Où l’on gazouille, piaille et babille sur la vie de nos chers oiseaux

Depuis quelques jours, un jeune Héron garde-bœufs se nourrit dans la panne juste devant la Maison du Parc ! Il est fort probable qu’il soit né au sommet de la pinède qui abrite la héronnière, avec entre autres 14 couples de ce petit héron méditerranéen arrivé dans notre région comme nicheur en 1992. Les juvéniles sont peu farouches et n’ont pas (encore !) la crainte de l’Homme, d’autant qu’ils sont nés à 25 mètres de haut, entourés de spatules, aigrettes – grandes et garzettes – ou cigognes. 

Cela a fait le plaisir de nos groupes de maternelles, qui ont pu observer de très près et sans aucun dérangement la manière dont cet “ado” d’oiseau sauvage apprend la vie et fait son « marché » ! Il est en effet passionnant de voir comment, à la manière de Kaa le python du Livre de la Jungle de Rudyard Kipling, il oscille sa tête, yeux hyper attentionnés, pour ajuster au mieux la frappe de son bec sur un petit Crapaud commun, une sauterelle ou un criquet. Si la pratique de la chasse est innée chez les grands échassiers, il faut bien apprendre, mémoriser échecs et réussites pour sans cesse améliorer ses techniques. L’inné sans l’apprentissage conduit à l’échec perpétuel et à une fin tragique… Mais notre jeune gardien semble être un élève studieux et efficace ! N’oubliez pas de lui réserver un instant d’observation à votre arrivée, nul doute qu’il vous en sera reconnaissant 🙂

Texte et illustrations : Philippe Carruette

Depuis le 12 juin 2021, un mâle immature d’Harelde boréale stationne au poste 4. Il commence à acquérir sa belle livrée nuptiale, avec l’apparition progressive des longues plumes de la queue. Ce petit canard plongeur, semblant de loin noir et blanc, niche sur les zones montagneuses de la toundra scandinave – Islande comprise – au niveau du cercle polaire, jusque dans le nord de la Sibérie. On le retrouve aussi en Alaska et dans le nord du Canada, où il est très abondant, d’où son ancien nom d’Harelde de Miquelon. Il hiverne en mer Baltique et en mer du Nord, notamment dans le golfe de Botnie, où il se nourrit de mollusques et de crustacés en s’aidant en plongée de ses ailes qui lui permettent de descendre à plus de 50 mètres de profondeur, n’hésitant pas à se déplacer sous la glace. Malgré cette abondance nordique, il est bien peu observé en France avec souvent moins de 70 mentions par an, surtout d’octobre à avril. Bien des oiseaux doivent néanmoins passer inaperçus en haute mer.

Au Parc, l’Harelde boréale est vue depuis 1985 pratiquement tous les deux ans, avec une recrudescence des observations ces dernières années. Une des particularités du site est le nombre de données d’individus qui séjournent sur de longues périodes, notamment des mâles en juin. La surprise en 2019 fut la nidification réussie de l’espèce – une femelle avec 4 canetons – aux Pays-Bas, à plus de 700 km au sud des sites de reproduction scandinaves les plus méridionaux ! Pour l’instant au Parc du Marquenterre, nous n’avons assisté qu’aux parades nuptiales insistantes d’un mâle isolé, en juin 1992, sur des femelles de… Tadorne de Belon (faute de mieux !) qui, visiblement,  n’appréciaient guère !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Léa Coftier

Une petite colonie de 14 couples de Grèbes à cou noir s’est installée très rapidement le long des berges du poste 2 pourtant en eau saumâtre. Comme à son habitude, cet oiseau cherche le contact des colonies de laridés comme protection contre les prédateurs, leur alerte permettant aux adultes de mettre des algues sur leurs œufs avant de quitter le nid et d’aller à l’eau. Les nids sont très proches les uns des autres et formés d’une modeste plateforme de végétaux construits “à la va-vite”. Après une incubation de 22 à 25 jours, les poussins sombres à rayures de pyjamas passent souvent beaucoup de temps sur le dos des deux parents. Plus que du poisson, la base du régime alimentaire est constituée de têtards et de larves d’insectes aquatiques. 

Cette notion forte et stimulante de colonie explique sûrement la difficulté d’installation des couples isolés sur les autres postes. Le Grèbe à cou noir est peu abondant en France (où il est apparu comme nicheur qu’en 1909) avec seulement 2000 couples, principalement en Brenne, Dombes et Sologne. Il niche pour la première fois en Picardie en 1983 avec trois couples dans le marais de Rue. Ce sont les lieux artificiels comme les bassins de décantation encore en activité ou bien reconvertis, comme les sites de Grand Laviers et de Thumeries, qui sont devenus des lieux de nidification importants dans les Hauts-de-France pour ce bel oiseau aux yeux rouges entourés de favoris d’or.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Maëlle Hello, Nathanaël Herrmann, Eugénie Liberelle

 

Voici le comptage du 30 mai 2021. Un Butor étoilé nous a même fait l’honneur de sa présence…

Pour voir les derniers chiffres, c’est ici : Comptage du 30 mai 2021

Habitués à les voir nicher sur les falaises de Bretagne comme les landes de Belle Ile en mer ou les toits des maisons du littoral, on peut se demander si tous ces goélands qui viennent à marée haute sur le parc sont bien de « chez nous » !

En effet, la très grande majorité sont en fait migrateurs et même de grands migrateurs…

Les Goélands marins viennent surtout des colonies norvégiennes, et les Goélands argentés et cendrés vont nicher principalement en Scandinavie, Belgique, Allemagne du nord ou aux Pays Bas.

Nous venons de recevoir la fiche d’un Goéland brun bagué poussin avec une bague bleue « VKKO », le 5 juillet 2016 sur l’île de Langli, côte nord ouest du Danemark, en Mer du Nord. Il avait été noté au parc durant la marée haute le 22 août 2020.

Trois Goélands bruns bagués en Norvège avaient déjà été notés au parc l’année dernière lors des pleines mers sur les reposoirs estivaux, qui réunissent des nombreux oiseaux.

Ces oiseaux n’ont pas forcément fini leurs voyages puisque certains vont hiverner jusqu’aux côtes basses d’Afrique de l’Ouest !

Nous avons la chance de pouvoir les observer depuis le point de vue, en mars, quand ils remontent vers le nord par petits groupes.

Texte : Philippe Carruette / Illustration (Goéland argenté) : Florian Garcia

En bref : Passage important de « petits » limicoles en baie, (Bécasseaux sanderling et variables, Grand Gravelot…), plus de 2000 Mouettes présentes sur le Parc, 8 Grandes aigrettes dont 5 en plumage nuptial…

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Photo : Alexander Hiley

La Mésange bleue est une espèce commune dans nos jardins boisés, bosquets et bocages de Picardie.

Le 3 mars 2021, Odile Plateaux de Villers Bretonneux voit un de ces petits passereaux se claquer sur sa baie vitrée : l’oiseau est juste commotionné. Sa patte porte une bague métal du Museum de Paris. Juste avant de relâcher saine et sauve la petite mésange, la bague est photographiée sous toutes les coutures : 9615448. La réponse ne tarde pas à arriver de la part du Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux ; l’oiseau a été bagué au Parc du Marquenterre, le 4 février 2021 à 10H30, en femelle de 2 ans. Rien d’étonnant pour une si faible distance.

Bon nombre de Mésanges bleues quittent à l’automne l’est de la Belgique, les Pays Bas ou les bords de la Baltique pour gagner la France et notamment le littoral picard. Les mésanges qui viennent l’hiver dans votre jardin sont donc loin d’être toutes sédentaires : bien au contraire !

Ce qui est intéressant ici, c’est la date et l’orientation plein est de ce contrôle. Début mars correspond au pic de migration de printemps de cette espèce. Cette mésange retournait probablement en Europe du nord-est pour nicher. Du littoral à Villers Bretonneux, elle a donc sans doute suivi la vallée de la Somme. Les mésanges ne voyagent que de jour et font souvent ce qu’on appelle de la migration rampante, c’est à dire qu’elles s’arrêtent de bosquets en buissons pour se nourrir et se reposer. On comprend alors l’importance des couloirs végétalisés, le rôle des haies ou des bosquets, nos jardins diversifiés : c’est la trame verte ou la trame bleue dans le cadre des cours d’eau. Sans cela, c’est comme si vous vous engagiez sur la route des vacances sans station service, restaurant ou aire de repos sécurisé, avec aucune possibilité de sorties sur de longues distances. Pour ces migrateurs adaptés morphologiquement aux courtes distances, cela représente une mort certaine.

Espérons que la Mésange bleue de Mme Plateaux nous apportera de nouvelles informations ainsi que des indications sur la qualité de vie de cet oiseau.  

Si vous trouvez un oiseau mort et bagué, envoyez la bague au Museum de Paris en indiquant, si vous le connaissez, le nom de l’oiseau mais surtout la date et le lieu de découverte ainsi que la cause de sa mortalité. S’il est vivant, notez le numéro de bague et relâché aussitôt l’oiseau et faites la même démarche.

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley

En bref: 130 Avocettes élégantes, 82 Spatule blanches, 1 Grand Labbe en baie !

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Photo:  Avocettes élégantes (Alexander Hiley)