Impatiente…
Impatiens capensis, l’Impatiente du Cap ou Balsamine du Cap, n’est pas une plante sud-africaine comme son nom pourrait le faire penser, mais nord-américaine. “Impatiente” fait référence aux graines qui sont contenues dans des capsules qui explosent au moindre contact. Importée en France comme plante d’ornement au XIXe siècle, elle est présente le long de la Somme depuis les années 1950. Aujourd’hui, l’Impatiente du Cap est classée comme une espèce exotique envahissante (EEE) dans les Hauts-de-France.
Le ministère de l’écologie et de la transition énergétique définit une EEE comme une espèce introduite par l’Homme volontairement ou involontairement sur un territoire hors de son aire de répartition naturelle et qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales. Le processus pour qu’une espèce devienne envahissante comprend 4 étapes :
- Transport : une espèce est déplacée, par intervention humaine, au-delà de la capacité normale de dispersion des individus. Ballast de bateaux, bagages en soute de voyageurs transcontinentaux, marchandises importées du bout du monde, tout ce qui est déplacé peut contenir des graines, des œufs ou même des individus adultes de plantes, d’animaux ou de champignons.
- Introduction : l’espèce arrive sur un nouveau territoire.
- Installation : la population nouvellement arrivée parvient à s’acclimater à son nouvel environnement et à s’y reproduire.
- Expansion : dispersion autour du point d’introduction. Les animaux juvéniles s’éloignent de leur lieu de naissance, les graines produites par les plantes récemment installées vont se déplacer par le vent, le courant ou les animaux et germer loin de là où elles ont été produites.
D’après les estimations, seules 1% des espèces passent à l’étape suivante. Donc pour 1000 espèces transportées, 100 seront introduites, 10 vont réussir à s’installer et une seule deviendra envahissante. C’est le cas d’Impatiens capensis.
Sur le Parc du Marquenterre, elle est présente sur une station assez réduite, proche des mangeoires, ce qui laisse penser qu’elle a été introduite dans un mélange de graines qui en contenait. La zone ayant été repérée très tôt, en 2022, des opérations d’arrachage ont été menées par l’équipe de gestion de la Réserve et vont continuer pour retirer tous les plants avant la floraison, afin de limiter la dispersion des graines.
Les impacts de cette espèce sont pour l’instant peu documentés, mais il a été observé qu’elle crée des peuplements monospécifiques (d’une seule espèce) denses sur les bords de canaux au détriment d’espèces locales.
La gestion de l’Impatiente du Cap comporte une première étape importante, s’assurer que la plante qui va être arrachée n’est pas l’espèce locale Impatiens noli-tangere ou l’Impatiente n’y-touchez-pas, qui porte assez bien son nom car elle est classée assez rare dans la région Hauts-de-France.
Un petit schéma maison s’impose pour faire la distinction…
Une fois la confusion possible levée par les botanistes du Syndicat Mixte Baie de Somme-Grand Littoral Picard, les chantiers d’arrachage ont pu débuter. Le système racinaire d’Impatiens capensis étant peu développé, l’arrachage manuel est simple et laisse peu de risque de reprise d’un pied. Plusieurs passages sont nécessaires pour retirer tous les plants. Ces opérations ont nécessité des moyens humains et matériels pendant plusieurs jours alors que l’espèce a été observée très tôt ; limiter les voies d’introduction est moins coûteux tant en outils qu’en temps. Cette méthode est donc généralement privilégiée dans la gestion des EEE.
Texte et schéma : Ombeline Duval / Illustrations : Aymeric Watterlot (Conservatoire botanique national de Bailleul)