Où l’on gazouille, piaille et babille sur la vie de nos chers oiseaux

Samedi 8 juin, au lever du jour. Les vents se déchaînent depuis la nuit, atteignant certainement plus de 100 kilomètres par heure. La traîne de la tempête Miguel, qui a sévi sur la côte atlantique, est cette fois pour nous. Dès le portail d’entrée du Parc, branches et feuilles recouvrent le chemin routier. C’est la gorge serrée que les équipes du Marquenterre font le premier tour des parcours pour dégager les sentiers des saules tombés. La pluie redouble d’intensité, les arbres craquent.

A la héronnière, aucun adulte de grands échassiers n’est présent, trop de vent pour se tenir statique sur les nids. Plus de 200 spatules sont « tassées » sur le premier plan d’eau en bas du point du vue, alors que des cigognes adultes s’abritent près du poste d’observation. Les poussins, seuls, se massent sur les nids. Les jeunes Aigrettes garzettes, presque volantes, appliquent une remarquable technique de protection : accrochées à une branche le long d’un tronc grâce à leurs doigts, elles se recroquevillent sur elles-mêmes, comme de véritables boules de neige duveteuses. Et elles tiennent ! Sur les parcours, les nids d’Avocettes, mouettes et échasses en bord de berge subissent les vagues du clapot et se recouvrent d’écume ; certains sont submergés.

Entre les postes 11 et 12 la plateforme accueillant un nid de cigogne avec deux poussins n’est plus visible. En accédant au site en fin de matinée, on découvre au sol les jeunes bien vivants, enfouis sous les branches du nid qui s’est écroulé sous la force des rafales. La nuit a dû être longue pour eux !

Ces deux poussins vont être nourris et gardés trois jours, le temps de bien faire les choses. Mardi, tôt le matin, la plateforme est redressée, haubanée, et les cigogneaux retrouvent leur nouveau nid douillet (merci Jérôme pour le foin !) ; poissons et viande sont aussi déposés. Les adultes sont-t-ils encore là ? Le stress leur a-t-il fait quitter les lieux ? A midi, de retour des postes, Margot Tharan, guide au Parc, observe avec joie un des adultes sur le nid, qui « papouille » ses petits ! Ils ne les ont pas oubliés ! Le 22 juin les deux jeunes – dénommés Daurade et Cabillaud – sont bagués par leurs sauveuses. Ils porteront les bagues vertes FHXW et FHXZ.

Nous avons réussi mais c’était loin d’être gagné ! Face au risque de se tromper, d’être discrédité, d’entendre « c’est la nature », « c’était écrit » ou « on te l’avait dit que ça ne marcherait pas »… Décider simplement d’agir sans avoir le doute du choix face à celui de l’immobilisme. La vie est toujours plus forte…

Merci à Amandine, Laëtitia et Cécile, pour avoir ramené les poussins, à Cédric, Francis et Clément pour avoir redonné un nid à ceux qui l’avaient perdu.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Philippe Carruette, Gaëlle Micheli

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En bref: 120 Avocettes élégantes, 102 Barges à queue noire, 18 Echasses blanches…

Le 27 mai dernier, Pierre, guide naturaliste et photographe au Parc, a pu prendre une série de clichés d’un mâle chanteur de Phragmite des joncs, à proximité de l’observatoire n°12. Sur ordinateur, il a été possible de lire et de reformer le numéro complet de la bague : il s’agit d’un oiseau qui a été bagué au Parc par Adrien, guide et bagueur, dans le même secteur le 18 juillet… 2012 ! A l’époque, l’oiseau était un jeune de l’année.

Les Phragmites des joncs hivernent au sud du Sahara, à plus de 4000 km de la baie de Somme. Cet individu, du haut de ses 10 grammes, a donc effectué 14 trajets entre Europe et Afrique… soit plus de 56 000 km !

Texte : Adrien Leprêtre

Illustrations : Alexander Hiley, Pierre Aghetti

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Nous sommes habitués au Parc à croiser le chemin de cigognes nées en Belgique, aux Pays-Bas, en Normandie… Mais la surprise fut grande l’été dernier !

Lors d’une sortie estivale le soir du mercredi 18 juillet 2018, trois Cigognes juvéniles se posent devant notre groupe. Elles sont munies de bagues Darvic blanches BEWM, BEWN, BEWP. Celles-ci sont toutes neuves, et les oiseaux, ailes pendantes, ont l’air bien épuisés. Ces bagues sont françaises et on pense aussitôt aux quelques nids du Pas-de-Calais et du Nord. Or pas du tout ! Les trois oiseaux de la même couvée ont été bagués le 5 juin 2018 poussins, à 7 semaines, par Jean-Claude Barbraud en… Charente Maritime à Hiers-Brouage dans le marais de Brouage, le département français où niche à l’état sauvage le plus grand nombre de Cigognes blanches.

Qu’est-ce qui les a poussés à remonter au Nord, alors qu’à la mi-juillet tous ces juvéniles filent droit vers les Pyrénées et l’Espagne ? Un coup de vent violent ? Du brouillard qui empêche de voir les astres, et donc de s’orienter visuellement ?

Ils ne seront pas revus le lendemain où le beau temps revenu a dû les remettre sur la bonne route, direction le Sud ! Comme quoi les cigognes charentaises ne sont pas… pantouflardes !

Texte : Philippe Carruette

Photo : Valentin Faivre

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