Une adoption forcée !

Une scène rarement observable s’est déroulée sous les yeux des visiteurs et guides du parc pendant plusieurs jours. En effet, un jeune Coucou gris tout juste volant s’est posé sur les vasières du parcours vert, réclamant infatigablement de la nourriture à ces parents adoptifs : un couple de Bergeronnette grise !

Le Coucou ne fait rien comme les autres oiseaux. Au lieu de construire un nid, de couver ses œufs et de nourrir ses jeunes, il recourt au parasitisme. En mai, les femelles vont tout d’abord tenter de repérer un nid approprié à la ponte en surveillant les allées et venues des passereaux. Lorsque le nid est trouvé et que le moment est venu de pondre, la femelle Coucou aborde le nid, prélève un œuf avec le bec avant de s’installer pour y déposer le sien et repart un peu plus loin manger l’œuf dérobé. Le couple parasité, ne se rendant pas compte de l’échange, couvera l’intrus comme les autres.

Les cris incessants et la couleur rouge vif du bec du Coucou incitent la Bergeronnette à nourrir le jeune.

Les cris incessants et la couleur rouge vif du bec du Coucou incitent la Bergeronnette à nourrir le jeune.

Mais le parasitisme ne s’arrête pas là… L’éclosion du jeune Coucou se produit très rapidement (12 jours en moyenne après le dépôt) de sorte que le poussin, poussé par son instinct et sa peau extrêmement sensible au contact des autres œufs, va éjecter ces derniers du nid ! Cette stratégie va lui permettre de bénéficier de la totalité des apports de nourriture, et il lui en faut beaucoup pour assurer sa croissance rapide. Même à la sortie du nid, le jeune Coucou va continuer de quémander sa nourriture pendant environ trois semaines, laissant peu de répit au couple qui l’a élevé au détriment de sa propre progéniture.

Photos: Vincent Caron