Où l’on gazouille, piaille et babille sur la vie de nos chers oiseaux

Le 22 août 2020, une jeune spatule blanche est notée au poste 6 avec des bagues couleur qui ne semblent pas appartenir au code habituel des oiseaux du Nord de l’Europe.

En effet, cet oiseau a été bagué poussin par Loïc Marion, le 24 mai 2020 sur le lac de Grand Lieu qui abrite une des plus grandes colonies française avec celles de Brière et de la basse vallée de l’Erdre. Mais pourquoi une juvénile née en Loire Atlantique remonte t’elle en baie de Somme alors que toutes ses « copines » filent plein sud vers l’Espagne, le Niger ou la Mauritanie…

A t’elle perdue son GPS ?

Grâce au baguage, ces mouvements « à contre sens » sont bien connus chez de nombreux jeunes passereaux, rapaces, cormorans, hérons migrateurs…

Ils découvrent ainsi de nouveaux territoires, zones d’alimentation, habitats, qu’ils vont mémoriser surtout s’ils sont favorables. Ce sera peut être de futurs sites de reproduction ou d’hivernage (la spatule niche à 3 ou 4 ans). Cette jeune spatule repartira pourtant vers le sud dans quelques jours ou instants mais quoique que notre esprit rationnel en pense, ces 400 km nordiques ne seront pas perdus pour former sa jeunesse !

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Léa Coftier

En bref: 326 Sarcelles d’hiver, 217 Spatules blanches, 1 Sterne caspienne en baie!

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Lors du programme de baguage SPOL Mangeoire du CRBPO (Centre de Recherches sur le Baguage des Populations d’ Oiseaux) cet hiver, de très nombreuses mésanges bleues ont été baguées. Deux étaient porteuses de bagues de Flandre belge :

BLB 16400340 : bagué adulte le 29/10/2019 à Lommel (Nord-Est d’Anvers près de la frontière Néerlandaise) dans le Limbourg, puis contrôlé le 25/11/2019 et le 16/12/19 en mâle adulte.

BLB 16238367 : bagué juvénile le 13/10/2019 à Glabbeek, puis contrôlé en femelle 1 an le 04/12/2019.

L’année 2019 a donné lieu à une véritable irruption de mésanges bleues en provenance du Nord-Est de l’Europe. Cette forte concentration a donné lieu à une épizootie marquée de Sutteonella ornitholoca. Cette bactérie découverte en Angleterre en 1996 extrêmement virulente, touche les poumons des mésanges de petite taille (la mésange charbonnière semble épargnée). En 12 jours, 26000 cas ont été signalés en Allemagne notamment près des mangeoires dans les jardins.

Il est très important de ne jamais nourrir les oiseaux d’avril à octobre et de désinfecter régulièrement les postes de nourrissage et les abreuvoirs, lieu de concentration favorisant les foyers de contagion.

Les verdiers subissent ainsi depuis 15 ans une très forte mortalité de Trichomonose et de variole aviaire due en partie à une mauvaise pratique du nourrissage hivernal et de l’hygiène des mangeoires. Cela finit par provoquer un déclin fort des populations de ce fringille notamment en Angleterre.

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Léa Coftier

Le Phalarope à bec étroit est un petit échassier nichant en Scandinavie et en Russie, avec quelques rares couples en Ecosse. Cet oiseau part en migration en haute mer pour ensuite traverser l’Europe par les terres en direction de la mer Noire et de la mer Caspienne et aller hiverner en groupe le long des côtes du Golfe persique (Mer d’Oman, golfe arabique…) et dans l’Océan Indien. C’est un sacré et étrange périple migratoire en boucle !! Ce Phalarope a la particularité rare que le mâle soit moins coloré que la femelle puisque celle-ci parade et, est polyandre, laissant au mâle le soin de s’occuper seul de la couvée et de l’élevage rapide des poussins.

Un juvénile en plumage d’hiver (déjà) est observé du 27 au 30 août 2020 après les journées consécutives de fort vent, profitant, avec les niveaux d’eau bas et la chaleur, de la manne d’insectes en surface au poste 9 avec les barges et les chevaliers.

Il a aussi une autre particularité, celle de nager activement en rond comme une toupie en provoquant des tourbillons pour faire remonter les petits invertébrés en surface. Un comportement étonnant à observer et qui nous a régalés durant ces 3 jours.

Observé tous les ans et demi de 1973 à 1993, ce phalarope est observé maintenant quasiment chaque année depuis 1994 au parc. Comme au niveau national, la majorité des données concerne la migration postnuptiale. Mais les observations de printemps augmentent aussi (8) s’étalant du 28 avril (1986) à la mi-juin.

Avec le réchauffement climatique les périodes de forts vents augmentent obligeant les oiseaux à fréquenter de plus en plus le parc comme zone refuge. Le Parc du Marquenterre est devenu un des lieux les plus réguliers en France (environ une cinquantaine d’oiseaux observés par an) pour l’observation de ce petit limicole.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Eugénie Liberelle

Mais qui porte ce nom codé ? Un oiseau bien sûr, une barge à queue noire porteuse de bague couleur rouge (Red) blanche (White) à une patte et vert pâle (Light green) et orange (Orange) à l’autre patte. Il a été bagué mâle adulte le 13 juillet 2011 à Arnessysla, au sud de l’Islande.

Chaque année il est revu sur le parc en migration post nuptiale depuis le 20 août 2011. Il revient généralement au plus tôt vers le 19 juillet sur le site restant au maximum jusqu’au 12 novembre sans hiverner sur le Parc. On ne sait d’ailleurs pas pour l’instant où il hiverne.

En migration de printemps, l’individu ne s’arrête pas sur le parc. A cette période, pour gagner l’Islande chaque année cette barge passe par les Pays Bas où elle est observée dès le 07 février (2020) ou le 11 février (2017) où elle fait généralement une longue halte de plus d’un mois jusqu’à fin mars. Les premières observations de son retour en Islande sont le 15 avril 2018 et 2019 et le 21 avril 2012.

Cet oiseau est un de nos « modèles » lors de nos interventions dans les écoles locales (notamment durant la Fête de la Science en octobre ou nos chères Aires Marines Educatives de Fort Mahon et Saint Valery) pour expliquer la migration et l’extrême fidélité de certains oiseaux à leur halte migratoire (les bonnes adresses de restos, de commerces locales ou de gîte pour nous !!!) d’où l’importance de protéger ces espaces aussi petits et insignifiants soient ils ! Et quand j’étais scolarisé (et pas vraiment très bon élève dans certaines matières…) on parlait de « cervelle d’oiseau » ou de « tête de linotte » que je prenais bien entendu …comme un compliment…qui n’était pas vraiment l’avis de mes parents !

Texte : Philippe Carruette / Illustration : 

Chez les canards, les oies et les cygnes, la mue postnuptiale complète a lieu en été.

Une des particularités chez les anatidés est de former leurs couples en automne et en hiver. Chez la majorité des espèces, la saison des amours débute au printemps.

L’hiver sur le parc nous pouvons observer les jolies couleurs que les canards nous dévoilent afin de séduire leurs femelles pour la reproduction prochaine. Le vert brillant des colverts, le rouge et le rose des siffleurs, le bleu des ailes du souchet et bien d’autres, la palette est complète !

A la fin de leur reproduction, les canards entrent dans la période la plus discrète et sensible de l’année, la mue !

Ce phénomène complexe leur permet ainsi de renouveler l’ensemble du plumage usé.

Durant la formation de ces nouvelles plumes, et surtout au moment de la repousse des rémiges (les plumes des ailes) les oiseaux sont incapables de voler et donc très vulnérables. Cette étape dur quelques semaines, et peut varier selon les individus et les espèces.

Nous pouvons ainsi les observer en été dans la végétation des îlots, sur les berges des plans d’eau, mais beaucoup se cachent dans les roselières. A cette période, le moment le plus crucial pour eux c’est la nuit. Mais pourquoi ? Les canards sont très actifs de nuit, afin de satisfaire leurs besoins alimentaires intensifiés par la dépense énergétique due à la croissance des plumes.

Chez les mâles, la chute des régimes accompagne la perte de leur livrée nuptiale pour ressembler au maximum aux femelles et leurs teintes marron. Hé oui, camouflage = survie !

Les différentes espèces ont alors toutes le même plumage terne et deviennent difficiles à identifier. Vous l’aurez compris, le fait d’avoir un plumage terne à ce moment précis de l’année les rend moins repérables par les éventuels prédateurs !

Les canards sont alors en « éclipse » jusqu’à fin août et courant septembre en général, avant de retrouver leurs belles couleurs grâce à une mue partielle chez les mâles au vue des parades qui arrivent à grands pas !

 

Texte : Léa Coftier / Illustration : Alexander Hiley

En bref…. Un grand nombre de canards effectuant leur mue sur le site (plus de 2,000 colverts !), 4,820 Huîtriers pie et 1,450 Courlis cendrés en baie, 500 Barges à queue noire sur le Parc !

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Après la Pie grièche écorcheur il y a quelques jours, une nouvelle espèce est nicheuse certaine sur le Parc du Marquenterre : la Sarcelle d’hiver. Depuis 1991 l’espèce est présumée nicheuse quasiment chaque année avec des cantonnements de couples, des femelles supposées sur le nid mais jamais l’observation de poussins. La donnée la plus probable est l’observation d’une canne avec 7 juvéniles volants le 27 juin 2003, mais on ne pouvait être certain qu’ils soient nés sur le site.

Le 16 juin, un couple est noté avec 4 gros jeunes d’environ quatre semaines entre le poste 6 et le poste 7, emplacement idéal puisque l’espèce apprécie les milieux très fermés.

Ce petit canard est extrêmement discret en période de nidification et on ne dispose en Picardie que peu de données de reproduction « certaine » (Hâble d’Ault, basse vallée de l’Authie, Thiérache, marais d’Isle à Saint Quentin…). Faute aussi de prospections spécifiques notamment en soirée dans des milieux souvent privés et inabordables.

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley