Où l’on gazouille, piaille et babille sur la vie de nos chers oiseaux

Les premiers cigogneaux ont quitté le nid le 6 juillet. La semaine du 20 au 26 juillet, très ensoleillée, semblait favorable au départ de tous les juvéniles vers la péninsule ibérique, voire l’Afrique de l’Ouest. D’habitude, après le 20 juillet, la majorité des jeunes ont fait leurs adieux au Parc. Mais cette année les oiseaux ont pris beaucoup de retard…

Retard « corporel » d’une part, du fait du manque d’alimentation dû aux gelées tardives, et aux fortes pluies et tempêtes en mai. Retard « sportif » d’autre part : on remarquait bien que les entraînements au vol des cigogneaux étaient moins fréquents que les années précédentes, comportement pourtant indispensable à l’acquisition de la maîtrise de leurs grandes ailes, et au succès des premiers envols. De plus, beaucoup de nids n’abritaient qu’un seul jeune, qui faute d’émulation s’exerçait avec moins d’assiduité qu’une nichée de quatre ou cinq ! 

La semaine capricieuse de fin juillet, avec rafales et forte pluviométrie, ne motive pas encore au départ. Les Cigognes ont besoin de courants d’air chaud et de bons vents porteurs pour utiliser le vol plané, vital pour elles. Peu musclées, le vol battu reste en effet très limité en durée, et fort consommateur d’énergie pour cette espèce.  

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Nathanaël Herrmann

Été pluvieux, oiseaux heureux…? Les chiffres du dernier comptage nous le diront peut-être. Pour les consulter, c’est ici : Comptage du 26 juillet 2021.

 

 

17 000 kilomètres : c’est la distance parcourue par un oiseau d’environ 250 grammes !

Début juillet, une Sterne caugek portant à la patte une bague jaune numérotée HC7 a été observée sur le Parc du Marquenterre. Avec ce code, l’équipe des guides a pu mener sa petite enquête et contacter le coordinateur du programme de baguage, via le site European colour-ring birding. En retour, ils ont pu obtenir des informations sur cet oiseau.

Née aux Pays-Bas et baguée poussin le 14 juin 2018 sur la colonie de Slijkplaat à Haringvliet au sud de Rotterdam, elle a été aperçue deux jours de suite en Namibie au sud-ouest du continent africain en février 2020, soit au minimum 17 000 km de chemin parcouru en longeant les côtes ! Elle a dû passer l’hiver le long de la côte atlantique à Luderitz – la Namibie est une ancienne colonie allemande, et le pays est indépendant depuis mars 1990 – proche de la frontière de l’Afrique du Sud.

Évidemment un tel trajet ne s’effectue pas sans haltes, les pauses sont régulières lors de cette migration au long cours pour se reposer la nuit. La pêche de petits poissons (lançon, sprats…) se fait durant le voyage et les jeunes sont ravitaillés en vol tout en apprenant le complexe métier de pêcheur en mer. Lors des coups de vents et tempêtes il n’est en effet pas simple de pêcher en surface de l’eau au milieu des flots démontés ! Néanmoins, malgré tant de grâce et de finesse, ne vous détrompez pas, ces oiseaux sont puissants et capables de faire plusieurs centaines de kilomètres par jour.

Vue de fin mai jusqu’au 19 juin 2021 à Slijkplaat, la Sterne caugek HC7 se serait donc reproduite à 3 ans aux Pays-Bas, avant de faire une halte en couple avec son jeune au Parc du Marquenterre, “aire de repos” bien connue des oiseaux migrateurs, afin de le nourrir de poissons pêchés en baie de Somme.

On la surnomme “hirondelle de mer” du fait de sa silhouette fine et de sa queue échancrée rappelant celle de l’hirondelle. Son bec est long et noir, avec le bout jaune. Oiseau grégaire, elle nidifie souvent sur des îlots en colonie, comme au Parc du Marquenterre – 44 couples cette année – ou au Hâble d’Ault, d’avril à juin. L’espèce reste peu abondante comme nicheuse en France avec chaque année en moyenne 6800 couples très localisés, la majorité étant regroupés en quatre ou cinq grandes colonies au Banc d’Arguin dans le bassin d’Arcachon, sur le polder Sébastopol à Noirmoutier, ou encore dans les lagunes de l’Hérault et de Camargue.

Texte : Laëtitia Bordier, Philippe Carruette / Illustrations : Nathanaël Herrmann

 

Pour consulter le dernier comptage, c’est ici : Comptage du 14 juillet 2021 !

Les Tadornes de Belon colorent encore la baie de Somme, même si beaucoup nous quittent pour aller muer en mer des Wadden. Petite surprise, 9 Eiders à duvet ont été aperçus ! Et cherchez bien, parmi les Goélands argentés, des « intrus » aux pattes jaunes : ce sont les Goélands leucophées…

Le Grimpereau des jardins est certes localisé, mais assez commun sur le Parc en période de nidification, où la ponte commence fin avril, souvent dans un nid bien dissimulé entre le tronc et son écorce décollée. Des couples peuvent aussi occuper les nichoirs adaptés à l’espèce, ou bien s’installer dans la charpente du toit de certains postes d’observation. Ils sont surtout présents autour du pavillon d’accueil, au fond des parkings et à la héronnière, où se trouvent les arbres les plus gros sur le tronc desquels les petits passereaux aux pattes courtes et aux doigts longs et griffus peuvent grimper en colimaçon. Le bec arqué du Grimpereau est particulièrement fonctionnel pour capturer petites araignées, chenilles et larves logés dans les crevasses des écorces

C’est en mars, avec le chant, et fin juin début juillet, quand les jeunes quittent le nid, qu’il est le plus remarqué sur les secteurs forestiers. Son dos a d’ailleurs la couleur de l’écorce des arbres et les rectrices rousses de sa queue sont rigides, pour assurer une plus grande adhérence au support. Un vrai passionné des arbres !

Texte et illustration : Philippe Carruette

Voici le dernier comptage : 10 juillet 2021

Sur le Parc, de jolis groupes d’Aigrettes garzettes se rassemblent devant le poste n°5 pour pêcher dans les herbiers aquatiques. Quant à leur grande cousine, c’est officiel, elle est bien nicheuse ici, puisqu’une jeune Grande Aigrette volante a été aperçue dans la héronnière !

Les premières nichées d’Hirondelles rustiques commencent à bien grandir. C’est le moment idéal pour baguer au nid ces grands poussins, pas trop petits car la patte serait encore trop courte, et surtout pas trop grands car les jeunes pourraient quitter prématurément le nid ! Quatre couples nichent dans les ateliers du Parc dont les portes sont munies d’ouvertures conçues à leur intention par l’équipe d’entretien : merci Francis et Cédric ! Plus rarement, elles peuvent s’installer à l’extérieur, sous le porche du pavillon d’accueil, ou parfois même dans les postes d’observation. Les adultes sont bagués rapidement au filet, uniquement au moment du nourrissage. On leur laisse bien entendu toute tranquillité pendant la couvaison et lors de leur arrivée sur le Parc, en mars, après un bien long voyage. 

Généralement, seuls 20 à 30% des individus sont retrouvés d’une année sur l’autre. Quand on connaît la fidélité des oiseaux adultes à leur site de nidification, cela laisse supposer la forte perte en migration et sur les sites d’hivernage d’Afrique centrale. Quant aux jeunes, ils ont tendance, en très grande majorité, à ne pas revenir sur leur lieu de naissance, colonisant ainsi de nouveaux secteurs, ce qui facilite le brassage des populations. Des Hirondelles rustiques seront également baguées dans les fermes et chez les particuliers aux alentours du Parc, dans le cadre du programme du CRBPO (Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux) du Muséum de Paris. Si vous trouvez un oiseau mort bagué, n’oubliez pas de renvoyer l’information – libellé complet de la bague, lieu, espèce présumée, date, cause de mortalité… – à bagues@mnhn.fr. Bien trop de bagues trouvées par des personnes sont perdues, nous privant d’importantes et précieuses informations naturalistes !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley, Philippe Carruette

Pour consulter les derniers chiffres, suivez le guide !

-> Comptage du 25 juin 2021

Mouettes rieuses et Sternes caugeks sont toujours bien installées dans leurs colonies. En baie, 22 Macreuses noires sont aperçues sur l’eau, tandis que côté limicoles, 9 Gravelots à collier interrompu galopent dans la laisse de mer !