Le repas des champignons

L’automne s’est installé au Parc du Marquenterre, ouvrant officiellement la saison des champignons. Avec la douceur et l’humidité ambiantes, ces drôles d’organismes s’épanouissent çà et là, ouvrant l’appétit à plus d’un gourmet. Mais pas question ici de vous délivrer la recette de la plus succulente des fricassées ; nous n’établirons pas non plus la liste des petits veinards que les champignons peuvent sustenter. Non. Une fois n’est pas coutume, nous nous intéresserons à ce que “mangent” ces êtres passionnants. 

Car contrairement aux végétaux, les champignons ne sont pas capables de réaliser la photosynthèse, ce processus fascinant qui permet aux plantes de générer leur propre matière en utilisant l’énergie lumineuse, l’eau et le dioxyde de carbone. Comme nous, ils sont hétérotrophes, c’est-à-dire qu’ils sont contraints d’absorber des molécules organiques directement dans leur milieu. Et les stratégies ne manquent pas. Petit tour d’horizon des modes de nutrition de nos amis les champignons…

Champignons parasites : les malpolis

Ces sans-gêne ne demandent l’autorisation à personne : ils s’installent où bon leur semble sur le végétal ou l’animal hôte – bien malgré lui… – pour lui pomper sa matière organique sans aucun scrupule ! Ils se nourrissent ainsi de l’organisme parasité, et l’affaiblissent grandement, conduisant fatalement à sa perte si rien n’est fait pour déloger les squatteurs. Heureusement, ce sont aussi les moins nombreux !  

Un exemple : les champignons responsables des “rouilles”, ces maladies qui touchent certaines plantes vasculaires, laissant sur la face supérieure des feuilles de petites auréoles orange, et des pustules poudreuses sur le revers.

Champignons saprophytes : les alchimistes

C’est le gros du cortège fongique, à qui nous pouvons dire un grand merci ! En effet, ces champignons dégradent et transforment la matière organique morte ou en décomposition. Sans eux, nous serions entourés de cadavres et d’excréments et “la vie deviendrait impossible, parce que l’œuvre de la mort serait incomplète”, comme le formulait si justement Louis Pasteur. 

Un exemple : les coprins, qui se développent préférentiellement, voire exclusivement sur… les crottes ! D’où leur petit nom, copros signifiant fumier en grec.

Champignons symbiotiques : les amoureux

Symbiose mycorhizienne (mykes = champignon ; rhiza = racine) :  voici un exemple de relation qui ne peut laisser insensible.  Il s’agit de l’association intime que nouent un organisme chlorophyllien et un champignon. Le premier fournit au second les sucres dont il a besoin pour vivre ; en échange, celui-ci puise en profondeur l’eau et les nutriments indispensables à sa plante-hôte grâce au mycélium, ce réseau souterrain de fins filaments dont il est équipé, qui prolonge et densifie si ingénieusement le système racinaire de sa “moitié”. Les deux êtres retirent de cette union un bénéfice mutuel indéniable… Quelle belle histoire d’amour.

Un exemple : la truffe, le cèpe, la chanterelle, la girolle, la trompette de la mort… Allez, bon appétit !

Texte et illustrations : Cécile Carbonnier