Généreuse et charmeuse eupatoire…
En cette fin d’été sur le Parc, l’Eupatoire à feuilles de chanvre (Eupatorium cannabinum) est en pleine floraison. Et ses nuances rosées ne laissent pas indifférents les insectes… Sa richesse en nectar et sa large “piste d’atterrissage” en font un véritable aimant à papillons, notamment les Belles-Dames et Vulcains en pleine migration ; le soir, ce sera le tour de l’Ecaille chinée et de l’Amaryllis, mais les Syrphes sont aussi de bons clients.
C’est une plante typique de la mégaphorbiaie, formation végétale hétérogène, dense, constituée de grandes plantes de marais (épilobes, valérianes, iris, rumex ou marisques…) souvent très mellifères et se développant sur des sols riches. Succédant au bas-marais, c’est le stade intermédiaire, refuge de nombreux invertébrés, qui prépare au marais boisé. Si votre jardin est humide et que vous voulez attirer les papillons, préférez-la au Buddleia plus envahissant et non natif de la flore européenne !
L’Eupatoire doit son nom complet à ses feuilles composées et dentées qui évoquent un peu les feuilles de cannabis ! Elle avait de nombreuses actions thérapeutiques, notamment hépatiques et anti-inflammatoires, mais elle est dangereuse à forte dose et usage prolongé, et elle est négligée par les herbivores. Connue de nos campagnes picardes, elle a aussi été l’objet de maintes légendes, dont la plus charmante est celle de favoriser le pouvoir de séduction ! On conseillait aux jeunes filles, lors de leur premier bal champêtre, de glisser une fleur sous leur jupe… Faute de prétendant, cela pouvait tout au moins attirer une jolie farandole virevoltante de papillons… autour de celles qui faisaient “tapisserie” !
Texte : Philippe Carruette
Illustrations : Clément Parissot, Philippe Carruette