La Brunette hivernale sort de sa torpeur
Le doux soleil qui a illuminé ce week-end pascal a permis la “résurrection” de nombreux insectes, parmi lesquels une demoiselle charmante mais très discrète : la Brunette hivernale (Sympecma fusca), aussi appelée Leste brun. Cette petite libellule (34-39 mm) passe facilement inaperçue ! En effet, son aspect plutôt terne la rend très mimétique de son environnement. Toutefois, elle possède parfois de magnifiques yeux bleus, qui ne laissent pas insensibles ses observateurs chanceux. Son abdomen couleur paille est ponctué de marques sombres caractéristiques en forme de torpilles. Au repos, elle maintient ses ailes fermées, bien serrées le long du corps. On constate alors que les ptérostigmas antérieurs et postérieurs – ces taches sombres et épaisses situées sur le bord des ailes, non loin de leur extrémité – ne se chevauchent pas.
Dès avril, les couples de Lestes bruns se forment : on aperçoit alors des tandems survoler la surface des eaux stagnantes à faible courant. La femelle, maintenue fermement à l’arrière de la tête par les cerques du mâle quelque peu “jaloux”, dépose généralement ses œufs dans les zones d’accumulation de débris végétaux flottants. Mais comment se fait-il que cette libellule soit déjà en train de pondre, alors que ses cousines achèvent tout juste leur métamorphose et sont seulement en train d’émerger des mares où elles ont grandi ? Tout simplement parce que la Brunette hivernale est la seule odonate européenne à hiberner à l’état imaginal (c’est-à-dire adulte), bien à l’abri dans les roselières ou les joncs ! Une exception qui fait d’elle la libellule la plus précoce de notre printemps.
Texte et illustrations : Cécile Carbonnier