Parfois rares, souvent drôles, toujours de bon augure : découvrez ici les oiseaux qui nous ont rendu visite

Les naissances se multiplient sur le Parc du Marquenterre, pour le plus grand bonheur des visiteurs attendris, et des guides naturalistes… complètement gagas ! Alors, juste pour le plaisir, voici un joyeux florilège de nos petites mascottes de printemps. Nous mettons toutefois en garde les plus sensibles d’entre vous : restez bien assis à la lecture de cet article, car il vous sera difficile de ne pas fondre devant ces bouilles duveteuses ! Alors, saurez-vous les reconnaître ? Réponse en bas de page !

Indice pour la photo de couverture : C’est Maman qui a couvé seule les œufs, tandis que Papa, avec sa tête et son cou verts (tiens, tiens) préférait vaquer à ses occupations, barbotant tranquille dans sa mare. 

 

Indice : Trop fastoche, on devine un adulte en arrière-plan, avec son corps blanc et ses ailes gris perle. Et sa tête me direz-vous ? Elle est brun chocolat en cette saison. Vous ne trouvez toujours pas ? Demandez donc à Gaston Lagaffe !

 

Indice : Qui a dit que nous ressemblions à de vilains petits canards ?!

 

Indice : Dès la naissance, je suis équipée de duvet couleur sable, de pattes bleues robustes, et d’un bec déjà très légèrement retroussé. Ainsi je peux glaner ma nourriture toute seule comme une grande. Une aubaine pour mes parents, qui n’ont pas besoin de me donner la becquée !

 

Indice : Nous avons vu le jour dans un terrier de lapin. Si, si ! Mais ça, c’est parce que Maman a décidé qu’elle serait aussi belle que Papa : blanche et noire, avec un magnifique collier roux et un bec rouge comme si elle s’était mis du rouge à lèvre. Donc évidemment, elle a dû trouver une cachette pour faire son nid…

 

Indice : J’ai tellement hâte d’avoir des plumes sur ma tête… Comme ça je pourrai me coiffer comme un grand ! À la mode huppée

 

Indice : … petit patapon !

 

Réponses : 1. Canard colvert ; 2. Mouette rieuse ; 3. Cygne tuberculé ; 4. Avocette élégante ; 5. Tadorne de Belon ; 6. Vanneau huppé ; 7. Héron cendré 

Texte : Cécile Carbonnier / Illustrations : Eric Penet, Alexander Hiley, Pierre Aghetti

Chez les oiseaux

Si on regarde de plus près chez les oiseaux, on peut noter qu’ils se rapprochent plutôt de la stratégie K. Ils ne font pas beaucoup de petits et s’en occupent jusqu’à ce qu’ils soient indépendants. Toutefois il existe des variations, que nous vous présentons ici.

1)      Les nidicoles

Ce terme est forgé à partir du latin « nidi » = le nid, et « colere » = habiter.

Il s’agit des oiseaux qui élèveront leurs jeunes au nid jusqu’à ce qu’ils puissent voler. Les petits naissent généralement nus et aveugles.  Les parents leur apportent donc à manger et à boire. Ils vont aussi nettoyer le nid et les maintenir au chaud et à l’abri de la pluie ou d’une trop forte chaleur.

On peut citer par exemple les mésanges, le cormoran ou encore la cigogne…

2)      Les nidifuges

Du latin « fugere » = fuir.

Il s’agit des oiseaux dont les poussins quittent le nid dès la naissance. Ils naissent déjà couverts de duvet et capables de se déplacer et de voir. Ils mangent par eux-mêmes. Les parents vont rester avec eux pour les défendre et les mener vers des endroits où s’alimenter ou se reposer. Durant les premiers jours les parents peuvent aussi les « couver » hors du nid en cas de basse température.

C’est le cas des ansériformes (cygnes, oies, canards) et de la plupart des limicoles (vanneau, avocette, chevaliers), par exemple.

Bien entendu, ce serait trop simple s’il n’y avait que deux cas de figure ! 

3)      Les semi-nidifuges

Ces oiseaux naissent comme les nidifuges, prêts à faire face aux conditions extérieures. Néanmoins, ils ne sont pas capables de se nourrir seuls. Ce sont donc les parents qui leur apportent à manger. Parmi les espèces semi-nidifuges, on peut citer deux cas de figures.

Une partie d’entre eux resteront sur ou à proximité directe du nid. Les jeunes peuvent sortir et explorer les environs mais reviennent généralement au nid. C’est le cas des Mouettes rieuses. mais aussi des oiseaux de mer nichant dans les falaises, et n’ayant par conséquent pas beaucoup de terrain à explorer. En revanche, les conditions souvent humides et venteuses pourraient y être difficiles sans leur duvet de protection.

L’autre partie des semi-nidifuges va quitter le nid quelques heures après la naissance et ne plus y revenir. En revanche, les jeunes seront tout de même nourris par les parents (contrairement aux nidifuges). On peut citer les foulques et les grèbes.

Comme toujours, on peut aussi trouver des exceptions ou des cas particuliers à ces différentes stratégies. On peut notamment remarquer le Coucou qui n’élève pas ses oisillons (https://www.marquenterrenature.fr/coucou/).

Texte : Quentin Libert / Illustrations : Alexander Hiley

Dans le monde animal, on peut trouver de nombreuses méthodes différentes pour élever les petits jusqu’à l’âge adulte. Bien que certaines puissent sembler dures de notre point de vue humain, elles ont prouvé leur efficacité.  Voyons ensemble quelles sont ces différentes stratégies.

Le modèle général

Deux modèles types ont été décrits afin de représenter les différentes stratégies de reproduction.

1)      La stratégie r

La stratégie r consiste à donner naissance à un grand nombre de petits, mais en leur apportant peu voire pas d’aide pour leur croissance. De ce fait, peu de jeunes arrivent à l’âge adulte. Le cycle de vie est court, un individu est rapidement mature sexuellement et meurt tôt.

Cette stratégie est utile dans les milieux irréguliers où les conditions changent vite (accès à la nourriture variable, par exemple). À défaut de pouvoir assurer la survie des jeunes, ils vont compenser par le nombre.

On peut prendre l’exemple des araignées, ou encore des mouches. Celles-ci pondent plusieurs centaines d’œufs. Après l’éclosion, il faudra entre quelques jours et un mois (selon les conditions du milieu) pour avoir un adulte capable de se reproduire.

2)      La stratégie K

À l’inverse, la stratégie K consiste à faire un faible nombre de petits, mais les parents s’en occupent beaucoup pour optimiser le taux de survie. En revanche, la croissance est plus longue, tout comme la durée de vie.

Cette stratégie est appliquée par des espèces qui vont pouvoir utiliser au mieux leur environnement. Ce dernier est stable, les individus en profitent au mieux.

On peut citer le Fulmar boréal. Le couple ne pond qu’un œuf par an. Il faudra en moyenne 9 ans pour que le jeune commence à se reproduire à son tour.

Bien entendu, ces deux stratégies sont schématiques. La plupart des espèces se situent à des degrés variables entre r et K.

Par exemple, la Tortue verte pond beaucoup d’œufs, une fois par an, qu’elle “abandonne”. En revanche, il va falloir plusieurs années aux jeunes pour pouvoir se reproduire. Elle a aussi une grande espérance de vie.

Vous souhaitez en savoir davantage sur la reproduction des oiseaux…? Rendez-vous au prochain article !

Texte : Quentin Libert / Illustrations : Florian Garcia, Alexander Hiley

Le Geai des chênes n’est pas très abondant sur le Parc. On le connaît surtout lors de ses passages et haltes migratoires cycliques en fin d’été. Des milliers d’oiseaux peuvent ainsi venir de l’Europe de l’est, à la suite d’une bonne saison de reproduction en Baltique combinée  brutalement à une faible productivité alimentaire. Cela provoque chez ces populations nombreuses une fuite massive vers le sud-ouest de l’Europe, appelée irruption ; elle concerne surtout de jeunes oiseaux. On se souvient de ce phénomène sur le Parc en 1996, en 2012 et, dans une moindre mesure, en 2021 : des milliers d’oiseaux ont alors survolé notre littoral sans pour autant y hiverner, faute de nourriture.

À l’inverse, seul un couple de Geai niche sur le Parc, et parfois un second au fond des parkings. Vous rencontrerez cet oiseau surtout à la héronnière, où il passe en ce moment en vol, transportant des brindilles pour le nid. Il est aussi régulièrement posé sur une grosse aubépine ou au sol, à la recherche de tout ce qui « fait ventre », ce corvidé étant omnivore. Sa faible densité comme nicheur est probablement due au boisement modeste du lieu, et à la quasi absence de vieilles futaies de chênes et de hêtres sur le littoral, dont l’oiseau consomme les glands et les faînes. Il est de plus discret et plutôt silencieux en période de reproduction, lors de laquelle seule la femelle couve.  

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail 

Après la Panure, la Lusciniole, le Vespertilion, tous à moustaches (si, si toutes ces espèces existent !) en avril voit arriver pour un temps au Parc les Cigognes blanches à moustaches ! Ces grands échassiers sont fidèles au nid qu’ils ont construit, et avant de penser à fonder une famille, il faut restaurer le logement. Pensez donc, tout l’hiver inoccupé, les coups de vent l’ont mis à mal, surtout ces dernières années où les tempêtes sont plus violentes. 

La base du nid est constituée de branches mortes ramassées au sol, souvent sous la héronnière ou à proximité, mais certains oiseaux vont les chercher parfois bien plus loin. Le fond du nid est garni de grosses touffes d’herbes sèches et de mousses. C’est là que l’on voit la cigogne avec le bec chargé au maximum !  Mais ces matériaux, pourtant légers, sont lourds pour cet oiseau très peu musclé bien plus adapté au vol plané qu’au vol battu demandant des muscles puissants. Toutefois le nid reste rudimentaire et des plus simples ; il ne sera guère douillet pour les poussins à venir qui seront finalement sur de la terre battue par le tassement. C’est surtout le mâle qui amène les matériaux, mais les deux participent à toutes les tâches de la nidification, avec des proportions variables selon les individus.

La première ponte pour un nid à la héronnière a été notée le 18 mars cette année, quelques jours plus tôt qu’à l’accoutumée (généralement vers le 20 ou 21 mars). De nouveaux couples arrivent toujours, surtout des mâles pour l’instant (notamment un oiseau belge, deux jeunes oiseaux non bagués) et deux nids sont encore occupés par des oiseaux célibataires.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

L’Autour des palombes n’est guère commun au Parc. Depuis 1973, on note 22 observations, la première ayant eu lieu en 1983. La quasi totalité des données concerne des oiseaux en migration :

  • Migration prénuptiale : 5 en mars et 2 en avril.
  • Migration post-nuptiale : 4 en août et en septembre, 5 en octobre dont un mâle photographié en migration active, 1 en novembre. 
  • Hivernage : 2 observations anciennes en janvier.

Les données semblent se multiplier récemment, avec une femelle volant en compagnie de deux Éperviers le 13 avril 2022, et un mâle probable le 1er mars 2021 toujours autour de la pinède. 

Cette femelle observée et photographiée par Didier Plouchard le 11 avril a mis un peu la panique à la héronnière ! Est-ce le même oiseau qui tournait au-dessus du point de vue le 8 avril avec un mâle d’Épervier ? Il faudra être vigilant dans les semaines à venir, les 3000 hectares de massif dunaire boisé avec de nombreuses clairières étant un milieu idéal pour la nidification d’un couple. 

La densité moyenne en France dans les habitats favorables est d’un couple pour 2500 hectares ! On dénombre 10 000 couples sur le territoire national, un nombre plutôt en augmentation.

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Didier Plouchard

Enfin ! Ce lundi 10 avril, le premier Coucou gris a été entendu sur le Parc ! Toujours très régulier (comme une horloge), il s’est manifesté deux jours seulement avant l’année dernière (12 avril). L’oiseau nous est familier, notamment pour son chant particulier, mais le connaissez-vous vraiment ?

Un nom typique

Est-il vraiment nécessaire d’expliciter le sens du nom Coucou ? Car ceux qui l’ont déjà entendu sauront retrouver en ce terme l’imitation de son chant. L’adjectif « gris » se comprend aussi assez facilement au vu de son plumage.

En latin, on l’appelle Cuculus canorus. Le premier terme (prononcer « coucoulous ») se rapporte lui aussi à son chant. On peut noter que c’est de ce mot que dérive le mot « cocu », en référence au comportement « trompeur » de l’oiseau (mais nous y reviendrons). En latin, Cuculus peut aussi signifier « imbécile » et « fainéant ». Peut-être y a-t-il là aussi un lien avec ses mœurs particulières ?

Le terme canorus signifie sonore, mélodieux. Décidément, son chant marque vraiment les esprits !

Différentes formes

Le Coucou gris est… gris. Evidemment, me direz-vous. Mais, comme souvent avec les oiseaux, ce n’est pas si simple ! Il existe en fait deux formes différentes. La forme grise « classique » et une autre moins courante, dite « hépatique ». Ce mot se rapporte au foie (comme l’hépatite, maladie du foie), et fait référence à la couleur particulière que peuvent arborer certains individus. Cette comparaison reste légèrement exagérée. Le foie est rouge sombre alors qu’un Coucou dit hépatique est roux. Il s’agit d’une variation de plumage qui se retrouve surtout chez les femelles.

Un grand migrateur

Les premiers Coucous arrivent généralement début avril. Cela marque le début d’une (trop) courte période de quelques mois où leur chant résonnera dans nos campagnes. Mais dès août, les adultes s’en vont. Se nourrissant d’insectes, ils auraient bien du mal à se nourrir chez nous une fois l’hiver arrivé. Ils partent donc rejoindre des contrées plus hospitalières : les forêts tropicales d’Afrique.

Suite aux changements climatiques, on a pu noter un léger décalage dans les dates d’arrivée en Europe : on l’observe en moyenne 5 jours plus tôt que dans les années 60. Certains passereaux* au long cours (rousserolles, phragmites…) ont une date plus précoce d’environ 6 jours. Pour comparaison, les passereaux à migration plus courte (rouge-gorge, bergeronnettes…) ont vu leurs dates d’arrivée avancées d’environ 2 semaines !

Une reproduction particulière

Le Coucou gris et son cousin le Coucou geai sont les seuls oiseaux européens parasites. C’est-à-dire qu’ils pondent dans le nid d’une autre espèce. La femelle de Coucou gris cherche dans une grande zone les nids de différents passereaux en construction. Puis elle les surveille en attendant que l’hôte commence la phase de ponte. Sitôt que les parents s’absentent, la femelle Coucou va rapidement se poser sur le nid, enlever un œuf (pour éviter que les parents ne se rendent compte qu’il y en a un en trop) puis pondre le sien à la place. Si l’endroit est trop petit, elle peut déposer son œuf au sol puis le transporter dans son bec jusqu’au nid. De cette manière, elle peut pondre une douzaine d’œufs en quelques jours. Une femelle parasitera plutôt les nids de l’espèce qui l’a élevée.

Le poussin de Coucou naît après 12 jours de couvaison, souvent avant les poussins de l’hôte. Durant ses 4 premiers jours de vie, il éjecte du nid les autres œufs et poussins jusqu’à ce qu’il reste seul. Les parents adoptifs se concentreront alors sur lui pour le nourrir pendant environ 3 semaines, y compris quelques jours après avoir quitté le nid. Durant cette dernière phase, ses appels insistants et sa gorge colorée peuvent aussi attirer d’autres oiseaux. Un même poussin peut alors être nourri par plusieurs couples de différentes espèces.

Plus de 50 espèces peuvent être parasitées par le Coucou gris comme le rouge-gorge et même le troglodyte ! Cependant, suite aux décalages de dates de migration, certains oiseaux tendent à être de plus en plus parasités. C’est le cas de migrateurs au long cours tels que les rousserolles et phragmites. Comme les espèces migrant peu ou pas commencent leur reproduction plus tôt, le Coucou arrive trop tard pour en profiter. Il se rabat donc sur les oiseaux arrivant presque en même temps que lui. Ainsi, on constate un parasitisme 2,5 fois plus élevé sur la Rousserolle effarvatte que dans les années 1960.

*Le Coucou gris n’appartient pas à l’ordre des Passeriformes (communément appelé passereaux) mais à l’ordre des Cuculiformes. Ces ordres restent néanmoins assez proches sur différents plans. Les Coucous dépendent d’ailleurs de passereaux pour se reproduire.

Texte : Quentin Libert / Illustration : Estelle Porres

En ce début de saison des amours, nous avons eu la joie d’entendre une Mésange noire chanter ! Plus encore, un individu a été observé prospectant des nichoirs. Il s’agit de très bons indices d’une reproduction. Or, cela n’avait pas été observé depuis 1994 sur le Parc !

La Mésange noire est un oiseau appréciant les forêts de conifères. Son installation près de la héronnière et du point de vue, au cœur de la pinède, n’est donc pas surprenante. En France, on la retrouve surtout dans les massifs montagneux, où ces boisements sont courants. Son habitat est cependant en régression, ce qui entraîne une diminution des couples nicheurs.

Cette espèce n’est pas si commune durant la période de reproduction sur le territoire national. On estime en effet entre 500 000 et 800 000 le nombre de couples nicheurs, contre 4 à 8 millions chez la Mésange charbonnière, à titre de comparaison. La Mésange noire est nettement plus fréquente pendant la mauvaise saison. En effet, les populations nicheuses importantes dans le nord de l’Europe peuvent descendre chez nous lors des hivers rigoureux ou pauvres en graines de conifères, dont elles se nourrissent. Cela donne lieu, certaines années, à d’impressionnantes irruptions lors desquelles on peut observer un grand nombre d’individus.

Texte : Quentin Libert / Illustrations : Alexander Hiley