Bondrée apivore, un temps parfait pour la migration

Pouvant être confondue de loin avec sa voisine la Buse Variable, la Bondrée apivore se distingue par sa silhouette plus légère et svelte. Si elle passe proche de vous, sa tête de pigeon est assez identifiable (grise pour le mâle, marron pour la femelle) ; s’il faut sortir les jumelles, alors regardez ses barres sombres bien marquées à la base des rémiges (plumes de l’aile) et des rectrices (plumes de la queue). L’iris de l’adulte est d’un jaune intense. 

Bien présente sur presque tout le continent européen en période de reproduction, nous l’observons sur le Parc surtout en passage pré et post-nuptial. Les individus ayant niché en Scandinavie ou en Russie partent en direction de l’Afrique subsaharienne en passant par les différents détroits (celui de Gibraltar pouvant être très spectaculaire). Les migrations s’effectuent en majorité en groupe, avec plus de chances de repérer les ascendances thermiques à plusieurs. En période de reproduction, la Bondrée devient territoriale et ne cherche pas la présence de congénères, à part celle de son partenaire. 

Contrairement à d’autres espèces arrivant assez tôt sur les aires de nidification pour préparer et défendre le territoire, le régime alimentaire de la Bondrée apivore l’oblige à arriver assez tard, en mai. En effet, celle-ci a un régime plutôt insectivore, et plus particulièrement apivore – d’où son nom ! – se nourrissant en majorité de couvain d’hyménoptères (les larves en développement, très nutritives) qui sont abondantes en été. Elle peut aller chercher les nids aériens ou cachés dans le sol ; ses pattes sont robustes avec des doigts griffus qui lui permettent de marcher et gratter le sol facilement. Heureusement pour elle, si la saison est mauvaise ou lors de l’intersaison, elle peut se rabattre sur d’autres proies invertébrées (divers arthropodes) voire vertébrées, comme les amphibiens. 

Étant assez fidèle au partenaire, le couple arrive uni sur le site de reproduction. Ils reprennent le nid de l’année précédente si celui-ci a survécu à l’hiver. Une parade nuptiale aérienne est exécutée (il faut maintenir la flamme !) avec le mâle qui, après s’être élevé dans le ciel, agite ses ailes trois ou quatre fois au-dessus de son dos. Dans le nid garni intérieurement de rameaux feuillés – spécifique à ce rapace – la femelle pond en moyenne deux œufs avec quelques jours d’intervalles. C’est elle qui s’occupe majoritairement de la couvaison, qui dure environ 33 à 35 jours. Le nourrissage des jeunes sera effectué par les deux adultes, mais chacun ayant une tâche différente : le mâle amène sa récolte de nids d’hyménoptères, et la femelle en extrait les larves et nymphes qu’elle distribuera aux jeunes. Au bout d’un mois et demi, ceux-ci sont déjà volants, mais ils dépendront encore des parents pour le nourrissage pendant deux à trois mois. 

Comme pour toutes les espèces insectivores, le dérèglement climatique ne peut qu’avoir des conséquences sur la conservation de la Bondrée apivore ; de plus, l’utilisation de masse d’insecticides met en péril sa bonne forme. Étant un migrateur longue distance, tout aléa sur son trajet peut aussi engendrer un déclin de l’espèce. Elle a longtemps été chassée en France, notamment dans le Midi, mais elle est maintenant protégée comme tous les rapaces de France. Néanmoins, sa chasse est toujours autorisée dans certains pays. 

Surveillez le ciel, les belles températures récemment sont parfaites pour les migrations des planeurs comme la Bondrée apivore, donc à vos jumelles et levez la tête !

Texte : Raphaële Thilliez / Illustration : Alexander Hiley

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *