Les premiers Garrots à œil d’or sont de retour en hivernage sur le Parc le 18 octobre 2024, avec un juvénile et une femelle adulte. C’est une date classique plutôt précoce depuis 1973. Le « record de précocité » est récent, le 2 octobre 2023, toujours avec un juvénile. Les mâles adultes arrivent plus tard, attachés à leur territoire de nidification.
Alors que ces derniers étaient nettement minoritaires voire rares, cela n’est presque plus le cas ces dernières années. Le petit nombre de jeunes oiseaux s’accentue aussi, soit du fait d’une faible reproduction, soit d’un stationnement plus nordique. Les oiseaux adultes étant alors probablement dans ce cas des oiseaux ayant mémorisé au fil des années l’hivernage sur le site du Parc… Ce qui implique qu’à la disparition de ces individus fidèles, les stationnements seront appelés à diminuer dans les prochaines années.
Ce canard plongeur niche surtout en Russie, au bord de la Baltique, avec de petites populations en Allemagne et en Ecosse. Il a la particularité de nicher dans les arbres, notamment dans les anciennes loges de Pic noir. A l’éclosion, les canetons se jettent dans le vide pour rejoindre la cane qui les amène en zone humide. Ces populations nordiques sont en lente extension vers le sud, et depuis 1999 quelques rares couples nichent en France, dont récemment des cas dans l’Oise.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Jean Bail
Le PHENO, c’est parti… depuis 10 ans !
PHENO : un diminutif de phénologie de la migration, un programme de baguage du CRBPO (Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux, Muséum de Paris) mis en place pour étudier la migration postnuptiale en matinée durant près de 4 mois, d’août à mi-novembre.
En effet, c’est en plein été que nombre de passereaux nous quittent : rousserolles, phragmites, locustelles dans les roselières au fond du poste 6 ; fauvettes et pouillots dans les dunes buissonnantes ou forestières. Rouges-gorges, roitelets, merles et grives prennent le relais en septembre et octobre au fond des parkings. En forêt, le baguage en août concerne surtout des nicheurs locaux. Les Fauvettes à tête noire et des jardins atteignent leur pic de passage migratoire à partir du 15 septembre.
Malgré son « look », le Troglodyte mignon peut être aussi un grand migrateur tardif en novembre !
Outre l’étude de la phénologie de la migration pour chaque espèce, cela permet de montrer l’importance de certains habitats pour celles-ci. Ainsi la zone boisée dunaire à l’entrée du Parc jusqu’aux parkings est une indispensable trame verte entre les terres agricoles intérieures, le village et le Parc, tant pour des espèces forestières plutôt sédentaires comme la Sittelle torchepot ou la Mésange nonnette, que pour les migrateurs rampants comme la Mésange noire et les roitelets.
Belle surprise avec le baguage en début septembre d’un juvénile de Gobemouche noir en provenance d’Europe du nord. La population nicheuse française est estimée entre 2000 et 4000 couples pour la période 2009-2012, principalement en Alsace, en Lorraine et dans les forêts du sud-est de L’Oise et du centre de l’Aisne. L’espèce est en régression majeure en France comme dans d’autres pays européens (-23% entre 1980 et 2012). C’est un grand migrateur qui va hiverner dans les savanes d’Afrique occidentale de la Guinée au Cameroun.
Ces derniers jours, pluies et vents limitent fortement les possibilités de baguage pour la totale sécurité des oiseaux. On espère de meilleures conditions en octobre, et que ce mois s’inscrive dans une année d’irruption des Mésanges noires ou des Roitelets huppés, deux espèces fortement suivies sur ce site depuis août 2014, date de mise en place de cette station de baguage au fond des parkings.
Chaque année, un bilan et une interprétation de ce programme de baguage sont effectués pour valoriser localement ces données, et ce travail est intégré aux niveaux national et international par le CRBPO au sein de l’ensemble des stations PHENO françaises.
Texte et illustrations : Philippe Carruette