Au delà des frontières…
A peine les tous derniers migrateurs remontés vers le nord, que les tous premiers entament leur voyage dans l’autre sens ! Nombreux sont ceux qui croient (à tort) que le mois de juillet est plus calme pour l’observation des oiseaux. Au contraire ! Il n’y a pas de période creuse, car la migration bat déjà son plein sur notre littoral.
Les précurseurs sont les « sibériens », pour lesquelles l’escale chez nous est souvent très brève. En arrivant ici les Bécasseaux minute, maubèche ou cocorli, le Pluvier argenté ou encore le Tournepierre à collier ont déjà quelques milliers de kilomètres dans les ailes. Et ce n’est pas terminé, loin de là, puisque c’est eux qui vont aller au plus loin pour passer l’hiver, même jusqu’en Afrique du sud !
Ce n’était qu’à la fin du 20ème siècle que les naturalistes ont pu confirmer les zones de nidification de ces limicoles mythiques. En 1875 Henry Seebhom a mené une équipe d’explorateurs jusqu’aux marais vastes et sauvages de la vallée du Petchora, au nord de la Russie. Il a ramassé une douzaine de nids de Pluvier argenté, un oiseau très peu connu à l’époque. Pendant la même expédition il a aussi trouvé, pour la toute première fois, un nid de Bécasseau minute… Il a fallu attendre 1901 pour la première découverte d’un nid de Bécasseau maubèche, par des ornithologues russes dans le cercle polaire. En 1909 l’exploratrice Maud Haviland a réalisé un travail pionnier sur le Bécasseau cocorli et a trouvé des nids dans les marais du Yenesi en Sibérie occidental.
C’était grâce aux découvertes de ces hommes et femmes exceptionnels que la collection d’œufs et d’oiseaux naturalisés, une activité « sportive » à l’époque, a mené aux fins scientifiques. Aujourd’hui c’est leurs prodigieux voyages, leurs liens entre les continents et les civilisations qui nous font rêver…