Abeille ou mouche ?

Pour ce début d’été, nous vous proposons un quizz qui vous plongera dans le monde fascinant des petites bêtes jaunes et noires qui volent, volent… 

Mais justement, combien d’ailes ont-elles, ces jolies créatures : 2 ou 4 ? Si vous ne voyez qu’une seule paire, il s’agit d’un Diptère (du grec di = deux, et pteron = ailes), ce grand ordre d’insectes qui comprend mouches, syrphes, taons, tipules et autres moustiques. Si vous pensez qu’elle est doublement équipée, c’est un Hyménoptère (du grec hymen = membrane, et pteron = ailes), comme les abeilles, guêpes, frelons ou fourmis. 

Alors, mouche ou abeille ? À vous de jouer ! 

L’Éristale brouillée (Eristalis intricaria)

Eh non ! Malgré ses jolies rondeurs, son épaisse fourrure noire et rousse et son popotin tout blanc, il ne s’agit pas d’un bourdon, mais bien d’une mouche ! L’Éristale brouillée appartient à la grande famille des Syrphidés. On la rencontre d’avril à septembre aux abords d’eaux croupissantes chargées de matière organique en décomposition et d’excréments en tous genres… dont raffolent ses larves, dites saprophages. Les adultes sont d’humeur plus bucolique, et volètent de chaton de saule en fleur de chardon pour y butiner le nectar sucré. Bon appétit !

Le « Général à longues cornes » (Stratiomys longicornis)

Oh la jolie petite Andrène ! Raté, il s’agit encore d’une mouche, surnommée en anglais le “Général à longues cornes”. Ce diptère trapu, à la toison dense, brun roux, appartient à la famille des Stratiomyidae, ou “mouches soldats”. Au repos, elle a la particularité de superposer ses ailes au-dessus de son abdomen large et aplati. Ses larves grandissent en eau saumâtre.

La Mouche pourceau (Eristalis tenax)

Point d’abeille ici, mais encore un Diptère : l’Éristale gluante, ou Mouche pourceau ! Présente sur tous les continents (sauf l’Antarctique), cette grosse mouche très commune est visible quasiment toute l’année. Migratrice, elle est aussi capable d’hiberner, bien à l’abri dans les caves ou les grottes.  Si les adultes butinent les fleurs, appréciant particulièrement les ombellifères et le lierre, leurs larves ont un mode de vie beaucoup moins… alléchant : elles se nourrissent de matière organique en décomposition dans des eaux eutrophes et pauvres en oxygène, tels que fosses à purin, égouts et autres mares polluées. Avec leur corps tout mou et leur siphon respiratoire extensible pouvant atteindre 10 cm, pas étonnant qu’on leur ait donné le surnom peu flatteur de “ver à queue de rat”… Mais ne soyons pas ingrats, et sachons remercier ces petites bêtes qui participent généreusement à l’épuration des eaux ! 

La Volucelle zonée (Volucella zonaria) 

Oh mon Dieu, sauve qui peut, un frelon ! Pas de panique. Premièrement, les frelons sont inoffensifs, dès lors qu’on les laisse vivre leur vie sans les déranger. Et deuxièmement, point de bêbête qui pique ici, puisqu’il s’agit, une fois encore, d’une mouche paisible : la Volucelle zonée. Toutefois, le mimétisme est troublant, puisqu’il s’applique jusque dans le mode de vie. En effet, ce Syrphe confie sa progéniture à diverses espèces d’hyménoptères, dans le nid desquelles il pond ses œufs. Les larves se nourrissent des restes de nourriture qu’elles y trouvent, tandis que les adultes glanent le pollen des fleurs. 

Le Syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus)

Si vous avez bien suivi, vous savez désormais que les Syrphes sont… des mouches ! Celui-ci est l’un des plus répandus en Picardie – et plus généralement en Europe -, où on le croise de février à novembre, voire en plein hiver s’il ne fait pas trop frisquet. Particulièrement ubiquiste, le Syrphe ceinturé fréquente pratiquement tous les milieux terrestres, y compris les grandes villes. Les adultes nectarivores et pollinivores visitent les fleurs, ponctuant leur parcours de haltes en vol stationnaire remarquable ; ils sont capables d’effectuer de formidables migrations. Leurs larves sont de féroces prédatrices de pucerons, parfois d’autres petites proies. Pollinisation des plantes et régime aphidiphage : en voilà un précieux allié du jardinier ! À noter que si les températures sont basses lors de la période de pupation – transformation des asticots en nymphes -, les bandes noires des adultes ont tendance à s’étendre davantage. Pratique, puisque les couleurs sombres absorbent mieux les rayons du soleil, donc la chaleur !

La Volucelle bourdon (Volucella bombylans

Cette fois, pas de doute possible, il s’agit d’un bourdon ! Eh bien non, toujours pas. Même si elle en a l’allure, même si ses larves parasites se développent dans les nids des Hyménoptères, et même si elle en porte le nom, la Volucelle bourdon n’en est pas un ! On la rencontre de mai à septembre dans les prairies, les lisières de bois et les bords de chemin. Il existe trois variations de couleurs : une imitant le Bourdon des pierres (Bombus lapidarius), avec son corps noir à l’extrémité orangée (celle présentée ici) ; une ressemblant au Bourdon terrestre (Bombus terrestris), dont l’abdomen jaune et noir se termine par une touffe de poils blancs ; une, plus rare, jaune, noire, et à l’apex rougeâtre. Encore un exemple de mimétisme batésien, cette formidable stratégie d’adaptation : en singeant les motifs et les couleurs d’un Hyménoptère, les Syrphes ont développé un moyen efficace de tromper de potentiels agresseurs, qui pensent avoir affaire à des bestioles un peu trop “piquantes” à leur goût… alors qu’elles sont la douceur incarnée ! 

Dasysyrphus albostriatus 

Vous l’aurez compris : toujours pas d’abeille en photo de couverture, mais encore et toujours une mouche, le Dasysyrphus albostriatus. On vous aura bien eus ! Une occasion pour nous de mettre un gros coup de projecteur sur ces Diptères que l’on ne regarde que trop peu, et qui, pourtant, sont de véritables merveilles. Alors sachons rendre hommage à tous ces Syrphes qui volètent de fleur en fleur, et participent ainsi gratuitement au service de pollinisation, de manière aussi efficace que les stars des ruches ! 

Texte et illustrations : Cécile Carbonnier 

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