Hanneton d’un soir…
Sur une tige d’oyat, un gros coléoptère se repose en ce matin d’été avec discrétion et lenteur. Un vrai bijou des dunes : c’est le Hanneton foulon (Polyphylla fullo). Ses élytres – la carapace qui protège les ailes fragiles – sont de couleur chocolat, marbrées de taches blanches du plus bel effet. Comme chez tous les hannetons, les antennes sont un éventail de 7 feuillets plus développés chez le mâle. Si on le saisit – il est vraiment inoffensif ! – on entend des “cris” aigus, comme si on passait un doigt humide sur une vitre : ce n’est que le frottement des derniers segments de son abdomen sur les élytres, comme le font aussi certains Capricornes.
La larve est le ver blanc bien connu, qui se nourrit dans les dunes des racines d’oyats et de divers débris végétaux. L’adulte, dans sa sobriété, consomme des aiguilles de pins, la nuit, sans aucun impact sur la masse du feuillage des résineux.
C’est lors des longues soirées crépusculaires de début d’été que les mâles vont voleter autour des pins, antennes en éventail à la recherche des femelles posées. Et le lendemain matin, sur les chemins du Parc, quand nous partirons dans les postes d’observation, nous trouverons au sol les deux élytres séparées… restes déchus des amours du Foulon, qui a attiré aussi l’appétit du Faucon hobereau et des chauves-souris. Mais dans 3 ans, après 3 nymphoses, notre grassouillet ver blanc deviendra à son tour, comme pour honorer un calendrier saisonnier bien réglé, un joyau éphémère du solstice d’été !
Texte : Philippe Carruette
Illustrations : Nathanaël Herrmann, Philippe Carruette