lever du jour. Les vents se déchaînent depuis la nuit, atteignant certainement plus de 100 kilomètres par heure. La traîne de la tempête Miguel, qui a sévi sur la côte atlantique, est cette fois pour nous. Dès le portail d’entrée du Parc, branches et feuilles recouvrent le chemin routier. C’est la gorge serrée que les équipes du Marquenterre font le premier tour des parcours pour dégager les sentiers des saules tombés. La pluie redouble d’intensité, les arbres craquent.

A la héronnière, aucun adulte de grands échassiers n’est présent, trop de vent pour se tenir statique sur les nids. Plus de 200 spatules sont « tassées » sur le premier plan d’eau en bas du point du vue, alors que des cigognes adultes s’abritent près du poste d’observation. Les poussins, seuls, se massent sur les nids. Les jeunes Aigrettes garzettes, presque volantes, appliquent une remarquable technique de protection : accrochées à une branche le long d’un tronc grâce à leurs doigts, elles se recroquevillent sur elles-mêmes, comme de véritables boules de neige duveteuses. Et elles tiennent ! Sur les parcours, les nids d’Avocettes, mouettes et échasses en bord de berge subissent les vagues du clapot et se recouvrent d’écume ; certains sont submergés.

Entre les postes 11 et 12 la plateforme accueillant un nid de cigogne avec deux poussins n’est plus visible. En accédant au site en fin de matinée, on découvre au sol les jeunes bien vivants, enfouis sous les branches du nid qui s’est écroulé sous la force des rafales. La nuit a dû être longue pour eux !

Ces deux poussins vont être nourris et gardés trois jours, le temps de bien faire les choses. Mardi, tôt le matin, la plateforme est redressée, haubanée, et les cigogneaux retrouvent leur nouveau nid douillet (merci Jérôme pour le foin !) ; poissons et viande sont aussi déposés. Les adultes sont-t-ils encore là ? Le stress leur a-t-il fait quitter les lieux ? A midi, de retour des postes, Margot Tharan, guide au Parc, observe avec joie un des adultes sur le nid, qui « papouille » ses petits ! Ils ne les ont pas oubliés ! Le 22 juin les deux jeunes – dénommés Daurade et Cabillaud – sont bagués par leurs sauveuses. Ils porteront les bagues vertes FHXW et FHXZ.

Nous avons réussi mais c’était loin d’être gagné ! Face au risque de se tromper, d’être discrédité, d’entendre « c’est la nature », « c’était écrit » ou « on te l’avait dit que ça ne marcherait pas »… Décider simplement d’agir sans avoir le doute du choix face à celui de l’immobilisme. La vie est toujours plus forte…

Merci à Amandine, Laëtitia et Cécile, pour avoir ramené les poussins, à Cédric, Francis et Clément pour avoir redonné un nid à ceux qui l’avaient perdu.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Philippe Carruette, Gaëlle Micheli

Le 27 mai dernier, Pierre, guide naturaliste et photographe au Parc, a pu prendre une série de clichés d’un mâle chanteur de Phragmite des joncs, à proximité de l’observatoire n°12. Sur ordinateur, il a été possible de lire et de reformer le numéro complet de la bague : il s’agit d’un oiseau qui a été bagué au Parc par Adrien, guide et bagueur, dans le même secteur le 18 juillet… 2012 ! A l’époque, l’oiseau était un jeune de l’année.

Les Phragmites des joncs hivernent au sud du Sahara, à plus de 4000 km de la baie de Somme. Cet individu, du haut de ses 10 grammes, a donc effectué 14 trajets entre Europe et Afrique… soit plus de 56 000 km !

Texte : Adrien Leprêtre

Illustrations : Alexander Hiley, Pierre Aghetti

Nous sommes habitués au Parc à croiser le chemin de cigognes nées en Belgique, aux Pays-Bas, en Normandie… Mais la surprise fut grande l’été dernier !

Lors d’une sortie estivale le soir du mercredi 18 juillet 2018, trois Cigognes juvéniles se posent devant notre groupe. Elles sont munies de bagues Darvic blanches BEWM, BEWN, BEWP. Celles-ci sont toutes neuves, et les oiseaux, ailes pendantes, ont l’air bien épuisés. Ces bagues sont françaises et on pense aussitôt aux quelques nids du Pas-de-Calais et du Nord. Or pas du tout ! Les trois oiseaux de la même couvée ont été bagués le 5 juin 2018 poussins, à 7 semaines, par Jean-Claude Barbraud en… Charente Maritime à Hiers-Brouage dans le marais de Brouage, le département français où niche à l’état sauvage le plus grand nombre de Cigognes blanches.

Qu’est-ce qui les a poussés à remonter au Nord, alors qu’à la mi-juillet tous ces juvéniles filent droit vers les Pyrénées et l’Espagne ? Un coup de vent violent ? Du brouillard qui empêche de voir les astres, et donc de s’orienter visuellement ?

Ils ne seront pas revus le lendemain où le beau temps revenu a dû les remettre sur la bonne route, direction le Sud ! Comme quoi les cigognes charentaises ne sont pas… pantouflardes !

Texte : Philippe Carruette

Photo : Valentin Faivre