King Lizard
Le Parc du Marquenterre nous offre chaque jour son lot d’observations palpitantes, dignes des plus grands films fantastiques. La preuve avec ce Lézard vivipare (Zootoca vivipara) grimpé au sommet de sa ganivelle, tel King Kong sur le toit de l’Empire State Building…
Appartenant à l’ordre des squamates – du latin squama signifiant “écaille” – et à la famille des Lacertidés – les lézards – ce petit reptile au corps à peine aplati mesure entre 12 et 18 cm de long. Ses pattes sont courtes, son museau tout arrondi ; son ventre est orangé et son dos brun, gris ou roux, décoré de lignes et d’ocelles variées.
À l’instar des serpents et des tortues, les lézards ont une température corporelle variable : leur métabolisme ne produisant pas suffisamment de chaleur, ils sont totalement dépendants des conditions environnementales qui influencent leurs fonctions vitales – on parle d’animaux ectothermes. Donc point de fainéantise chez eux ! S’ils lézardent au soleil, sur une pierre ou une souche, c’est tout simplement pour réguler leur température !
Une fois leur petit corps réchauffé, ils partent en quête d’insectes, d’araignées et de vers à manger. Et lorsque la saison froide arrive, hop, ils se cachent pour hiberner, et roupillent jusqu’au retour des beaux jours…
Notons toutefois que notre Lézard vivipare supporte sans broncher le climat picard et les rigueurs du Marquenterre, où il fréquente les milieux frais et humides tels que les prairies et les abords de marécages. C’est d’ailleurs le reptile le plus septentrional au monde : on le rencontre jusque dans le nord de la Scandinavie, et il n’hésite pas à grimper en altitude, s’aventurant même dans les tourbières et les lisières forestières de montagne.
Signe de cette adaptation aux conditions frisquettes, la plupart des femelles sont ovovivipares : au lieu de pondre leurs œufs, elles les gardent bien au chaud dans leur bedon, et mettent au monde des petits déjà formés et autonomes. Pratique pour pallier le manque de chaleur !
Alors si vous croisez ce Godzilla miniature au détour d’un sentier, sachez profiter de sa compagnie… mais ne vous approchez pas trop ! Sans quoi il vous prendrait pour un prédateur éventuel. Et quand il a peur, le Lézard vivipare prend la fuite, abandonnant derrière lui sa queue qui continue à gigoter pendant plusieurs minutes ; on appelle ce réflexe de mutilation l’autotomie. La diversion est bluffante !
Une nouvelle queue repoussera – non non, ce n’est pas de la science-fiction – mais attention, ce pouvoir de régénérescence est à usage unique ! Donc ne le dérangeons pas… et apprécions sa présence comme on savoure un bon film !
Texte et illustrations : Cécile Carbonnier