Où l’on gazouille, piaille et babille sur la vie de nos chers oiseaux

Régulièrement en fonction de nos emplois du temps plus que chargés nous baguons des passereaux sur le parc (parking, poste 11…) et en Baie de Somme (Anse Bidard) pour le suivi migratoire, avec
dès fin juillet la dispersion des passereaux paludicoles (vivant dans les milieux palustres). C’est l’occasion de baguer de nombreux Phragmites des joncs, Rousserolles effarvattes (très peu de
juvéniles cette année) et Verderolles. Une jeune Gorgebleue fut bagué le 21 juillet ainsi que des jeunes hirondelles rustiques qui dorment le
soir dans les roselières et que l’on « cueille » le matin au lever du jour. Toute cette campagne de baguage est indispensable à la meilleure connaissance au fil des 40 ans du parc et
donc protection de notre petit peuple du ciel.

 

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Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

 

Une grosse pelote de réjection est ramenée au pavillon par les guides naturalistes, et dedans se trouve un objet inattendu… une bague en aluminium, rejetée avec d’autres parties non digérées de
la proie (os, plumes …). Le numéro sur la bague est vite relevé. Il correspond à une poule d’eau baguée récemment au parc. Mais ce n’est pas n’importe quel rapace qui est capable de consommer une
proie de cette taille. Après discussion, nous estimons que le prédateur est une buse variable, aussi bien charognard que prédateur.

Un autre objet insolite est découvert quelques semaines plus tard. Une deuxième pelote est trouvée sur le parcours, cette fois sur une branche en-dessous de laquelle plusieurs plumées  ont
déjà été trouvées. C’est bien l’épervier d’Europe qui plume ses victimes ici. En décortiquant la pelote on retrouve….une deuxième bague ! Plus petite que la première, ça ne peut qu’être une
bague de passereau. Et à notre grand étonnement, ce n’est pas inscrit Museum Paris  sur la bague mais London ! L’identité de la victime n’est pas encore connue, mais la
réponse du BTO (organisation s’occupant des données de baguage en Grande-Bretagne) par l’intermédiaire du Museum Paris  nous la confirmera bientôt. Qui est ce migrateur peu chanceux qui
était si près de retrouver son site de nidification ?

Très peu d’oiseaux bagués sont contrôlés par la suite. Les reprises (oiseaux recapturés dans les filets de baguage) représentent la majorité de ces contrôles.  Parfois les individus bagués
sont retrouvés morts. Comme l’on peut imaginer, les bagues retrouvées dans les pelotes sont infiniment plus rares !

 

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Alexander Hiley (Guide Photo Naturaliste)


Fin juin, la campagne de baguage au nid des poussins de Cigogne blanche bat son plein au Parc. Certains poussins, dans la héronnière par
exemple, ne pourront être bagués pour la sécurité des oiseaux… et du bagueur ! Mais ceux qui sont plus accessibles et surtout moins succeptibles au dérangement, sont bagués systématiquement,
avec l’aide des guides naturalistes.

Les cigogneaux sont pesés et mesurés. Le bagueur  leur pose une bague métal numérotée. Une bague plastique de couleur blanche avec 4 lettres noires est rajoutée à l’autre patte
pour permettre l’identification à distance des individus. Les jeunes sont bagués à 6 ou 7 semaines quand la patte est bien développée et qu’ils commencent à se mettre régulièrement debout sur le
nid.

On sait que la majorité de « nos » jeunes cigognes « picardes » hivernent dans le sud de l’Espagne et du Portugal (région de Faro). D’autres vont au Mali, en Mauritanie ou au
Niger. Pour cela ils longent les côtes françaises ou passent à l’intérieur par la Mayenne, l’Indre et Loire, l’Allier.  Relativement peu de jeunes nés en Picardie reviennent nicher chez nous
après avoir hiverner théoriquement deux ans au sud.

Malgré le printemps froid la nidification reste correcte cette année avec souvent 3 ou 4 jeunes par nid. Le nombre de poussins est totalement tributaire des ressources alimentaires. La base
du régime alimentaire est composée de rongeurs, batraciens et insectes mais tout ce qui circule sur le sol ou dans l’eau à proximité du bec est une proie potentielle.

Tous ces poussins partiront en migration dans trois ou quatre semaines, sans les adultes. Une partie de ces adultes partiront à partir de la mi-août après avoir effectué leur mue. Tous ont
impérativement besoin des courants d’air chaud pour pouvoir utiliser leur économique vol plané.

 

Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Photos: Alexander Hiley, Céline Verley (Guides Naturalistes)

 


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Dimanche 7 avril une surprise de taille attend les guides naturalistes du parc du Marquenterre lors d’une opération de baguage…

Un Butor étoilé se trouve capturé dans une nasse de baguage ! Ce héron paludicole devient extrêmement rare en France avec seulement 332 mâles
chanteurs en 2008 pour une population européenne estimée entre 20.000 et 43.000 mâles chanteurs (plus de la moitié sont en Russie). L’oiseau est aussitôt mesuré et muni d’une bague du Museum
Paris (Centre de recherches sur le Baguage des oiseaux). Très peu de Butors étoilés sont bagués en France et c’est certainement un des rares qui fut bagué en Picardie. Certains critères (taille,
couleur de l’iris…) laisse à penser que c’est une femelle adulte. Le butor paraît massif mais pèse moins lourd que le Héron cendré. Les femelles font entre 800 et 1100 grammes et les mâles ne
dépassent pas 1,900 kg pour 1,20 mètre d’envergure. 

Un plan national de restauration a été mis en place  pour l’espèce par le Ministère de l’Environnement. En 30 ans la population française a baissé de 35% (500 mâles chanteurs en 1970) et a
disparu de 9 régions françaises. Les bastions de l’espèce reste concentré en trois lieux : Camargue, estuaire de Seine et Brière. On ne sait pas vraiment les principales causes de
disparition. La population picarde est passée de 105 couples en 1970 à moins de 30 mâles chanteurs (Hable d’Ault, Marais de Sacy, Péronne…) alors que les sites de nidification pour la plupart ont
peu évolué. Le boisement des roselières, la mauvaise gestion de l’eau sont des causes connues mais la prédation et le stress sur les nids par le renard et le sanglier en expansion ont été
sûrement sous estimés (le butor niche au sol !). La mortalité d’un seul adulte sur cette espèce protégée à des conséquences importantes sur une population fragilisée.

Depuis trois ans un important programme de développement des zones de bas marais est effectué sur le parc du Marquenterre par étrépage de secteurs atterris et boisés. L’eau gagne de nouvelles
zones et une roselière maîtrisée s’y développe. Alors que le butor ne fut observée que 4 fois de 1973 à 1987 sur le parc , il est maintenant observé tous les ans en hivernage depuis 2004 avec un
maximum de 4 individus cette année en février. D’autres oiseaux liés aux roselières ont profité de ces travaux judicieux comme le Héron pourpré, le Râle d’eau et la jolie Panure à moustaches
devenant de plus en plus réguliers sur le site.

Philippe Carruette (Responsable pédagogique)



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 Nathanaël Herrmann

 

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   Armelle Guillo

Hier trois Tarins des aulnes ont ajouté une touche de couleur aux mangeoires situées devant le pavillon d’accueil du Parc.

Ce petit passereau peu farouche se laissait observer à faible distance pendant qu’il profitait des graines de tournesol riches en lipides mises à sa disposition. Les filets de baguage sont aussi
installés à proximité des mangeoires. Cela afin d’approfondir nos connaissances des oiseaux « du jardin ». Ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’un beau mâle de tarin se
prenne dans les filets, permettant une observation encore « plus » privilège. On espère surtout avoir une meilleure connaissance de ces hivernants.

De tout près, on a pu admirer son plumage vert-jaune vif (qui se marie parfaitement avec la nouvelle tenue des guides naturalistes qui assistaient, certains pour la première fois, à cette séance
de baguage imprévue !), et sa calotte et menton noirs (mâle seulement).

La mise en place de la bague,  un petit bilan rapide son poids et âge et le tarin a été relâché  aussitôt pour reprendre sa priorité du moment – la prise de poids, car d’ici peu les
tarins, comme beaucoup de passereaux hivernants,  seront repartis vers les immenses zones forestières du nord de l’Europe. On ne sait guère si les tarins britanniques ont une tradition
d’hivernage dans notre région comme les chardonnerets… « Wait and see ! »

 

Dernière info:

Ce midi encore une capture de tarin dans les filets. Et l’individu portait une bague… norvégienne ! Ce n’est que la deuxième fois que
l’on contrôle un oiseau norvégien au Parc (la première étant un Bruant des roseaux en hivernage également).

 

03 - Mars 0805

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Texte et photos: Alexander Hiley (Guide Photo Naturaliste)