Voguant de pâquerette en pissenlit, un drôle de petit insecte vert métallique, aux cuisses renflées comme celles d’un sprinteur du Tour de France, se délecte de pollen. Notre “cycliste” bodybuildé n’est autre que l’Œdémère noble (Oedemera nobilis), un coléoptère mesurant de 8 à 12 millimètres, aux antennes filiformes ; on le reconnaît à ses élytres mous se rétrécissant vers l’arrière et ne recouvrant pas la totalité de l’abdomen… un peu comme s’il avait enfilé un maillot trop court ! Les mâles ont les fémurs des pattes postérieures particulièrement développés, ce qui leur donne cette allure de Popeye caractéristique.
Dans la région, on peut aisément observer les adultes de fin avril à début août sur les fleurs où ils se ravitaillent, en lisière de bois ou dans les prairies. Ils jouent donc un rôle important dans la pollinisation. Les larves, quant à elles, sont xylophages, et vivent au sol, dans les branches, les tiges ou les racines en décomposition. En tant qu’organismes saproxyliques – c’est-à-dire dépendant du bois mort – elles participent ainsi, en coéquipières dévouées du vivant, au recyclage de la matière organique !
Texte et illustration : Cécile Carbonnier