L’élégante Lepture tachetée
Lors du baguage des cigogneaux fin juin, nous avons croisé la route d’un joli insecte. La Lepture tachetée (Rutpela maculata) ou Stangulie tachetée est un petit coléoptère longicorne (14 à 20 mm) de la famille des Capricornes. Elle est assez commune en lisière des forêts, parfois dans les jardins très boisés dans notre région. Elle est observée surtout en été dans sa courte vie d’adulte de 2 à 4 semaines.
On la reconnaît facilement à la couleur jaune paille de ses élytres ornées de 4 taches ou lignes transversales noires. Les antennes sont également bicolores, noires et jaunes, tout comme les pattes. Du plus bel effet ! Ces dessins, semblables à ceux de la guêpe germanique, sont peut-être un moyen de se protéger des prédateurs : quand on est pacifique, c’est pratique d’avoir la couleur (et la taille effilée !) de la guêpe qui, elle, sait bien se défendre ! Ce mimétisme est dit batésien. La théorie de Henry Walter Bates, naturaliste anglais du 19ème siècle passionné de coléoptères, est basée sur le fait que le prédateur a tendance à éviter l’animal dangereux après des expériences négatives auprès d’une proie particulièrement agressive ou toxique.
Les adultes sont floricoles (pollen et nectar), se nourrissant de manière active sur les ombellifères (carotte sauvage, berce…) mais aussi sur les ronces (qui ne manquent vraiment pas sur ce site de baguage !) ; les larves, elles, sont xylophages, se développant dans le bois mort pendant deux ans. Elles ne font aucun dégât sur les arbres mais participent activement à la décomposition de la matière organique, amenant l’enrichissement des sols forestiers. L’espèce avait déjà été observée sur le Parc mais ne fut pas trouvée l’année dernière, ni dans l’inventaire de 2019 sur les longicornes réalisé par Romane Sauleau, guide naturaliste. Relâché après identification, notre « maillot jaune » ne fut pas bagué !…
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Lucie Ligault