Parfois rares, souvent drôles, toujours de bon augure : découvrez ici les oiseaux qui nous ont rendu visite

Les premières Mésanges noires sont observées et baguées au Parc du Marquenterre. Cette petite (9 grammes) au dessous chamois et à la tache blanche derrière sa grosse tête noire est tributaire des forêts de conifères ; elle est souvent associée au Roitelet huppé. 

Sont-ce les prémices d’une nouvelle irruption d’ampleur nationale ? Comme les geais, les populations nordiques de Mésanges noires, notamment celles de la taïga russe et des bords de la Baltique, subissent des exodes dus à la combinaison d’un manque de graines d’épicéas et, localement, d’une forte densité de ces passereaux. Est-ce aussi une conséquence des vastes incendies de cet été dans la forêt boréale orientale ?

Alors que depuis les années 1988 ces invasions en nombre se produisaient tous les 3 à 5 ans, elles se déclenchent maintenant tous les 2 ans, montrant une dégradation brutale des sites de reproduction. La dernière en date a eu lieu en 2017 : en deux mois 605 oiseaux avaient été bagués au Parc du Marquenterre, avec des contrôles d’oiseaux bagués début septembre sur la station de Ventes Ragas en Lituanie près de la ville russe de Kaliningrad. À ce rythme les populations risquent de ne pas pouvoir se maintenir sur le long terme. En effet on estime qu’à peine 10% de ces dizaines de milliers (millions ?) d’oiseaux (en majorité des juvéniles) arrivant vers l’ouest de l’Europe remonteront sur leur site d’origine de reproduction au printemps suivant.

Texte : Philippe Carruette

Illustration : Alexander Hiley

Depuis début septembre, on remarque des Geais des chênes isolés ou en petits groupes, avançant assez haut dans le ciel de leur vol malhabile, aussi bien dans les vallées que sur les plateaux dénudés. Ces mouvements n’ont fait que s’accentuer vers la fin du mois : on en a dénombré parfois plusieurs centaines en une matinée sur les sites de migration privilégiés de l’intérieur des terres, dans l’Oise ou dans l’Aisne. Une nouvelle invasion se dessine nettement déjà, très perceptible en Belgique et aux Pays Bas. 

Ce véritable exode concerne des geais venant sûrement d’Europe du nord et de l’est – hélas peu d’oiseaux pourront être bagués sur nos stations de baguage ; après plusieurs années de reproduction favorable, ils se retrouvent en “surnombre” à une saison où la richesse en nourriture n’est pas au rendez-vous du fait d’une mauvaise fructification des arbres et arbustes. Une seule solution, notamment pour les juvéniles moins casaniers et territoriaux : partir en masse vers le sud-ouest

Le geai est un oiseau forestier. Son vol est généralement bas, lent, ses ailes rondes sont mieux adaptées à la circulation entre les arbres qu’à un vol au long court… Passer au-dessus de grands espaces ouverts comme la baie de Somme va profondément stresser ces petits corvidés vulnérables alors à la prédation du Faucon pèlerin ou de l’Autour. Ainsi sur le littoral, où cette irruption commence à se faire sentir, les geais venant du nord et passant au-dessus du point de vue du Parc ont soudain une véritable répulsion marine, notamment à marée haute ! Marche arrière toute, pour contourner ces espaces infinis, en passant par les zones arrière littorales plus végétalisées et bocagères… du moins l’espèrent-ils !

La dernière irruption importante de geais a eu lieu en 2012 ; les plus spectaculaires et remarquées par tous au quotidien ont été celles de 1977, 1996 et 2005. Elles avaient d’ailleurs concerné toutes les espèces forestières comme les pics, sitelles, bec-croisés, grimpereaux et mésanges.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Eric Penet