Parfois rares, souvent drôles, toujours de bon augure : découvrez ici les oiseaux qui nous ont rendu visite

Déroulons notre fil rouge “Cigogne blanche », avec en préambule des nouvelles de l’individu le plus connu de Picardie : 6E661, bagué poussin aux Pays-Bas à De Lutte dans la région d’Overijssel le 27 avril 2020. En octobre 2021, cette cigogne est observée sur le parking d’Auchan à Dury, près d’Amiens. Des personnes la nourrissent de poissons, mais aussi de chips et de pain… Pour des raisons de sécurité, elle est finalement capturée et envoyée au centre de soins de Calais. Aucun traumatisme ni blessure ne sont décelés. Faisant le trajet cette fois en voiture, elle est relâchée par la LPO de Saint-Omer sur le Parc du Marquenterre le 21 octobre. Elle se nourrit parfaitement sur les prairies toute l’après-midi. Le 22 octobre en fin de journée, elle est aperçue par un beau soleil sur la jetée du Crotoy, au milieu des vacanciers, espérant être nourrie. Sur cette photographie, nous la voyons au repos au milieu de la route à Arleux-en-Gohelle. Fidèle à elle-même, elle n’est guère farouche tant que les humains restent bienveillants. Le 24 octobre, elle est de nouveau sur le parking d’Auchan, puis elle passera une partie de l’hiver sur un autre parking, celui de la clinique Pauchet à Amiens, avant de rejoindre une station service. 

La consigne est passée : il ne faut surtout pas la nourrir, car l’oiseau est souvent observé dans les champs des environs, en train de capturer de petites proies en parfaite autonomie. Le 22 mars 2022, elle est observée à Douvrin près de Lens. Serait-elle sur le chemin du retour vers les Pays-Bas ? Cet oiseau n’est pas totalement imprégné – l’imprégnation consistant pour un animal à considérer l’Homme comme un congénère, ce qui conduit généralement à son incapacité irrémédiable à survivre dans la nature. En effet, il sait parfaitement se nourrir seul mais adopte un comportement opportuniste vis-à-vis de personnes « bienveillantes » qui lui apportent de la nourriture. Dans le cas contraire, il quitte le lieu et cherche d’autres secteurs où la quête de la nourriture est simplifiée.

Breaking news !

P6281, baguée poussin au Parc le 16 juin 2003, a été observée le 15 mai 2007 en période de nidification à Rossum, aux Pays-Bas. En septembre 2014 et 2016, elle est à Tudela en Espagne, et le 21 janvier 2019 à Madrid. Le 18 août 2021, elle est dans le Brabant néerlandais à Elzenburg. Elle est observée de nouveau le 23 mars 2022 à Rossum à l’est des Pays-Bas, dans la région du Gueldre. Cela va lui faire bientôt 19 ans !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley, Jean-Luc Lemoine

Les Grèbes à cou noir ont une obsession : se retrouver ensemble pour nicher. C’est un gage de réussite de la reproduction, depuis la persuasion à couver jusqu’au succès de l’envol des jeunes. Certes, il y a quelques légers accrochages entre les individus, mais la territorialité reste beaucoup plus pacifique que chez le Grèbe huppé. Le Grèbe castagneux, quant à lui, adopte un comportement intermédiaire, puisqu’il peut nicher en colonies, mais beaucoup plus lâches, avec des distances importantes de tolérance entre les couples et de plus fréquentes « castagnes ». 

Depuis le poste n°2, nous apercevons souvent une dizaine de Grèbes à cou noir vaquer ensemble à leurs occupations ; quatre nids ont d’ailleurs été construits à quelques mètres les uns des autres. C’est un oiseau qui cherche aussi la sécurité des colonies de mouettes, car les laridés peuvent éloigner les prédateurs ailés comme les rapaces ou la Corneille noire. Les Fuligules milouins et morillons apprécient également cette bruyante présence. 

Longtemps le Grèbe à cou noir a niché de manière isolée sur les plans d’eau du Parc, mais le taux de réussite des couvées et nichées s’avérait très faible. Etre ensemble est gage d’avenir pour lui : une belle leçon de solidarité !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

Après la Panure à moustaches et le Vespertilion à moustaches (si, si ça existe !), le Parc du Marquenterre est heureux de vous présenter en ce mois d’avril les Cigognes blanches à moustaches ! Ces grands échassiers sont fidèles au nid qu’ils ont construit ; mais avant de penser à fonder une famille, il faut restaurer le logement ! Pensez donc, tout l’hiver inoccupé, coups de vent et tempêtes l’ont mis à mal – au moins trois nids sont tombés à la héronnière avec la tempête Eunice. 

La base du nid est constituée de branches mortes ramassées au sol, souvent sous la héronnière ou à proximité, mais certains oiseaux vont les chercher parfois bien plus loin. Le fond du nid est garni de grosses touffes d’herbes sèches et de mousses. C’est là que l’on voit l’oiseau avec le bec chargé au maximum de ce matériau léger… jusqu’à en perdre les trois quart en plein vol, surtout lorsqu’il y a du vent ! Mais le nid reste rudimentaire et ne sera guère douillet pour les poussins à venir. C’est surtout le mâle qui amène les matériaux, souvent repris par la femelle qui les dispose, elle, toujours avec minutie et à leur juste place, bien entendu… ! (Toute ressemblance avec une espèce existante…)

La première ponte pour un nid à la héronnière a été notée le 24 mars cette année, quelques jours plus tard qu’à l’accoutumée (généralement vers le 20-21 mars).

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

Vendredi 18 mars au matin, nous avons eu l’agréable surprise d’observer 9 Échasses blanches dans les prairies inondées du Parc, où cet oiseau niche régulièrement depuis 1989 ! Elles arrivent d’Afrique de l’Ouest. En effet, même dans le sud de la France, les données hivernales restent bien peu nombreuses. 

On peut vraiment dire qu’elles sont loin d’être en retard, puisque l’observation la plus précoce de retour de migration prénuptiale enregistrée jusqu’alors sur le Parc depuis sa création en 1973 était le 27 mars 2017. On se croirait sur la côte atlantique ou méditerranéenne ! Les vents de sud-est de ces derniers jours ont sûrement été favorables pour « pousser » ces oiseaux. Autre originalité de ce retour hâtif : habituellement, les premiers individus arrivés sont des mâles isolés, et non des groupes.

Au fil de ces dernières années, les retours se font de plus en plus tôt : 30 mars 2016, 28 mars 2019, 29 mars 2021… alors qu’avant la plupart des oiseaux arrivaient au cours de la première quinzaine d’avril. Notons également l’observation remarquable, ce 15 mars, d’un individu sur la réserve ornithologique de Grand-Laviers, donnée la plus précoce de Picardie

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley

Pour changer un peu, voici une petite devinette : mais qu’est-il arrivé à cette jolie Mésange bleue, capturée lors d’une séance de baguage dimanche 13 mars, avec son “museau” tout jaune ?

Est-ce une jeune mésange fraîchement sortie du nid, et dont la tête serait encore teintée de soufre ? 

Non, il s’agit bien d’une adulte. Les juvéniles perdent d’ailleurs cette coloration dès la fin de l’été, lors de leur première mue.

Est-ce dû à un changement hormonal lié à la reproduction ? 

Non plus !

Alors aux pigments présents dans l’alimentation ? Un peu comme les caroténoïdes ingérés par le Flamant rose sont responsables de sa couleur ?

Non ! 

À du maquillage ?!

D’une certaine façon…

En réalité, cette mésange raffole d’insectes cachés dans la végétation, notamment les saules, dont la floraison précède la feuillaison. À force de farfouiller avec gourmandise dans les fleurs en quête de petites proies, elle badigeonne sa face de pollen. Résultat : sa bouille devient toute jaune ! 

Texte : Philippe Carruette, Cécile Carbonnier / Illustration : Philippe Carruette

Cette année, malgré l’hiver doux, les mangeoires à passereaux dans les jardins ont été très fréquentées. Du fait de l’importante migration irruptive de cet automne, les Mésanges bleues et les Mésanges noires ont pu être très nombreuses. Tous ces petits convives sont originaires surtout du nord-est de l’Europe (pays des bords de la Baltique, République tchèque…). 

Ces allées et venues frénétiques pour récupérer inlassablement une graine de tournesol suscitent beaucoup d’intérêt, et pas seulement chez les observateurs humains… L’Épervier trouve là une manne régulière de petites proies. Dès qu’il est repéré par un passereau, des cris courts et suraigus retentissent et plus un mouvement n’a lieu, après un envol général. Certains restent totalement immobiles, aplatis sur une branche, tremblotant de stress. Ils savent que l’oiseau tue bien plus facilement en vol. Finalement, vous trouverez peut-être au sol un tas de plumes, la plumée, le rapace « déshabillant » le dessous du corps de sa proie dans un endroit tranquille avant de déguster les parties musculaires. Le mâle d’Épervier se reconnaît aux parties roussâtres de l’avant du corps ; la femelle, bien plus grande, peut capturer une Tourterelle turque voire un Pigeon ramier.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail, Philippe Carruette

En mars, le Canard souchet est un des anatidés les plus présents sur le Parc. Plus de 500 individus peuvent être régulièrement comptés. C’est une période de grande activité pour cet oiseau à l’air toujours renfrogné, sa tête basse paraissant disproportionnée. Pour les mâles les plus âgés et les nicheurs méridionaux – dont deux ou trois couples sur le Parc – les couples sont déjà bien formés. Pour d’autres, c’est encore la période des parades : envols des mâles pour montrer aux femelles leurs belles “épaulettes” bleues, pompages et mouvements de tête caractéristiques afin de séduire leurs belles… Beaucoup de couples vont vite filer vers les sites de nidification du nord-est de l’Europe, et les mâles encore célibataires deviendront rapidement majoritaires. 

Seuls 2000 couples de Canard souchet nichent en France, principalement dans les marais de l’Ouest (Brouage, marais breton, Brière et Grand-Lieu…) et entre 30 à 50 000 couples en Europe, surtout aux Pays-Bas et en Finlande. De jeunes mâles de l’année dernière sont encore en mue avec un plumage peu rutilant… qui ne fera guère envie aux canes ! Pour eux, il faudra encore attendre l’hiver prochain pour espérer être en couple. Des regroupements alimentaires ont lieu par période de beau temps et de léger vent, les oiseaux tournant sur eux-mêmes pour créer un “tourbillon ascensionnel” permettant de faire remonter invertébrés et plancton végétal ou animal en surface. Le large bec plat muni de lamelles montrera ensuite toute son efficacité pour filtrer le repas.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail, Alexander Hiley

Aujourd’hui nous portons notre œil sur le fantôme des roselières. En effet, son plumage strié lui procure un excellent camouflage. Très précautionneux et assez sensible aux dérangements humains. C’est un oiseau qui est assez dur à saisir en observation. 
 
Il appartient à la famille des Ardéidés, couramment appelés échassiers. Le bec en forme de poignard en est d’ailleurs un très bon exemple. Son régime alimentaire est majoritairement composé de poissons mais il n’hésite pas également à attraper insectes, amphibiens…
 
Le Butor étoilé affectionne les étendues de roseaux bordant les eaux peu profondes. Lui permettant de pêcher à l’affût. Quand il est dérangé, il adopte une posture montée parmi la végétation. Son cou et sa tête sont tendus, le bec lui vers le ciel. Cette pose lui permet de surveiller les environs jusqu’à ceux que le danger ou l’intrus s’éloigne. 
 
La scène que vous pouvez observer dans la vidéo présente le comportement de parade d’un individu, qui a été enregistré le 14 Février au sein du poste 4 dans le Parc. C’est en effet une zone de roselière particulièrement favorable où il est régulièrement observé actuellement. 
 
Dès la fin de l’hiver et avec les jours qui rallongent de plus en plus, bon nombre d’oiseaux sont stimulés par des poussées hormonales. En vue notamment de pouvoir séduire une femelle pour pouvoir créer un couple.
 
On notera par ailleurs qu’en 2021 un individu a été observé le 30 mai dans la même zone étudiée. Cette donnée plus que sérieuse confirme encore l’intérêt d’une reproduction potentielle vers le secteur des postes 4 à 6 où les roselières bien en eau sont les plus larges.
 
Toutefois, l’observation de parades nuptiales reste exceptionnelle. Et les témoignages relatant ces faits le sont tout aussi. Les gonflements de plumes de la gorge, la présence de deux adultes proches bec en l’air sans agressivité. On traduit cela en des comportements prometteurs.
 
Un 2ème butor a aussi été aperçu dans le même coin de roselière que celui de la vidéo. Il se pourrait bien peut-être que ce soit une femelle désintéressée pour l’instant. Où tout simplement un autre mâle de passage. 
 
Quoi qu’il en soit, nous comptons bien continuer à les observer attentivement. En espérant la création d’un couple si possible ! Ce qui aboutirait peut-être à leur installation en tant que nicheur sur le site. Si cela arrivait, ça serait ainsi une 1ere pour le Parc depuis sa création.  
 
Texte: Florian Garcia (Guide Naturaliste)
Photo: Eugénie Liberelle (Guide Naturaliste)