Mésange noire: une nouvelle invasion !
Cette année a lieu une nouvelle invasion de Mésanges noires. Plusieurs centaines à milliers de ce petit passereau survolent les pinèdes du Marquenterre chaque matin par vent d’est depuis une dizaine de jours.
Cette petite mésange (8 à 10 grammes, la taille de la Mésange bleue) est facilement reconnaissable à sa tête sombre munie d’une tache blanche à la nuque. Elle affectionne particulièrement les forêts de conifères. Ces milliers de petites migratrices nous arrivent des bords de la Baltique (Pologne,Lituanie, Russie…). Elles se déplacent en migration rampante de bosquets en bosquets longeant le littoral évitant de traverser les vastes espaces ouverts comme nos estuaires. Ces phénomènes d’invasions sont connus depuis très longtemps. Déjà au Moyen Age, les hommes d’églises dans les campagnes notaient dans leurs registres ses brusques mouvements de passereaux qui inquiétaient les paysans de leurs paroisses. En Europe du nord-est, une bonne reproduction de Mésanges noires provoque une augmentation de la densité de ses passereaux plutôt sédentaires. Il suffit alors d’une année de mauvaise fructification des arbres notamment des conifères et en fin d’été la crise alimentaire survient. L’absence de ressources alimentaires va provoquer un véritable stress dans cette forte population. Les oiseaux, en très grande majorité les jeunes de l’année, vont effectuer un véritable exode vers le sud les conduisant le long des côtes allemandes, danoises, hollandaises, belges jusqu’au nord de la France.
On estime que plus de 70% de ces oiseaux ne vont pas survivre et ne remonteront pas en mars prochain sur leurs lieux de naissance en Baltique. Ce phénomène naturel rééquilibrera ainsi ces populations nordiques. Mais un phénomène nouveau bien inquiétant apparaît…. Ces invasions suivent normalement des cycles naturels tous les 5 à 8 ans. Sous l’effet des changements climatiques (irrégularité des hivers froids), des pluies acides dans la taïga, ces invasions se rapprochent, apparaissant maintenant tous les 3 à 4 ans depuis au moins 1988. Après la grande invasion de 2005 sur notre littoral, d’autres se sont produites en 2008, 2010, 2012 et 2013.
Entre 2008 et 2013 1393 Mésanges ont été baguées sur le parc du Marquenterre et déjà 80 les quatre premiers jours d’octobre 2015. Il semble s’avérer que ces passereaux ne trouvent plus suffisamment de nourriture (notamment dans les conifères de la taïga) même quand les effectifs ne sont pas pléthoriques. Cela risque à plus ou moins court terme de mettre brutalement en péril leur population, d’autant plus que avec notre dernier hiver doux et notre printemps froid la fructification des arbres fut aussi chez nous peu importante ! D’autres espèces connaissent aussi ces phénomènes de déplacements cycliques liés à la variation des ressources alimentaires c’est le cas des Geais des chênes, du Pinson du Nord, du Pic épeiche ou même des Mésanges bleues ou Charbonnières moins spécialisées dans leur nourriture.