Parfois rares, souvent drôles, toujours de bon augure : découvrez ici les oiseaux qui nous ont rendu visite

L’après midi du 21 septembre, nous avons eu droit à un spectacle incroyable d’une trentaine de minutes sur le parc : la visite du balbuzard pécheur !

Ce rapace diurne est, comme son nom l’indique, piscivore et se nourrit uniquement de poisson d’eau douce ou de mer. Il est assez caractéristique avec ses longues ailes étroites et coudées, son dessous blanc pur et son bandeau noir sur l’œil.

L’individu surgit au dessus de la digue de front de mer pour venir pécher sur le plan d’eau du poste 1, réalimenté en eau (et en casse croûte) durant les dernières grandes marées.

Sa précision de pèche est impressionnante, une technique inégalée.

Il a d’abord repéré sa cible en survolant le plan d’eau à une bonne quinzaine de mètres de haut. Une fois le poisson accessible à la surface, il a plongé les serres en première ligne, les ailes repliées, la tête en avant et PLOUF : c’était l’affaire de quelques secondes.

Il immerge uniquement les pattes au moment de la capture, puis transporte son repas sur un perchoir. Ici, il avait choisi un poteau de clôture, toujours visible à la longue vue, nous n’en avons pas perdu une écaille ! Il a répété la scène une seconde fois, avant de repartir vers la baie.

C’est à partir du mois d’août que nous pouvons le voir régulièrement pécher en baie derrière la digue ou plus rarement sur les plans d’eau du parc ! Nous ouvrons l’œil ! Ce migrateur arrive tout droit des pays nordiques comme la Norvège ou l’Ecosse, mais selon les individus bagués déjà observés, ils viendraient plus souvent du nord-est de l’Allemagne !

Cette année nous en avons observé 3 en même temps sur le parc et jusqu’à 6 en baie de Somme !

 

Texte : Léa Coftier / Illustrations : Eugénie Liberelle et Léa Coftier

Et oui il y a des nains partout … même chez les pics !

Le pic épeichette ne fait que 20 gr et 15 cm de long, c’est à dire même pas le poids d’un moineau mais plutôt celui d’un pinson des arbres pas très rondouillard ! Cela n’empêche pas au couple d’avoir un grand territoire avec plus de 30 à 40 hectares minimum constitués de vieux boisements souvent en milieu humide. Ils peuvent également fréquenter les jardins bien boisés.

Le dessus de la tête est rouge chez le mâle, celui de la femelle est blanc et les juvéniles (comme celui de la photo) est rouge moucheté de noir. Sa petite taille est un vrai avantage, elle lui permet de se déplacer et se nourrir d’insectes sur les petites branches où ne va pas son « gros » cousin le pic épeiche.

Il est peu fréquent sur le parc et on le bague lors des séances estivales au fond des parkings.

L’espèce est en nette diminution depuis vingt ans, probablement dû au changement climatique pour cette espèce septentrionale.

 

Texte et illustration : Philippe Carruette 

Le 22 août 2020, une jeune spatule blanche est notée au poste 6 avec des bagues couleur qui ne semblent pas appartenir au code habituel des oiseaux du Nord de l’Europe.

En effet, cet oiseau a été bagué poussin par Loïc Marion, le 24 mai 2020 sur le lac de Grand Lieu qui abrite une des plus grandes colonies française avec celles de Brière et de la basse vallée de l’Erdre. Mais pourquoi une juvénile née en Loire Atlantique remonte t’elle en baie de Somme alors que toutes ses « copines » filent plein sud vers l’Espagne, le Niger ou la Mauritanie…

A t’elle perdue son GPS ?

Grâce au baguage, ces mouvements « à contre sens » sont bien connus chez de nombreux jeunes passereaux, rapaces, cormorans, hérons migrateurs…

Ils découvrent ainsi de nouveaux territoires, zones d’alimentation, habitats, qu’ils vont mémoriser surtout s’ils sont favorables. Ce sera peut être de futurs sites de reproduction ou d’hivernage (la spatule niche à 3 ou 4 ans). Cette jeune spatule repartira pourtant vers le sud dans quelques jours ou instants mais quoique que notre esprit rationnel en pense, ces 400 km nordiques ne seront pas perdus pour former sa jeunesse !

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Léa Coftier

Le Phalarope à bec étroit est un petit échassier nichant en Scandinavie et en Russie, avec quelques rares couples en Ecosse. Cet oiseau part en migration en haute mer pour ensuite traverser l’Europe par les terres en direction de la mer Noire et de la mer Caspienne et aller hiverner en groupe le long des côtes du Golfe persique (Mer d’Oman, golfe arabique…) et dans l’Océan Indien. C’est un sacré et étrange périple migratoire en boucle !! Ce Phalarope a la particularité rare que le mâle soit moins coloré que la femelle puisque celle-ci parade et, est polyandre, laissant au mâle le soin de s’occuper seul de la couvée et de l’élevage rapide des poussins.

Un juvénile en plumage d’hiver (déjà) est observé du 27 au 30 août 2020 après les journées consécutives de fort vent, profitant, avec les niveaux d’eau bas et la chaleur, de la manne d’insectes en surface au poste 9 avec les barges et les chevaliers.

Il a aussi une autre particularité, celle de nager activement en rond comme une toupie en provoquant des tourbillons pour faire remonter les petits invertébrés en surface. Un comportement étonnant à observer et qui nous a régalés durant ces 3 jours.

Observé tous les ans et demi de 1973 à 1993, ce phalarope est observé maintenant quasiment chaque année depuis 1994 au parc. Comme au niveau national, la majorité des données concerne la migration postnuptiale. Mais les observations de printemps augmentent aussi (8) s’étalant du 28 avril (1986) à la mi-juin.

Avec le réchauffement climatique les périodes de forts vents augmentent obligeant les oiseaux à fréquenter de plus en plus le parc comme zone refuge. Le Parc du Marquenterre est devenu un des lieux les plus réguliers en France (environ une cinquantaine d’oiseaux observés par an) pour l’observation de ce petit limicole.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Eugénie Liberelle

Chez les canards, les oies et les cygnes, la mue postnuptiale complète a lieu en été.

Une des particularités chez les anatidés est de former leurs couples en automne et en hiver. Chez la majorité des espèces, la saison des amours débute au printemps.

L’hiver sur le parc nous pouvons observer les jolies couleurs que les canards nous dévoilent afin de séduire leurs femelles pour la reproduction prochaine. Le vert brillant des colverts, le rouge et le rose des siffleurs, le bleu des ailes du souchet et bien d’autres, la palette est complète !

A la fin de leur reproduction, les canards entrent dans la période la plus discrète et sensible de l’année, la mue !

Ce phénomène complexe leur permet ainsi de renouveler l’ensemble du plumage usé.

Durant la formation de ces nouvelles plumes, et surtout au moment de la repousse des rémiges (les plumes des ailes) les oiseaux sont incapables de voler et donc très vulnérables. Cette étape dur quelques semaines, et peut varier selon les individus et les espèces.

Nous pouvons ainsi les observer en été dans la végétation des îlots, sur les berges des plans d’eau, mais beaucoup se cachent dans les roselières. A cette période, le moment le plus crucial pour eux c’est la nuit. Mais pourquoi ? Les canards sont très actifs de nuit, afin de satisfaire leurs besoins alimentaires intensifiés par la dépense énergétique due à la croissance des plumes.

Chez les mâles, la chute des régimes accompagne la perte de leur livrée nuptiale pour ressembler au maximum aux femelles et leurs teintes marron. Hé oui, camouflage = survie !

Les différentes espèces ont alors toutes le même plumage terne et deviennent difficiles à identifier. Vous l’aurez compris, le fait d’avoir un plumage terne à ce moment précis de l’année les rend moins repérables par les éventuels prédateurs !

Les canards sont alors en « éclipse » jusqu’à fin août et courant septembre en général, avant de retrouver leurs belles couleurs grâce à une mue partielle chez les mâles au vue des parades qui arrivent à grands pas !

 

Texte : Léa Coftier / Illustration : Alexander Hiley

Après la Pie grièche écorcheur il y a quelques jours, une nouvelle espèce est nicheuse certaine sur le Parc du Marquenterre : la Sarcelle d’hiver. Depuis 1991 l’espèce est présumée nicheuse quasiment chaque année avec des cantonnements de couples, des femelles supposées sur le nid mais jamais l’observation de poussins. La donnée la plus probable est l’observation d’une canne avec 7 juvéniles volants le 27 juin 2003, mais on ne pouvait être certain qu’ils soient nés sur le site.

Le 16 juin, un couple est noté avec 4 gros jeunes d’environ quatre semaines entre le poste 6 et le poste 7, emplacement idéal puisque l’espèce apprécie les milieux très fermés.

Ce petit canard est extrêmement discret en période de nidification et on ne dispose en Picardie que peu de données de reproduction « certaine » (Hâble d’Ault, basse vallée de l’Authie, Thiérache, marais d’Isle à Saint Quentin…). Faute aussi de prospections spécifiques notamment en soirée dans des milieux souvent privés et inabordables.

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley

Le mardi 21 juillet, par une belle fin d’après midi ensoleillée et un léger vent de Nord Ouest, quatre jeunes cigognes noires survolent le parc. Profitant de ces bonnes conditions, elles filent plein Sud, sans s’arrêter, direction le nord du Burkina ou le Niger (destination finale d’hivernage). 

Les oiseaux ont tendance à passer de plus en plus tôt en migration postnuptiale, avec un pic d’observation se décalant fin juillet (au lieu de mi août dans les années 90) et maintenant une quasi absence de données en septembre.

Les cigognes noires remontent de plus en plus tôt sur leur site de reproduction dans le Nord Est de la France (elles nichent dans l’Aisne), les Ardennes belges et l’Allemagne. En effet, les juvéniles, qui sont majoritaires à l’ouest de notre couloir de migration, s’émancipent donc plus tôt.

Il sera peut être encore possible d’observer des individus à la traîne, car les données les plus tardives sur le parc sont le 17 octobre 2016 et le 10 novembre 2014 ! Ouvrons l’œil !

Finalement trois de ces jeunes (non bagués) ont choisi de passer la nuit sur le parc entourés de vastes vasières et de prairies. Le matin du 22 juillet à 10h, elles ont survolé le pavillon d’accueil et la file d’attente des premiers visiteurs, un spectacle magique ! 

Bon voyage !

Photo du 21 juillet en fin de journée

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Nicolas Deledicq (22 juillet en fin de journée) et Eugénie Liberelle

C’est parti, les jeunes cigognes après s’être bien entraînés sur le nid en faisant du « trampoline » ont pour la plupart quitté le nid. L’atterrissage n’est pas encore parfait et la maîtrise du vol plané pas encore optimale mais le résultat est prometteur.

Posé au sol, si se nourrir est inné pour les juvéniles, il faut quand même apprendre (on peut bien être doué mais si on ne travaille pas…). Il est intéressant de voir ainsi les cigogneaux au pied de la héronnière harponnant une écorce de pin, une tige de graminée qui bouge au vent, ou s’énerver sur une branchette feuillue d’argousier. Eh oui quand on niche à 25 mètres du sol tout est nouveau sur le plancher…des cigognes ! Et je ne vous dis pas quand on arrive dans le marais au contact de l’eau !

Profitons de les observer au maximum ; ces juvéniles au bec sombre et au plumage neuf, dans quinze jours elles seront sur la route de l’Espagne et du Portugal. Seuls, sans les parents qui eux vont migrer en août-septembre après avoir fait leur mue. Certaines cigognes passeront peut être Gibraltar et gagneront le Mali, le Niger ou la Mauritanie. Et bien peu hélas reviendront dans notre région !

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley