La saison des anoures…
La douceur du mois de février, avec des vents de sud et des pluies fines régulières, a “reveillé” de manière bien précoce les batraciens. Déjà des Crapauds communs étaient sortis de leur torpeur hivernale dès mi-janvier, vite renvoyés dans leurs pénates avec le coup de froid…
Les premiers amphibiens observés sont généralement les Grenouilles rousses particulièrement résistantes au froid ; ce sont elles qui se reproduisent sur les lacs d’altitude de montagne. Elles ont déjà commencé à pondre dans les pannes en soirée, où la température de l’eau est supérieure à 5°C. Les mâles émettent sur et sous l’eau des “grouk grouk” avec leurs sacs vocaux internes, sortes de grognements discrets visant à attirer ces dames dans leur piscine naturelle. Les pontes – de 700 à 4000 œufs bicolores, noirs avec une tache claire au-dessous – sont déposées en quelques jours en amas à la surface de l’eau.
Avec 15°C en journée (février est normalement le mois le plus froid en Picardie…!) les Crapauds communs étaient aussi de sortie ces derniers jours, notamment les mâles, dont on a entendu les premiers chants le 15 février. Ce sont de petits cris plaintifs émis dans l’eau ou sur terre, “crouit crouit crouit”, surtout lors d’un conflit avec un autre mâle. Les femelles bien plus massives sortent souvent un peu plus tard. Tous deux ont néanmoins de superbes yeux à l’iris orangé ou cuivré, à émerveiller le plus blasé des naturalistes ! Cette année, triste surprise, de nombreux petits mâles sont retrouvés morts sur les bords de chemins, tout flasques, en position sur le dos sans blessure ni maladie apparente. Est-ce dû à un manque de nourriture, ou bien à un affaiblissement lié à cette succession de réveils et de retours à l’hibernation au fil des mois… ?
Mais nul doute que les batraciens sont les victimes les plus touchées de l’appauvrissement et de la banalisation globale de nos milieux ruraux.
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley, Cécile Carbonnier