Martin sur son 31 !

Un ‘tit-tiiiiit’ sonore, suraigu. C’est le signal ! Vite, repérer l’origine du son. L’observation va être fugace !  Là ! Sorti de nulle part, une flèche bleue lancée à toute allure. Pas de doute, c’était bien le Martin-pêcheur ! Inratable. Sa petite taille et sa trajectoire en ligne droite accentuent davantage cette impression de vitesse. Impressionnant. Surtout son bleu si vif… Son bleu si vif, parlons-en tiens. Parce que, tenez-vous bien, dans le monde animal, il n’existe pas de pigment bleu. Si si, c’est même monsieur Tyndall qui le dit. Mais je sens que ça conteste quand même de votre côté. Certes, il n’était pas jaune le Martin que vous avez aperçu.

Tout d’abord, rendons à Tyndall, ce qui appartient à Tyndall. Ce physicien irlandais est à l’origine de l’effet Tyndall (décrit pour la 1ère fois en 1869).  Mais encore ? L’effet Tyndall est un phénomène d’optique dans lequel la lumière se disperse sur des particules de matières. C’est facilement observable quand la lumière traverse des zones riches en particules solides ou liquides. Et cet effet, vous l’avez déjà vu ! Des particules de poussière dans un rayon de lumière par exemple. La lumière perçant la brume dans une forêt. Ou encore les rayons du soleil passant à travers les nuages.  

Concernant Martin, quel est donc son secret de beauté ?

La couleur irisée de sa queue, de son dos et de ses ailes est bel et bien un effet d’optique provoqué par la décomposition de la lumière. De microscopiques bulles d’air sont piégées dans les barbes et les barbules de la plume. Ces bulles d’air vont diffuser et renvoyer les longueurs d’ondes bleues jusqu’à nos yeux, pour notre plus grand plaisir. Tout le reste du spectre visible disparaît alors, absorbé par une couche de mélanine sombre située sur le verso de la plume. Pour compléter le tout, la géométrie intime de chaque plume explique son aspect incomparable. L’effet Tyndall est bien à l’origine de cet artifice lumineux.

Si son plumage nous en met plein la vue, il ne nous est pourtant pas destiné : ces couleurs, ces teintes plus ou moins éclatantes et vives servent d’indicateur à de potentiels prétendants ou à des partenaires quant à son état de santé.

Sur le Parc, à certains endroits, le Martin-pêcheur peut facilement se laisser observer quand le calme règne dans les postes. C’est le moment de sortir les jumelles et d’admirer sans modération son costume bleu et flamme.  

Texte : Eugénie Liberelle / Illustrations : Gaëlle Micheli, Eugénie Liberelle

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *