Mendier pour survivre !
Tandis que les derniers jeunes spatulons sont encore au nid, la majorité de leurs aînés ont pris leur envol. Ils se regroupent en des points stratégiques, zones bien dégagées aux eaux peu profondes du Parc.
Le premier envol ne signifie pas l’indépendance de ces jeunes : ceux-ci se feront nourrir encore quelques mois, jusqu’à l’obtention de leur bec d’adulte, véritable outil qui atteindra une taille respectable pour la pêche aux escargots, crustacés et autres petits poissons hantant les marais et les lagunes.
Mais en attendant, « mendier pour survivre » est la devise ! Et de ce fait, tous les moyens sont bons pour quémander le précieux contenu des jabots des adultes. À ce petit jeu le plus insistant sera souvent récompensé : poursuite aérienne, tapotement sur la commissure du bec des parents, harcèlement au sol sous forme de course poursuite, hochement de tête et cris de quémandage… Certains vont même jusqu’à bloquer de leurs ailes l’adulte se dérobant aux avances des petits mendiants !
Même si l’on peut observer les rejetons touiller, fouiller et becqueter dans l’eau, ces comportements de mendicité iront bon train jusqu’aux mois de septembre/octobre, que ce soit en halte migratoire ou encore sur les sites d’hivernage. Ce ne sera que cet hiver que les petits mendiants pourront enfin trouver pitance avec vivacité et dextérité grâce à ce bec exceptionnel donnant ce nom si particulier à l’espèce.
Texte et illustrations : Pierre Aghetti