L’année dernière, nous évoquions dans un article quelques coléoptères aux noms complètement improbables ; preuve – s’il en fallait une – que les entomologistes ne manquent pas d’humour !
Pour le relire, c’est ici : Nom d’un coléo !
Poursuivons ce petit tour d’horizon des sobriquets d’insectes les plus drôles…
Le Drille joyeux (Drilus flavescens)
Commençons avec une petite bête à l’appellation guillerette : le Drille joyeux ! Un pseudo dérivé malicieusement du nom de genre latin Drilus… Il fallait y penser !
Ce gai luron, aussi appelé Panache jaune, est un coléoptère… qui ne fait pas rire du tout les escargots ! En effet, sa larve orange, toute poilue, au corps allongé et sclérifié, possède de redoutables mandibules. Quand elle repère un gastéropode, elle s’agrippe à lui grâce à une sorte de ventouse qu’elle porte au bout de son abdomen, puis traîne sa proie dans un endroit tranquille. Là, elle lui injecte un mélange de neurotoxines paralysantes et d’enzymes digestives – son beurre d’escargot – puis sirote, peinarde, son repas…
C’est dans la coquille de sa victime qu’elle accomplira sa mue, pour devenir soit un mâle adulte, aux élytres fauves et aux antennes noires joliment pectinées, soit une femelle aptère, ressemblant à une grosse larve.
Le Cycliste maillot-vert (Oedemera nobilis)
Il aurait pu s’appeler le Peter saganus, le Erik zabelus, ou encore le Laurent jalabertus… On retiendra que ce coléoptère aux reflets verts métalliques a des cuissots dignes des meilleurs sprinteurs du Tour de France ! Chez l’Œdémère noble – terme employé quand il s’agit de faire bonne figure – c’est le mâle qui porte des fémurs renflés aux pattes postérieures, lui ayant valu ce nom sportif.
En cette saison des amours, un seul objectif pour notre Cycliste maillot-vert : franchir la ligne en tête pour trouver une partenaire, et ainsi assurer sa descendance ! Installez-vous en bord de route – si tant est qu’elle soit encore ourlée d’un bas-côté verdoyant et fleuri… – et, au lieu d’attendre que la caravane passe, scrutez donc les fleurs : vous l’apercevrez peut-être en train de se ravitailler, jouant ainsi un rôle important dans la pollinisation. Les larves, quant à elles, se nourrissent de racines en décomposition. En tant qu’organismes saproxylophages – c’est-à-dire dépendants du bois mort – elles participent, en coéquipières dévouées du vivant, au recyclage de la matière organique…!
Le Téléphore maison (Cantharis fusca)
On applaudit le jeu de mots ! Pour les plus jeunes qui n’auraient pas la référence, voici une occasion de revoir un grand classique du cinéma : “E.T. téléphone maison”, cela vous parle ?
Point de mignon petit extraterrestre ici, mais un coléoptère noir et rouge au corps plat et allongé, qui aime gambader sur les fleurs d’ombellifères où il chasse divers insectes, agrémentant son repas de nectar sucré.
La Cantharide commune – c’est une autre de ses appellations – doit à ces mœurs carnassières le nom de téléphore, terme qui signifie littéralement “qui apporte la mort” (du grec télos = fin, et phorós = porteur). Pourtant, avec un sobriquet pareil, elle nous apporte plutôt une bonne dose de légèreté !
Texte et illustrations : Cécile Carbonnier