Le « grooming » des Spatules.
Les Spatules blanches se feraient-elles des papouilles ? Posés en bordure du marais du poste n°3, deux oiseaux se font face : chacun a mis son bec dans les plumes du cou de son partenaire, et semble le gratouiller. L’ambiance qui se dégage, dans le soleil couchant, est empreinte de sérénité et de douceur…
Cette séance de fourbissage mutuel a plusieurs avantages : en effet, c’est bien pratique d’avoir un congénère qui entretient les zones corporelles difficilement accessibles par soi-même ! Au revoir les parasites, place à une parure toute lisse ! Rappelons d’ailleurs que les oiseaux passent beaucoup de temps à entretenir leur plumage, puisqu’il sert à la fois d’isolant thermique, de manteau imperméable, et d’outil indispensable au vol.
Mais les services dermiques dont se gratifient les deux oiseaux représentent bien plus qu’un simple acte d’hygiène. Grâce à cet “allolustrage”, la spatule apporte un soin à son partenaire, et réciproquement. Il s’agit donc d’un comportement visant aussi à renforcer les liens qui unissent les deux échassiers, une forme de communication tactile qui resserre la cohésion sociale. Le toilettage mutuel – appelé « grooming » par les anglophones – se rencontre chez bon nombre d’espèces : pensons à l’épouillage chez les primates. Alors qu’attendons-nous pour nous faire des papouilles ?
Texte : Cécile Carbonnier – Photo : Didier Plouchard