La parade des « mélanos ».
Aux abords du poste d’observation n°1, des miaulements nasillards et plaintifs se font entendre, parmi les cris rauques des Mouettes rieuses… Ailes blanches, bec rouge vif, cagoule noir charbon sur la tête, c’est la Mouette mélanocéphale qui signale sa présence. Depuis quelques semaines, une centaine d’individus stationne sur un îlot enherbé, au milieu de la colonie de rieuses et d’Avocettes élégantes. Ces mouettes, plus rares que leurs cousines sur le littoral picard, auraient-elles élu domicile au Parc du Marquenterre pour se reproduire ? La nouvelle serait heureuse, puisqu’aucun couple n’a niché sur le site depuis deux ans.
Quelques indices nous laissent penser qu’elles pourraient bien se cantonner ici ; comme cet étrange comportement qui consiste chez le mâle à attirer sa partenaire… en vomissant ! Drôle de parade nuptiale, mais efficace. C’est la femelle qui la déclenche : ramassée sur elle-même, tête relevée, elle se met en posture de quémande alimentaire, exactement comme le ferait un poussin réclamant sa pitance à ses parents. A l’instar des oisillons, elle va même jusqu’à taper dans le bec du mâle. Cette gestuelle, résurgence d’une conduite juvénile, agit comme un stimulus qui entraîne la régurgitation de nourriture par le partenaire : il recrache mollusques et petits poissons à l’égard de sa femelle, procédé de nourrissage typique des laridés. Point culminant de la parade, l’offrande nuptiale est généralement suivie par l’accouplement. Ainsi, en reproduisant l’échange alimentaire pratiqué entre le parent et le jeune, le couple renforce ses liens. Et grâce à cette sollicitation, la femelle s’assure un ravitaillement salutaire, puisque l’ovogenèse (production des œufs) réclame de l’énergie.
Espérons que dans quelques semaines, des petites Mouettes mélanocéphales naîtront sur les îlots… et qu’elles quémanderont à leur tour vers et alevins à leurs parents !
Texte : Cécile Carbonnier – Photos : Alexander Hiley.