Où l’on gazouille, piaille et babille sur la vie de nos chers oiseaux

Un Busard des roseaux immature survole la roselière de son vol chaloupé. Arrivé au-dessus des prairies inondées du poste 7, il provoque le décollage général des Barges à queue noire et des canards. Son objectif est simple : repérer un oiseau affaibli qui ne peut s’envoler.

Le rapace décèlera rapidement la moindre faiblesse, ce qui orientera sa prédation vers cette proie plus facile. Seul espoir pour elle : aller à l’eau, où le rapace aura plus de mal à la capturer. Grâce au vol plané ne nécessitant que de rares battements d’ailes, le busard utilise peu d’énergie, ce qui est bien utile puisque ces survols sont réguliers… et les captures bien peu fréquentes !

Dès que l’oiseau de proie s’est éloigné, l’ensemble des « décollés » se repose quasiment au même endroit. En compensation du stress, tous se mettent à faire une ébauche de toilette ; chez d’autres espèces, comme les Avocettes élégantes nicheuses locales, on observe aussi une recrudescence des accouplements après les moments de tension. 

 

Mais si c’est un dérangement humain,  l’attitude est bien différente. ! Les oiseaux prennent de l’altitude et quittent le lieu pour d’autres plans d’eau… ou définitivement s’ils sont arrivés récemment en halte migratoire !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

 

Vous l’attendiez avec impatience, le nouveau comptage est arrivé ! Pour le consulter, c’est ici :

-> Comptage du 25 mars 2023

Malgré les journées venteuses, les grands échassiers continuent de garnir la héronnière : cigognes et spatules bricolent leurs nids hauts perchés dans les pins, tandis que les Hérons cendrés couvent assidûment leurs œufs. De nombreux canards sont toujours présents dans les plans d’eau du Parc ; profitons quelques temps encore des Garrots à œil d’or, avant qu’ils ne regagnent la forêt boréale où ils nicheront bien à l’abri… dans un trou d’arbre ! Côté limicoles, on perçoit du mouvement. Les Barges à queue noire changent peu à peu de plumage et se font belles pour rejoindre l’Islande ; chez les Avocettes, c’est le temps des parades nuptiales. Ah, l’amour… Et pour finir, le carnet rose : une petite Foulque macroule a pointé le bout de son bec sur le petit parcours ! Bienvenue à ce premier poussin d’une longue série !

Il nous arrive parfois d’observer des oiseaux n’ayant qu’une seule patte. Ce sont souvent des échassiers limicoles comme les Avocettes ou les Barges à queue noire, des passereaux comme les mésanges, mais plus rarement des grands échassiers comme cette Spatule blanche. L’amputation peut être totale et haute, ou partielle, ne concernant que les tarses. 

L’oiseau sautille, se repose sur une patte, et parfois se couche, ne pouvant changer de “support”. Il est plus difficile pour lui de se nourrir car son déplacement est très ralenti ; il choisit alors des zones à forte concentration de nourriture, et sa lenteur le fait souvent être seul

L’oiseau blessé doit tout d’abord survivre à l’amputation en évitant l’infection lors de la nécrose. En eau salée, ce risque reste un peu plus limité. À la héronnière, une Spatule niche depuis de nombreuses années avec une patte totalement raide et non fonctionnelle. 

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

 

Voici le premier comptage de ce printemps 2023 sur la Réserve naturelle de la baie de Somme ! Les oiseaux investissent de plus en plus les plans d’eau du Parc du Marquenterre, et la héronnière se garnit doucement mais sûrement, malgré les coups de vent successifs qui donnent le tournis aux grands échassiers nichant haut dans les pins. Les canards hivernants nous quittent peu à peu, et filent droit vers la Scandinavie ou la Sibérie pour s’y reproduire. Côté limicoles, les choses bougent, avec notamment l’arrivée des premiers Gravelots à collier interrompus. Souhaitons à tout ce petit monde beaucoup de succès dans leurs amours… et leur nichée !

Comptage du 20 mars 2023

Dès le 10 janvier, avec l’extrême douceur des températures, les premiers Canards pilets venant du sud et remontant vers le nord-est de l’Europe sont observés sur le Parc dans les prairies inondées. On les reconnaît facilement, notamment les mâles, à leur poitrine orangée. Cette couleur vient de l’oxyde de fer des terres d’hivernage comme la latérite d’Afrique de l’Ouest ou du bassin méditerranéen. Collé sur les plumes, ce « maquillage » va se diluer au contact des eaux douces des haltes migratoires. 

Nous ne remarquons pas d’oiseaux portant ces teintes flamboyantes surprenantes lors de l’hivernage, en décembre notamment ; de telles observations n’ont lieu que lors des migrations actives. Attention, dans certaines régions où ces oxydes sont présents – comme en Camargue – les oiseaux peuvent avoir cette coloration. On peut retrouver aussi cet aspect, mais en plus délavé, sur certains bassins de décantation argileux.  

Les dates de retour sont de plus en plus précoces : 10 février 2019, 1er février 2021, 31 janvier 2014, 15 janvier 2022…

Notons que nous pouvons observer cette teinte orangée, mais de manière moins évidente, chez d’autres espèces comme la Sarcelle d’été, et dans une moindre mesure le Canard souchet ou la Sarcelle d’hiver qui hivernent en moins grand nombre en Afrique de l’Ouest.   

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Jean Bail

Une journée ensoleillée sans vent favorise le retour des grands échassiers à la héronnière. Dès le 4 février, avec la douceur des températures, quelques Hérons cendrés étaient sur les nids. Ce sont les mâles âgés qui arrivent les premiers sur leur « donjon », paradant gorge ébouriffée et crête dressée au moindre survole d’un oiseau. 

Le 3 janvier, alors que le thermomètre affiche 15°C (!), deux mâles célibataires de Cigognes blanches bougent quelques branches sur leur nid. Un mois plus tard, 11 oiseaux sont observés, seuls ou à deux. Les bagues permettent de voir que certains couples ne sont guère fidèles (AERY est désormais avec AFFG pour les derniers potins…).  

 

Ce ne sera vraiment qu’à partir de mi-mars et surtout à la fin du mois que nous verrons arriver les autres habitants des lieux : Spatules blanches et Aigrettes garzettes, Hérons garde-bœufs  et en dernier nous l’espérons les deux couples de Bihoreaux gris. Quant aux Grandes aigrettes, deux couples se réinstallent dans la saulaie visible de loin depuis le poste 10.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

3, 2, 1… Partez ! La saison de reproduction est lancée sur le Parc du Marquenterre ! Parades nuptiales, confection de nids, couvaison… Vous saurez tout de ce joyeux charivari en consultant le dernier comptage, juste ici : Comptage du 11 mars 2023.

 

Les voici de retour pour une nouvelle saison riche en rencontres naturalistes sur le Parc du Marquenterre : les trois premiers Grèbes à cou noir ont été observés le 15 février, avec deux individus en mue et un oiseau encore en total plumage d’hiver. 

Ce petit oiseau n’hiverne jamais en totalité sur le Parc, les derniers individus séjournant au plus tard jusqu’en novembre ou début décembre. Le retour de cette superbe espèce a lieu de plus en plus tôt : deux individus étaient observés sur le site le 12 février 2022 ; en 2021, la première mention datait du 26 février ; tandis que les années antérieures, les dates de retour avaient lieu généralement début mars.

Les oiseaux choisissent d’hiverner surtout en mer, notamment le long des côtes de Bretagne, aussi bien en Manche qu’en Atlantique, et jusque dans le golfe de Gascogne. À l’inverse du Grèbe huppé, dans notre région les observations de cette espèce en mer ou dans les estuaires restent peu fréquentes.

Espérons que cette année encore, le Grèbe à cou noir niche en nombre sur le site, comme ce fut le cas en 2022, avec 22 couples… et de nombreux poussins ! La proximité d’une forte colonie de mouettes et la nidification des couples en groupe important sont indispensables au succès de la reproduction. 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley