Étonnante sangsue

En compagnie de l’école d’Hesdin, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir dans un fossé d’eau douce claire une superbe Sangsue médicinale (Hirudo medicinalis) ! Cet invertébré du groupe des annélides – vers segmentés – peut mesurer jusqu’à 15 centimètres. Elle se reconnaît à son dos sombre avec des lignes orangées pigmentées de noire. En la retournant, nous constatons que le ventre est clair avec des taches sombres. Cet individu est particulièrement grand (12,5 centimètres) mais rétracté il perd toute sa longueur et prend la forme d’une limace “contrariée”, voire d’une grosse olive… ! Elle est amphibie et nage parfaitement bien par ondulation, mais peut aussi se déplacer sur le sol par reptation à la manière des chenilles arpenteuses, s’aidant de ses ventouses. La respiration se fait à travers la peau.

La sangsue possède deux ventouses : une buccale, qui constitue l’organe de succion, et une à l’arrière, plus importante, qui sert de fixation. L’espèce adulte est en effet hématophage. Elle possède de remarquables récepteurs sensoriels pour repérer ses proies. Elle parasite en milieu aquatique batraciens, tritons, poissons mais aussi mammifères sauvages ou domestiques. La ventouse antérieure a en son centre trois mâchoires chitineuses de 100 à 150 dents permettant de faire une petite incision indolore en Y sur la peau. Elle aspire durant quelques dizaines de minutes entre 10 à 15 centimètre cubes de sang, avant de se décrocher. Cela va lui faire un repas à digérer pendant plusieurs mois ! Les glandes salivaires émettent une molécule, l’hirudine, anticoagulante et anti-inflammatoire, permettant de siroter le précieux liquide en toute tranquillité. 

 

Comme pour les escargots, toutes les sangsues sont hermaphrodites avec une fécondation interne entre individus, mais un seul des partenaires est inséminé. Elle pond une sorte de poche spongieuse contenant 6 à 18 œufs, dans laquelle se développent les embryons. Les jeunes sangsues, au départ carnivores, ne seront adultes qu’à partir de 5 ans. On parle pour cette espèce de longévité étonnante, pour un invertébré, de 15 à 40 ans ! C’est a priori la première observation de cette espèce sur le Parc. Seule la Sangsue de cheval (Haemopis sanguisuga), qui ne se nourrit pas de sang, avait été notée de manière régulière sur le site.

De par son habitat en eau claire et de bonne qualité, la Sangsue médicinale est relativement peu abondante et est considérée comme quasi menacée sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

Texte : Philippe Carruette / Vidéo : Léa Coftier