Le bec du courlis

Mai est le mois des voyages au long cours pour une myriade de petits échassiers – les limicoles – qui remontent depuis l’Afrique de l’Ouest vers le nord de l’Europe, faisant une halte au Marquenterre : Pluviers argentés en route vers le cercle polaire, Barges à queue noire vers l’Islande, Bécasseaux cocorli vers la Sibérie, Courlis corlieu vers la Norvège… L’occasion pour nous de nous pencher quelques instants sur le bec de ce dernier.

Non, le courlis n’a pas développé un bec courbé pour mieux attraper les vers arénicoles (vers de vase) ! Du moins, ce n’est pas exactement comme cela que les choses se sont déroulées… Pour en arriver à une telle particularité, des milliers d’années se sont écoulées et tout a commencé par hasard

Ce hasard correspond à une mutation purement aléatoire de l’ADN d’un individu. Par chance, cette mutation confère à notre courlis la capacité d’aller chercher des vers où aucun autre oiseau n’en était capable avant, dans des cavités en U. Étant mieux nourri, notre courlis à considérablement augmenté son succès reproducteur et a donc pu transmettre sa mutation à sa descendance. 

Si ce même changement (même mutation) est opéré chez plusieurs individus sur plusieurs générations, alors cette mutation peut se fixer dans la population et tous les courlis finissent par développer un bec courbé ! 

Texte : Jean Capelle / Illustration : Nathanaël Herrmann