Blancheur poétique de Parnassie
Après le jaune des cocristes en fin de printemps, le mauve des salicaires de juillet, le marais se repeint en blanc avec le développement des tapis de Parnassie des marais (Parnassia palustris). Elle est facilement reconnaissable à ses fleurs blanches lumineuses à cinq pétales veinés de vert faisant penser de loin à celles du fraisier. Ses feuilles sont aussi caractéristiques : ovales, en forme de cœur, elles sont disposées à la base de la tige, sauf une qui se situe en son milieu (feuille caulinaire).
En Europe on la trouve surtout dans les prairies humides et tourbières de haute montagne où elle semble plus petite que celle de plaine. Elle est particulièrement abondante sur le Parc, dans les dépressions dunaires calcaires du début du parcours ou sur la panne devant le pavillon d’accueil. La saison sèche a provoqué une floraison tardive et plus difficile, faisant craindre sa pénurie, mais l’humidité d’août a redonné l’abondante blancheur au bas marais.
Son nectar attire nombre d’insectes, surtout les syrphes qui peuvent ainsi la féconder en apportant du pollen à d’autres individus. Les petites graines, contenues dans une capsule, sont très nombreuses, facilitant la dissémination par le vent et l’eau lors de la submersion du bas marais en automne. Cette espèce est protégée dans les Hauts-de-France comme dans de nombreux départements de plaine.
Linné, séduit par sa beauté, lui a attribué le nom du Mont Parnasse en Grèce centrale, terre mythologique de muses et de poètes.
Texte : Philippe Carruette
Illustrations : Alexander Hiley