Carnet rose chez les cigognes
Les couples de Cigognes blanches ont en ce moment leurs poussins… Le torchon rouge à carreau est de mise pour cette espèce chargée de symboles, à la fois porte-bonheur et emblème de la migration.
Les premières naissances ont été repérées vers le 15 avril sur le Parc, lorsqu’un adulte debout sur le nid, bec ouvert, régurgite un liquide épais constitué de la nourriture pré-digérée. Des attitudes particulièrement attentionnées de l’adulte, comme son extrême précaution lorsqu’il pose ses grandes pattes dans le nid, sont aussi un bon critère pour déceler les petits sans encore les apercevoir.
Ils seront visibles une dizaine de jours plus tard, quand ils commenceront à lever la tête pour réclamer. Demandez aux guides avec leur longue-vue de vous les montrer, notamment à la héronnière. Bon, autant prévenir tout de suite, ils ne sont pas des canons de beauté… Grisâtres, au bec noir, leur duvet est souvent peu rutilant avec ces périodes de froid et d’humidité qui ne maintiennent pas le nid très sec !
Des mythes orientaux complexes sont probablement à l’origine de la légende occidentale qui veut que la cigogne amène les enfants. Elle a ensuite voyagé partout en Europe, mais elle est souvent absente des régions où on ne trouve pas naturellement le grand échassier, comme en Scandinavie. En Alsace, la cigogne apporte les bébés dans la tambote (le tonneau à choucroute…!) de la sage femme. Lorsqu’un enfant laissait un morceau de sucre sur le rebord de la fenêtre à Imling au sud de Sarrebourg, la cigogne était attirée… et apportait un nouveau-né. Faut-il y voir là une version de notre petit rongeur avec la dent de lait et une pièce en récompense ?
Alors quand nos sympathiques collègues des Jardins de Valloires vont vous annoncer la naissance de bébés dans leurs magnifiques roseraies… croyez plutôt les cigognes !
Pour tout savoir sur les cigognes, un ouvrage de Pascal Etienne : La Cigogne blanche aux éditions Delachaux et Niestlé (épuisé mais on en trouve encore chez différents diffuseurs et solderies).
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail