Parfois rares, souvent drôles, toujours de bon augure : découvrez ici les oiseaux qui nous ont rendu visite

De retour de Scandinavie et de Russie où il s’est reproduit dans la taïga, le Canard siffleur se prépare en vue des futures parades amoureuses qui auront lieu cet hiver. Bien que méconnu, cette espèce est si reconnaissable en hiver qu’il est difficile de passer à côté sans la remarquer.

L’espèce tient son nom du cri émis par le mâle, qui rappelle une sorte de sifflement.

Arborant son plumage nuptial, le mâle se reconnait par sa tête rousse avec une bande frontale jaune pâle, sa poitrine rosée et son corps gris. La femelle, plus discrète, a un plumage brun à roux,surtout sur les flancs, et le dos écaillé. Tous deux ont un bec gris-bleuté, noir à l’extrémité. En vol, de grands carrés blancs sont visibles sur le dessus des ailes du mâle.

Les Canards siffleurs vivent et se déplacent en groupe. La manière dont ils cherchent leur nourriture les rend très reconnaissables : ils se déplacent dans les prairies et zones humides herbeuses à la recherche d’insectes et « broutent » l’herbe, qui constitue la plus grosse part de leur régime alimentaire. Leur bec est adapté à cet effet, puisque leur extrémité puissance permet d’arracher facilement toutes les parties d’une plante, jusqu’à la racine ! Une tondeuse bien efficace !

Alors bon appétit les siffleurs, au plaisir de vous croiser cet hiver dans les prairies humides du Marquenterre !

Texte : Solène Bischoff / Illustration : Maëlle Hello

À la simple vue d’un Héron cendré, ou même à l’évocation de son nom, on entend parfois des remarques négatives à son encontre et notamment : « Il y en a de plus en plus ! »

Le Héron cendré a longtemps été persécuté en tant que nuisible, “voleur de poissons”, et a failli disparaître à la fin du XIXème siècle en France. C’est à partir de sa protection intégrale en 1976 que l’on voit une réelle expansion numérique et géographique : en seulement 20 ans, la population française est quasiment multipliée par 6 (on passe de 4 500 couples en 1974 à 26687 en 1994) et l’espèce va parallèlement coloniser de nouvelles régions. Puis la population se stabilise. Ainsi, l’affirmation selon laquelle il y aurait de plus en plus de hérons peut s’expliquer par l’histoire de l’évolution de ses populations en France.

Pourtant, les résultats du recensement national des colonies de Hérons et aigrettes réalisé au printemps 2014 a montré une diminution non négligeable des effectifs de Hérons cendrés en France par rapport à celui de 2007 (-8% en 7 ans) et beaucoup plus nette dans certaines régions comme la Picardie (-35% en 7 ans !). La synthèse nationale des résultats du recensement de 2020 n’a pas encore été publiée. Cependant en Picardie, on relève à nouveau une forte diminution des couples de Hérons cendrés entre 2014 et 2020 (-29%).

Il est préoccupant de constater qu’une espèce commune telle que le Héron cendré, avec un régime alimentaire très varié, qui lui permet de s’adapter aux ressources disponibles, voit sa population désormais en déclin en France. La disparition et/ou la dégradation de ses habitats (zones humides, prairies) font partie des causes les plus probables de la diminution de ses effectifs.

Alors, « de plus en plus de Hérons cendrés ! », pas vraiment…

Texte : Caroline Boulant / Illustrations : Alexander Hiley, Patrick Doloye

« Une hirondelle ne fait pas le printemps », « Quand les chouettes chantent le soir, signe de beau temps », « Un froid de canard »… La langue française regorge d’expressions et de dictons liés aux animaux prédisant ou décrivant la météo et le changement de saison. Bien qu’étant à prendre avec des pincettes, ils peuvent se révéler étonnamment fiables. Prenons le dernier exemple : « Un froid de canard » est un temps à voir arriver les canards, fuyant le nord où les plans d’eau gelés ne permettent plus l’accès à la nourriture. Ils gagnent alors des zones plus hospitalières. Mais qu’en est-il des canards particulièrement nordiques ? Leur arrivée annonce-t-elle une vague de froid plus intense ? Pourrait-on dire « Harle piette, doublez la couette » ou « Garrot dans nos eaux, hiver à nos portes » ?

Si c’est bien le cas, préparez le bois de chauffage et sortez vos manteaux. Car oui, ils sont arrivés ! Les premiers Garrots à œil d’or sont visibles sur le Parc depuis quelques jours déjà. Deux jeunes sont arrivés le 24 octobre au poste 2. Ils ont ensuite été observés aux postes 7 et 8. Leur arrivée coïncide jour pour jour avec l’année dernière (2 immatures le 24 octobre 2021) ! On attend maintenant la suite avec impatience.

Les Garrots à œil d’or sont des canards plongeurs nichant dans les lacs et étangs forestiers de Scandinavie, Russie et pays de la Baltique. Ils installent leur nid dans des trous d’arbres, souvent d’anciens trous de Pics noirs (un nid de Pic noir peut être situé entre 4 et 15 mètres de haut). Or, comme les autres canards, ils sont nidifuges. C’est-à-dire qu’ils quittent le nid dès la naissance et sont capables de se nourrir seuls. La mère intervient surtout pour les protéger des prédateurs et du froid quand ils sont encore jeunes et que le duvet n’est pas épais. Oui, vous avez bien compris. Quelques heures après la naissance, ils quittent le nid. Qui peut être situé à 8 mètres de haut, si ce n’est plus. Vous imaginez si on jetait un bébé dans son berceau par la fenêtre du troisième étage de l’hôpital ? Eh bien les Garrots le font…

Quoi qu’il en soit, nous sommes plus que ravis de pouvoir les observer à nouveau. L’hiver dernier, près de trente individus étaient présents. Combien viendront cette fois ? Les postes 5 et 6 deviendront bientôt des postes privilégiés pour voir les garrots. Vous aurez tout l’hiver pour venir les admirer, jusqu’en mars où ils rejoindront leurs sites de reproduction.

Belles observations !

Texte : Quentin Libert / Illustrations : Alexander Hiley

Murmuration : c’est par ce bel anglicisme que l’on désigne les impressionnantes nuées d’oiseaux volant en parfaite coordination. Et ceux qui excellent dans cet art sont indéniablement les Étourneaux sansonnets

Ces superbes passereaux – admirez donc ce plumage noir luisant, au reflets verts et violacés, émaillé de mouchetures crème du plus bel effet ! – sont particulièrement grégaires : ils adorent la compagnie de leurs congénères, avec qui ils papotent sans cesse, cherchant le contact dans un babil disparate intraduisible. Notes sifflées, grinçantes, roulées… La partition est prodigieuse. D’autant plus que ce grand imitateur est capable de brouiller les pistes en s’appropriant le répertoire d’autres espèces, singeant ici le Loriot, là la Buse, et parfois même des bruits totalement inattendus, comme les sonneries de téléphone ! Quel brio !

Mais à l’automne, c’est dans le ciel que notre maestro offre son spectacle le plus fascinant. En effet, quand vient le soir, les sansonnets doivent regagner leur dortoir : ils s’élancent dans les airs, de leur vol rapide et énergique, et se rassemblent. Des bandes guillerettes venues des quatre horizons s’agrègent peu à peu, jusqu’à atteindre plusieurs milliers d’oiseaux. Cette multitude se fond alors en une masse dense, unie et protéiforme, qui évolue comme un seul être. Le nuage louvoie, s’étire, se rétracte ; on entend son souffle. Qu’un individu modifie sa trajectoire, hop ! c’est le groupe entier qui change instantanément de direction, dans un effet domino imperceptible à nos yeux. Si une menace plane, les étourneaux resserrent les rangs, formant une boule compacte : impossible pour l’Épervier ou le Faucon pèlerin de se concentrer sur une seule proie, la chasse est vaine. Cette intelligence collective devenue corps céleste témoigne ainsi de capacités cognitives exceptionnelles, relevant d’une communication inter-individuelle qui n’a pas encore livré tous ses secrets. 

Déjà le crépuscule est là : le bruissement des ailes s’évanouit dans une ultime arabesque. Les oiseaux ont regagné leur lit, bien à l’abri dans le feuillage, et après quelques bavardages le silence accompagne la nuit. Dormez bien les sansonnets ! Quant à nous, encore étourdis par cette murmuration mirifique, nous rêverons de notre artiste tantôt imitateur, chanteur, et voltigeur…   

Texte : Cécile Carbonnier / Illustration : Clément Parissot

Le Martin-pêcheur est en ce moment la star des photographes et aussi, bien entendu, de tous les visiteurs. Au moins trois, peut-être quatre individus (deux adultes, et un ou deux juvéniles) fréquentent le Parc, se posant sur les supports mis spécialement à leur disposition : les clôtures et les saulaies en bordure de plan d’eau. 

En période de basses eaux, le Martin-pêcheur cherche à pêcher sur les secteurs les plus profonds (et donc pas au plus près des postes !) pour pouvoir capturer les petits poissons… sans toucher le fond lors de la plongée ! Ses proies cherchent aussi ces zones aux eaux moins chaudes et encore chargées en oxygène. C’est pour cela qu’on le voit souvent changer de poste de pêche pour apprécier la profondeur et la disponibilité des poissons. 

Et quand rien n’est vraiment favorable, il utilise une autre technique : celle du vol sur place. Notre flèche bleue se transforme alors en colibri (ou en Faucon crécerelle) pour faire un “vol en Saint Esprit” au milieu du plan d’eau, tête, yeux et bec en poignard tournés vers le bas. La descente est rapide, mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous par rapport à la pêche en poste fixe, plus précise et efficace. De plus cette technique est très énergivore, car elle nécessite de rapides battements de ses ailes courtes et peu adaptées à cela… Et au prix que coûte l’énergie, il vaut mieux trouver un bon piquet bien stable ! 

Mais il faut bien faire comme les “grands” : quand au poste n°1 au premier plan un Martin fait du sur-place au milieu du plan d’eau salé… et qu’en arrière-plan un Balbuzard lui fait de l’ombre en adoptant la même technique… pour pas tout à fait la même portion de repas !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

Mercredi 14 septembre : après-midi calme au Parc du Marquenterre, pas de grandes marées, de vent ni de tempête intempestive… À peine entrés dans le poste d’observation n°4, des cris étranges et inconnus nous accueillent. Sur le plan d’eau saumâtre, un mâle adulte de Canard colvert est en train d’agoniser du botulisme. Le bec dans l’eau, il bat des ailes par spasmes violents afin d’atteindre la berge pour ne pas se noyer, la tête étant impossible à relever (troubles psychomoteurs provoqués par la toxine en phase terminale). 

Autour de lui, une dizaine de Grèbes castagneux l’entoure au plus près. Ce sont eux qui poussent ensemble ces cris puissants et lancinants à l’intonation angoissée. Ils se distinguent des cris d’alerte, plus secs. La différence est nette aussi avec les appels nocturnes, moins répétés et plaintifs. Malgré une longue expérience sur cette espèce dans différents milieux (ballastières, cours d’eau, littoral…) c’est la première fois que nous entendons ce type d’appels. Ils ont l’effet immédiat de rameuter tous les Grèbes castagneux du plan d’eau, qui arrivent en nageant rapidement ou en courant sur les flots, mais pas en volant. Ils sont bientôt 32 autour du colvert qui se meurt. Nous ne percevons pas de comportement agressif de leur part envers le canard : aucun ne plonge, chacun s’approche tout près, pour l’observer, tête relevée afin d’observer les alentours, peut-être à la recherche d’un éventuel danger, ou simplement pour constater la bonne arrivée d’autres congénères ? Au bout d’une quinzaine de minutes, le colvert est parvenu à gagner la berge en roseaux ; la scène se cache à notre vue. 

Finalement le calme revient, avec la mort probable du canard, ou son immobilisme total. Progressivement, les Grèbes castagneux – ils sont plus de 40 – ressortent de la roselière en nageant lentement, seuls ou par deux, comme en procession, dans un silence et un calme total, pour se disperser sur la lagune : aucun ne court sur l’eau, seul un fait une brève plongée. Cela contraste fortement avec le stress antérieur. D’autres espèces sont présentes à proximité : Canards chipeaux et Sarcelles d’hiver, limicoles, Foulques. Mais eux ne prêtent aucune attention à la scène, et continuent de se nourrir ou se reposer. 

Ces cris que nous pourrions dénommer « appels de stress collectif déclenchant un ralliement » étaient selon nous à la fois déclenchés par l’incompréhension face à la situation du Canard colvert, sans que celle-ci ne représente de réelle menace, et la volonté d’appeler d’autres congénères, du fait de leur forte sonorité. Nous savons qu’en période de reproduction – mais aussi dans une moindre mesure en hivernage – le Grèbe castagneux a de fortes interactions entre individus. Des cris similaires avaient été entendus en 1984 en période de nidification au sein d’une colonie reproductrice sur un étang de Bergicourt (Somme). L’arrivée d’un chien en bordure de berge, puis dans l’eau près des nids, avait provoqué ces appels, suivis par l’arrivée des partenaires et de tous les couples autour du prédateur potentiel.

De tels comportements face à la difficulté d’un oiseau ayant un comportement anormal ont déjà été observés sur le Parc du Marquenterre. Pour se limiter à cette année, en juin, une Sterne caugek atteinte probablement de l’influenza H5N1 tombe brutalement dans l’eau, secouée de troubles et spasmes psychomoteurs. Plusieurs dizaines de couples d’Avocettes élégantes sont sur leur colonie de nidification. Ces mouvements désordonnés déclenchent aussitôt les cris d’alerte des limicoles : trois individus l’attaquent violemment à coups de becs et en vols rasants, jusqu’à l’éjecter à l’eau lorsqu’elle parvient à gagner la terre ferme. À la même période, face à une Mouette rieuse mourante, une Spatule blanche juvénile la tâtonne délicatement avec le bec durant de très longues minutes avant de la délaisser…

De nombreux visiteurs étaient présents dans le poste d’observation et ont pu assister à cet étrange comportement collectif des Grèbes castagneux. Les questions ont été nombreuses, notamment sur l’interprétation de la scène, et sur leur réaction face à cette situation critique et à la mort… Il fut difficile de trouver les mots, mais les oiseaux, par leurs comportements multiples et variés, y répondent eux-mêmes et montrent qu’ils n’y sont pas indifférents. On se rend compte que tout changement, tout comportement, toute action dans la nature ne sont pas anodins, mais ont un impact sur les espèces et individus, et déclenchent des réactions, non pas de l’indifférence ; mais cela demeure plus ou moins perceptible à nos yeux, qui ont encore tant à apprendre et, surtout, à comprendre.

Merci à Monsieur et Madame Régnier pour le partage des photos, et à tous les visiteurs du Parc du Marquenterre présents ce jour-là pour leurs nombreuses questions suscitées par l’observation de ce comportement.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Pascal Regnier, Cécile Carbonnier

Le 13 juillet 2022, un drôle d’oiseau traverse la héronnière au Parc du Marquenterre. Son physique ressemble étrangement à celui du Héron cendré, mais en plus petit, et certaines parties de son corps sont blanches. Cette observation n’est pas sans nous laisser un sentiment de déjà-vu. En effet, en 2018, une observation similaire avait déjà été constatée pour la toute première fois sur le Parc : un cas rare d’hybridation entre le Héron cendré (Ardea cinerea) et l’Aigrette garzette (Egretta garzetta) sauvages.

Issu d’un couple mixte, il comporte des caractéristiques des deux espèces. Sa taille est intermédiaire entre les deux. Son dos est gris, mais il présente davantage de zones blanches que les individus observés en 2018. Sa poitrine, sa calotte, ses joues et son front sont blancs. Son cou est blanc tacheté de gris et une partie de ses rémiges est blanche également. Ses pattes sont gris jaunâtre et son bec, entièrement gris foncé, se rapproche plutôt de la forme de celui du Héron cendré, car moins effilé que celui de l’Aigrette garzette. En vol, de loin, sa morphologie ramassée, son vol lent et sa taille font penser à un Bihoreau gris ou à une Aigrette garzette “baraquée”.

Cette année, deux jeunes individus différents ont été observés, mais le nid n’était pas visible. Curieusement, par rapport à des juvéniles de Hérons cendrés ou d’Aigrettes garzettes purs, ces juvéniles semblent très discrets, se posant peu à découvert et cherchant le couvert à la héronnière.  Le premier jeune volant est observé le 13 juillet 2022. Le second, morphologiquement plus petit, sera observé volant le 19 juillet. Une Aigrette garzette viendra le nourrir sur une branche ce même jour, comportement plutôt attribué à cette espèce qu’au Héron cendré. Il sera ensuite revu le 22 juillet dans la héronnière. Ces observations sont donc les secondes au sein du Parc. 

En 2018, le nid est partiellement visible depuis l’observatoire et comprend trois jeunes. Le couple est formé d’un mâle d’Aigrette garzette et d’une femelle immature de Héron cendré. Le premier jeune est volant le 14 août alors que les deux autres sont encore non volants le 23 août. Ceci démontre une nidification très tardive avec une formation de couples fin-juin début juillet. L’hypothèse de l’union de ce couple mixte est alors le manque de partenaire femelle pour l’Aigrette garzette. En effet, des parades nuptiales de mâles d’Aigrette garzette (gloussements) avaient encore lieu très tardivement jusque fin juin, comportement inédit depuis la nidification de cette espèce dans la héronnière du Marquenterre en 1987. Il est donc probable que, faute de partenaire, un accouplement entre un mâle d’Aigrette garzette et une femelle de Héron cendré ait eu lieu.

En 2022, en revanche, une période de parades normale se terminant vers la fin mai a été observée et aucun manque de partenaires notable n’est à déplorer. Serait-ce donc le couple de 2018 qui aurait tenté à nouveau l’expérience ? Pour appuyer cette hypothèse, nous avons constaté que cette année, la nidification a eu lieu à des dates, certes tardives, mais dans la normalité des couples de ces Ardéidés. Pourtant, entre 2019 et 2021, aucun juvénile de ce type, bien reconnaissable, n’avait été observé. Ceci malgré une pression quotidienne d’observations sur ce lieu, quelque peu ralentie en 2020 par la crise sanitaire.

Ces cas d’hybridation entre Ardéidés sont peu fréquents. Un autre cas sauvage est relaté en Italie dans le delta du Pô, mais cela reste extrêmement rare. Ces hybridations ont plutôt lieu en captivité et entre espèces du même genre. Un premier cas d’hybridation entre Aigrette garzette et Héron cendré avait déjà été documenté en 1983 et 1985 au parc du Zwin en Belgique. L’hybridation avait eu lieu entre des individus en captivité contrairement aux individus observés au Parc, entièrement sauvages.

Texte : Lucie Ligault, Philippe Carruette / Illustrations : Thierry Nolland

Lundi 12 septembre, deux groupes de 22 Cigognes blanches quittent les prairies du Parc pour prendre les courants d’air chaud. La veille, au moins 32 oiseaux s’étaient posés sur le site pour y passer la nuit. Avec le temps maussade et les légers vents de mer, leur recherche de courants thermiques est des plus laborieuses. Elles ont du mal à trouver des ascendances, à prendre de l’altitude, testant différents endroits sur le Parc. Au point de vue, tous les observateurs se régalent de ce « départ à tâtons » : l’inné peut-être, mais l’apprentissage et l’interprétation des éléments à un moment donné certainement ! 

Il faut dire que depuis le départ le 31 juillet des juvéniles nés ici, puis des adultes nicheurs début août, nous étions particulièrement « privés » de cigognes ! Finalement, un premier groupe choisit de partir plein sud-est, entre vol battu et légers glissés en plané. Un autre groupe part plein est à basse altitude, en contournant la baie de Somme par la forêt du Marquenterre et les bas-champs. Nous sommes en effet en pleine grande marée, et la vue de la vaste étendue marine n’est guère rassurante pour un planeur toujours à la recherche de courants d’air chauds. 

Dimanche, des oiseaux bagués de Normandie (estuaire de la Seine), du Pas-de-Calais et du Parc (dont un oiseau bagué en 2004) avaient été identifiés. Finalement, seuls trois individus, peut-être plus fatigués que les autres pour tenter le vol battu, ont préféré ne pas se lancer dans l’aventure et sont encore observés le 14 septembre. À Organbidexka, dans les Pyrénées basques, déjà 454 Cigognes blanches ont franchi le col cette première quinzaine de septembre (dont un vol de 320 le 8 septembre) pour gagner l’Espagne.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail