La première Aeschne
Malgré le beau temps, les libellules ne sont pas encore légion. Est-ce le fait des vents du nord, et de certaines nuits et matinées fraîches ? La première à ouvrir le bal est le Leste brun . Il faut dire qu’il a toujours de l’avance vis-à-vis des autres fées du marais, puisqu’il est le seul en Europe à passer l’hiver à l’état adulte ! Chez les Anisoptères, c’est généralement l’Aeschne printanière (Brachytron pratense) qui tient le podium de la précocité. C’est la plus petite des Aeschnes (moins de 6 cm !). Elle est plutôt commune chez nous sur les plans d’eau riches en végétation rivulaire et flottante. Elle est surtout bien visible de mi-avril à fin juin. Néanmoins, elle est moins commune dans le sud, voire quasi absente dans le sud-ouest de la France.
Les œufs sont vite pondus dans les tiges de plantes aquatiques ou dans les débris végétaux qui flottent près des rives. La phase larvaire dure deux à trois ans. Les mâles sont patrouilleurs, mais sans vraiment défendre de territoire comme les Anax. C’est pour cela que l’on peut parfois les observer dans les jardins assez loin de l’eau.
Cette femelle fut prise dans nos filets de baguage à passereaux, nous obligeant à couper quelques mailles pour la libérer avec plaisir, sans rancune… et sans bague ! On reconnaît le mâle à ses taches bleues sur le dessus de l’abdomen, tandis qu’elles sont noires et jaunes chez la femelle. Une autre particularité de cette espèce est que le thorax vert barré de deux lignes noires épaisses est velu, d’où aussi son nom moins “fleur bleue” d’Aeschne velue !
Brachytron vient du grec signifiant “abdomen court” et pratense signifie “pré, prairie”.
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Philippe Carruette, Cécile Carbonnier