Parfois rares, souvent drôles, toujours de bon augure : découvrez ici les oiseaux qui nous ont rendu visite

La fin du mois de septembre marque le début de la migration des roitelets.

Le roitelet huppé est une boule de plumes de 8,5 à 9 cm, c’est le plus petit oiseau d’Europe. Ces passereaux insectivores ne pèsent rarement plus de 6 grammes.

Cet oiseau déborde d’énergie, il est hyperactif ! Continuellement en train de voleter, il passe de branches en branches, agitant sans cesse les ailes et la queue. Plutôt difficile à garder dans les jumelles ! Il sait tout de même signaler son arrivée avec son cri fin et très aigu tel un gazouillis, difficile à entendre pour certains.

Octobre est un mois important pour la migration rampante, bien visible depuis le point de vue du parc. Elle concerne principalement les mésanges, roitelets, grimpereaux… Ils se déplacent de jour, en petits groupes, et d’arbre en arbre, de buissons en buissons, tout en cherchant leur nourriture.

Ce type de migration va leur éviter de parcourir de longues distances à découvert, mais aussi à la vue des prédateurs ou d’autres dangers.

Les principales zones de nidification des deux espèces de roitelets sont « différentes » : le huppé niche principalement dans le Nord de l’Europe, en Scandinavie et en Russie, tandis que le roitelet triple-bandeau se reproduit lui dans de Nord et l’Ouest de l’Europe (pas plus haut).

Généralement ce sont leurs cousins, les roitelets triple-bandeau, qui ouvrent le bal et sont les premiers à atteindre les pins du Marquenterre. Plus tard, la première quinzaine d’octobre, c’est au tour des roitelets huppés de débarquer en nombre.

Lors de la séance matinale de baguage du 16 octobre, dans le cadre du PHENO, une quarantaine de roitelets huppés ont été bagués. Le 19 octobre, un jeune mâle d’un an bagué au pays bas a été contrôlé.

 

Texte : Léa Coftier / Illustration : Alexander Hiley

Soyons attentifs !! Malgré la météo capricieuse, les premières grives sont observées sur le parc en migration pour atteindre leurs quartiers d’hiver.

Les grives, cousines des merles, font partie de la grande famille des turdidés (du latin « turdus » voulant dire « grive »). Ces passereaux de taille moyenne à grande, se nourrissent de petits invertébrés comme des insectes, des vers ou des escargots, mais sont également frugivores.

Certaines espèces sont présentes toute l’année, comme le merle noir, la grive musicienne et la grive draine, tandis que d’autre, uniquement l’hiver : la grive mauvis et la grive litorne.

Cela n’empêche pas les individus des pays nordiques de rejoindre leurs congénères (pour les espèces visibles tout au long de l’année) pour passer l’hiver en Europe de l’Ouest et du Sud. Les oiseaux scandinaves quittent généralement leurs zones de nidification en septembre et en octobre. Pour la plupart de ces grives, sauf la litorne, qui elle s’arrête au Sud de l’Europe, leur limite Sud de répartition hivernale est l’Afrique du Nord.

Plus rare l’hiver et peu commun en France en période de reproduction, nous pouvons aussi observer le merle à plastron, de mi-mars à mi-mai puis de fin septembre à fin novembre.

Depuis ce week-end au parc, nous pouvons observer des groupes de grives en migration avec des groupes allant jusqu’à 200 individus et plus (surtout lundi). En effet, ce lundi nous avons compté du haut du point de vue quelque 2250 grives litorne et 1250 grives mauvis en route vers le sud entre 13h et 15h.

Le 26 septembre sur la côte Ouest de la Finlande, à Kalajoki  un comptage incroyable de grives a eu lieu. On apprend avec la plus grande surprise que 430 000 grives litorne et 15 000 grives mauvis ont été comptées durant cette journée.

Serait-ce signe d’un gros arrivage de grive chez nous d’ici quelques jours ? Nous trépignons d’impatience de rencontrer (peut-être) ces oiseaux nordiques.

 

Texte : Léa Coftier / Illustration Pierre Aghetti

L’après midi du 21 septembre, nous avons eu droit à un spectacle incroyable d’une trentaine de minutes sur le parc : la visite du balbuzard pécheur !

Ce rapace diurne est, comme son nom l’indique, piscivore et se nourrit uniquement de poisson d’eau douce ou de mer. Il est assez caractéristique avec ses longues ailes étroites et coudées, son dessous blanc pur et son bandeau noir sur l’œil.

L’individu surgit au dessus de la digue de front de mer pour venir pécher sur le plan d’eau du poste 1, réalimenté en eau (et en casse croûte) durant les dernières grandes marées.

Sa précision de pèche est impressionnante, une technique inégalée.

Il a d’abord repéré sa cible en survolant le plan d’eau à une bonne quinzaine de mètres de haut. Une fois le poisson accessible à la surface, il a plongé les serres en première ligne, les ailes repliées, la tête en avant et PLOUF : c’était l’affaire de quelques secondes.

Il immerge uniquement les pattes au moment de la capture, puis transporte son repas sur un perchoir. Ici, il avait choisi un poteau de clôture, toujours visible à la longue vue, nous n’en avons pas perdu une écaille ! Il a répété la scène une seconde fois, avant de repartir vers la baie.

C’est à partir du mois d’août que nous pouvons le voir régulièrement pécher en baie derrière la digue ou plus rarement sur les plans d’eau du parc ! Nous ouvrons l’œil ! Ce migrateur arrive tout droit des pays nordiques comme la Norvège ou l’Ecosse, mais selon les individus bagués déjà observés, ils viendraient plus souvent du nord-est de l’Allemagne !

Cette année nous en avons observé 3 en même temps sur le parc et jusqu’à 6 en baie de Somme !

 

Texte : Léa Coftier / Illustrations : Eugénie Liberelle et Léa Coftier

Et oui il y a des nains partout … même chez les pics !

Le pic épeichette ne fait que 20 gr et 15 cm de long, c’est à dire même pas le poids d’un moineau mais plutôt celui d’un pinson des arbres pas très rondouillard ! Cela n’empêche pas au couple d’avoir un grand territoire avec plus de 30 à 40 hectares minimum constitués de vieux boisements souvent en milieu humide. Ils peuvent également fréquenter les jardins bien boisés.

Le dessus de la tête est rouge chez le mâle, celui de la femelle est blanc et les juvéniles (comme celui de la photo) est rouge moucheté de noir. Sa petite taille est un vrai avantage, elle lui permet de se déplacer et se nourrir d’insectes sur les petites branches où ne va pas son « gros » cousin le pic épeiche.

Il est peu fréquent sur le parc et on le bague lors des séances estivales au fond des parkings.

L’espèce est en nette diminution depuis vingt ans, probablement dû au changement climatique pour cette espèce septentrionale.

 

Texte et illustration : Philippe Carruette 

Le 22 août 2020, une jeune spatule blanche est notée au poste 6 avec des bagues couleur qui ne semblent pas appartenir au code habituel des oiseaux du Nord de l’Europe.

En effet, cet oiseau a été bagué poussin par Loïc Marion, le 24 mai 2020 sur le lac de Grand Lieu qui abrite une des plus grandes colonies française avec celles de Brière et de la basse vallée de l’Erdre. Mais pourquoi une juvénile née en Loire Atlantique remonte t’elle en baie de Somme alors que toutes ses « copines » filent plein sud vers l’Espagne, le Niger ou la Mauritanie…

A t’elle perdue son GPS ?

Grâce au baguage, ces mouvements « à contre sens » sont bien connus chez de nombreux jeunes passereaux, rapaces, cormorans, hérons migrateurs…

Ils découvrent ainsi de nouveaux territoires, zones d’alimentation, habitats, qu’ils vont mémoriser surtout s’ils sont favorables. Ce sera peut être de futurs sites de reproduction ou d’hivernage (la spatule niche à 3 ou 4 ans). Cette jeune spatule repartira pourtant vers le sud dans quelques jours ou instants mais quoique que notre esprit rationnel en pense, ces 400 km nordiques ne seront pas perdus pour former sa jeunesse !

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Léa Coftier

Le Phalarope à bec étroit est un petit échassier nichant en Scandinavie et en Russie, avec quelques rares couples en Ecosse. Cet oiseau part en migration en haute mer pour ensuite traverser l’Europe par les terres en direction de la mer Noire et de la mer Caspienne et aller hiverner en groupe le long des côtes du Golfe persique (Mer d’Oman, golfe arabique…) et dans l’Océan Indien. C’est un sacré et étrange périple migratoire en boucle !! Ce Phalarope a la particularité rare que le mâle soit moins coloré que la femelle puisque celle-ci parade et, est polyandre, laissant au mâle le soin de s’occuper seul de la couvée et de l’élevage rapide des poussins.

Un juvénile en plumage d’hiver (déjà) est observé du 27 au 30 août 2020 après les journées consécutives de fort vent, profitant, avec les niveaux d’eau bas et la chaleur, de la manne d’insectes en surface au poste 9 avec les barges et les chevaliers.

Il a aussi une autre particularité, celle de nager activement en rond comme une toupie en provoquant des tourbillons pour faire remonter les petits invertébrés en surface. Un comportement étonnant à observer et qui nous a régalés durant ces 3 jours.

Observé tous les ans et demi de 1973 à 1993, ce phalarope est observé maintenant quasiment chaque année depuis 1994 au parc. Comme au niveau national, la majorité des données concerne la migration postnuptiale. Mais les observations de printemps augmentent aussi (8) s’étalant du 28 avril (1986) à la mi-juin.

Avec le réchauffement climatique les périodes de forts vents augmentent obligeant les oiseaux à fréquenter de plus en plus le parc comme zone refuge. Le Parc du Marquenterre est devenu un des lieux les plus réguliers en France (environ une cinquantaine d’oiseaux observés par an) pour l’observation de ce petit limicole.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Eugénie Liberelle

Chez les canards, les oies et les cygnes, la mue postnuptiale complète a lieu en été.

Une des particularités chez les anatidés est de former leurs couples en automne et en hiver. Chez la majorité des espèces, la saison des amours débute au printemps.

L’hiver sur le parc nous pouvons observer les jolies couleurs que les canards nous dévoilent afin de séduire leurs femelles pour la reproduction prochaine. Le vert brillant des colverts, le rouge et le rose des siffleurs, le bleu des ailes du souchet et bien d’autres, la palette est complète !

A la fin de leur reproduction, les canards entrent dans la période la plus discrète et sensible de l’année, la mue !

Ce phénomène complexe leur permet ainsi de renouveler l’ensemble du plumage usé.

Durant la formation de ces nouvelles plumes, et surtout au moment de la repousse des rémiges (les plumes des ailes) les oiseaux sont incapables de voler et donc très vulnérables. Cette étape dur quelques semaines, et peut varier selon les individus et les espèces.

Nous pouvons ainsi les observer en été dans la végétation des îlots, sur les berges des plans d’eau, mais beaucoup se cachent dans les roselières. A cette période, le moment le plus crucial pour eux c’est la nuit. Mais pourquoi ? Les canards sont très actifs de nuit, afin de satisfaire leurs besoins alimentaires intensifiés par la dépense énergétique due à la croissance des plumes.

Chez les mâles, la chute des régimes accompagne la perte de leur livrée nuptiale pour ressembler au maximum aux femelles et leurs teintes marron. Hé oui, camouflage = survie !

Les différentes espèces ont alors toutes le même plumage terne et deviennent difficiles à identifier. Vous l’aurez compris, le fait d’avoir un plumage terne à ce moment précis de l’année les rend moins repérables par les éventuels prédateurs !

Les canards sont alors en « éclipse » jusqu’à fin août et courant septembre en général, avant de retrouver leurs belles couleurs grâce à une mue partielle chez les mâles au vue des parades qui arrivent à grands pas !

 

Texte : Léa Coftier / Illustration : Alexander Hiley

Après la Pie grièche écorcheur il y a quelques jours, une nouvelle espèce est nicheuse certaine sur le Parc du Marquenterre : la Sarcelle d’hiver. Depuis 1991 l’espèce est présumée nicheuse quasiment chaque année avec des cantonnements de couples, des femelles supposées sur le nid mais jamais l’observation de poussins. La donnée la plus probable est l’observation d’une canne avec 7 juvéniles volants le 27 juin 2003, mais on ne pouvait être certain qu’ils soient nés sur le site.

Le 16 juin, un couple est noté avec 4 gros jeunes d’environ quatre semaines entre le poste 6 et le poste 7, emplacement idéal puisque l’espèce apprécie les milieux très fermés.

Ce petit canard est extrêmement discret en période de nidification et on ne dispose en Picardie que peu de données de reproduction « certaine » (Hâble d’Ault, basse vallée de l’Authie, Thiérache, marais d’Isle à Saint Quentin…). Faute aussi de prospections spécifiques notamment en soirée dans des milieux souvent privés et inabordables.

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley