La période de nidification chez les oiseaux au Parc du Marquenterre s’est enfin décidée à débuter. En effet, du retard est constaté cette année, dû peut-être aux températures fraîches de ce début de printemps.
Comme chaque année, ce sont les Cygnes tuberculés, les Foulques macroules, les Hérons cendrés et les Cigognes blanches qui ouvrent le bal. Néanmoins, un couple de Grèbes castagneux a construit un nid incognito au pied du poste 9, fidèle à cet emplacement pratique, puisque protégé par les branches d’Argousiers.
Saviez-vous que cet oiseau à la morphologie si particulière n’appartient pas à la famille des Anatidés – autrement dit canards, oies et cygnes – mais à celle des Podicipédidés ? Les pattes des grèbes étant situées très à l’arrière du corps, on le surnomme parfois “Pattes-au-cul” ! D’un point de vue étymologique, « castagneux » vient du latin en référence à sa tête couleur châtaigne.
Le Grèbe castagneux construit une belle nacelle flottante composée presque exclusivement d’algues. 4 à 6 œufs sont pondus généralement entre avril et septembre ; notre couple, qui a déjà pondu deux œufs, est donc plutôt précoce ! Ceux-ci seront couvés pendant 20 à 25 jours à tour de rôle. Ces pontes sont précédées de magnifiques parades face à face, chacun avec une algue dans le bec.
Une fois les juvéniles nés, ils seront transportés sur le dos d’un des parents pendant que l’autre partenaire les ravitaillera en petits poissons n’excédant pas 10-15 cm pendant une dizaine de jours ; âge à partir duquel les poussins sauront nager. Mais ils resteront dépendant des deux adultes pendant environ deux mois.
Texte : Foucauld Bouriez / Illustrations : Alexander Hiley, Foucauld Bouriez
Mouette mélanocéphale recherche partenaire
Au point de vue en matinée du 6 mars 2025 résonnent des miaulements dans le ciel… C’est parti, voilà revenues les Mouettes mélanocéphales ! Certaines remontent vers le nord – normal, on est en migration prénuptiale -, d’autres descendent étonnement vers le sud ! Sur la grande colonie nicheuse future du poste 2, les effectifs changent tous les jours, avec des pics en soirée. Bref, ces oiseaux ont la bougeotte en permanence.
Il y a quelques années, on pensait qu’elles cherchaient à s’installer sur les colonies les plus productives, celles à gros effectifs comme la zone industrielle d’Anvers en Belgique (plus de 4000 couples), mais les oiseaux bagués et leurs comportements ont éclairé nos lanternes et nous ont permis de “penser mouettes”.
Nos Mouettes rieuses nicheuses arrivent du centre de l’Espagne, pour beaucoup déjà en couple, surtout si elles ont réussi l’année dernière leur reproduction sur les îlots. Tout est immédiatement “bien rangé”, avec les distances de tolérance entre chaque idylle, même si les cris grinçants résonnent de partout, notamment lors de différends entre voisins (toute ressemblance avec une espèce bien connue et indépendante de notre volonté…).
Pour la Mouette mélanocéphale, c’est bien différent : on arrive en solo, en groupe disparate, de partout, c’est-à-dire de toute l’Europe, en mode nomade et dispersé. Le but : se poser sur des endroits où il y a des collègues déjà en stationnement et retrouver… son compagnon ou sa compagne de l’année dernière ! Et pour cela, au diable la sobriété énergétique, on va parcourir des centaines de kilomètres pour arriver à ses fins et visiter en mars avril les meilleurs spots de rencontres d’Europe.
Et le Marquenterre – au centre des grandes colonies belges, hollandaises mais aussi françaises (Noirmoutier, lagune de Bouin en Vendée, Seine-et-Marne ou encore Blois) – est un must à ne pas rater pour trouver l’âme sœur ; un véritable meeting spot pour Mouette mélanocéphale !
Ce sont les oiseaux bagués qui nous ont progressivement révélé leurs secrets intimes. Généralement se sont des mâles belges et hollandais qui arrivent les premiers chez nous. Mais on en apprend aussi tous les jours grâce aux discussions entre passionnés de ces oiseaux étonnants – merci Camille Duponchel, Alain Le Dreff, Renaud Flament, Régis Marty… et tant d’autres !
Quelques exemples concrets de curriculum vitae de Mouettes mélanocéphales globe-trotteuses qui viennent tout juste d’arriver en 2025 :
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley