Harelde boréale : une rareté devenue régulière
Depuis le 12 juin 2021, un mâle immature d’Harelde boréale stationne au poste 4. Il commence à acquérir sa belle livrée nuptiale, avec l’apparition progressive des longues plumes de la queue. Ce petit canard plongeur, semblant de loin noir et blanc, niche sur les zones montagneuses de la toundra scandinave – Islande comprise – au niveau du cercle polaire, jusque dans le nord de la Sibérie. On le retrouve aussi en Alaska et dans le nord du Canada, où il est très abondant, d’où son ancien nom d’Harelde de Miquelon. Il hiverne en mer Baltique et en mer du Nord, notamment dans le golfe de Botnie, où il se nourrit de mollusques et de crustacés en s’aidant en plongée de ses ailes qui lui permettent de descendre à plus de 50 mètres de profondeur, n’hésitant pas à se déplacer sous la glace. Malgré cette abondance nordique, il est bien peu observé en France avec souvent moins de 70 mentions par an, surtout d’octobre à avril. Bien des oiseaux doivent néanmoins passer inaperçus en haute mer.
Au Parc, l’Harelde boréale est vue depuis 1985 pratiquement tous les deux ans, avec une recrudescence des observations ces dernières années. Une des particularités du site est le nombre de données d’individus qui séjournent sur de longues périodes, notamment des mâles en juin. La surprise en 2019 fut la nidification réussie de l’espèce – une femelle avec 4 canetons – aux Pays-Bas, à plus de 700 km au sud des sites de reproduction scandinaves les plus méridionaux ! Pour l’instant au Parc du Marquenterre, nous n’avons assisté qu’aux parades nuptiales insistantes d’un mâle isolé, en juin 1992, sur des femelles de… Tadorne de Belon (faute de mieux !) qui, visiblement, n’appréciaient guère !
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Léa Coftier