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Voilà une jolie petite orchidée – souvent moins de 30 cm sur le site – qui est assez rare sur le Parc et dans la Somme : l’Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis). Elle se reconnaît facilement à son inflorescence de couleur rose pourpre, formant un épi conique pyramidal de fleurs serrées.

Comme pour la plupart des orchis, la pollinisation se fait par les insectes, en particulier les papillons diurnes comme l’Argus bleu et le Myrtil. On la retrouve notamment dans les prairies sableuses calcaires. Avec les températures élevées de l’été naissant, ces orchidées se sont transformées en véritables perchoirs pour les Escargots des dunes, qui se protègent ainsi de la chaleur du sol !

Texte et illustration : Philippe Carruette

Les parcours du Parc débutent par une petite ascension, qui nous élève jusqu’au point culminant du site… une vingtaine de mètres, ouf ! Ce premier observatoire repose sur un massif dunaire naturel appelé « dune boisée », bordé de Pins laricio. Se succède ensuite un ensemble d’habitats originellement éphémères et mobiles, sculptés par le vent, l’eau, la marée…

Ces habitats sont souvent menacés par les activités humaines malgré leur caractère à haute valeur patrimoniale.

Grâce aux travaux récents, la descente du point de vue principal a été modifiée rendant la pente plus douce. Mais surtout elle sera l’occasion de (re)-découvrir la dune grise, qui succède à la dune boisée. Ses tonalités de couleurs proviennent des mousses et lichens qui la composent. Les plantes sont particulièrement adaptées par leurs formes ou capacités de stocker l’eau. Cette pelouse rase et sèche se maintient grâce à une pression de pâturage des lapins lorsqu’ils sont suffisamment présents.

Merci de veiller à ne pas enjamber les ganivelles 😉

Dune grise

Le Blongios nain (Ixobrychus minutus) est l’un des plus petits représentants de la famille des Ardéidés, ne dépassant pas 38 cm. D’apparence semblable au Bihoreau gris, le mâle de Blongios possède une calotte et un dos noirs, et se distingue par sa taille et sa plage alaire blanche à beige. La femelle, quant à elle, est brune là où le mâle est brun, et possède une tâche alaire plus sombre ; quant aux juvéniles, ils sont plus ternes que la femelle.

En France, le Blongios nain est une espèce protégée qui niche principalement dans des roselières. Son aire de répartition est très étendue de l’Europe à la Russie en période estivale ; il retournera jusqu’au Sud du Sahara pour prendre ses quartiers d’hiver.

C’est un oiseau très discret en raison des milieux qu’il fréquente. On dénombre aujourd’hui environ 500 couples nicheurs sur le territoire Français, dont une dizaine dans notre département. Anciennement bien présent dans la vallée de la Somme, avec près de 230 couples en 1970, la population a connu une chute drastique dès 1980 avec 50 couples recensés seulement. Les raisons de cet effondrement sont inconnues, mais corroborent les données de la population nicheuse à l’échelle nationale qui connaît également un fort déclin depuis plusieurs années.

L’observation d’un individu prend donc toute son importance et mérite d’être soulignée ! En effet, l’espèce n’a été vue que 9 fois sur le Parc depuis 1974 : il s’agissait principalement d’individus juvéniles en phase de dispersion ou de migration très certainement, comme en septembre 2016. L’individu photographié le 26 mai 2019 est seulement le deuxième mâle observé au printemps depuis 1985 !

Texte : Julie Falampin

Illustrations : Adrien Leprêtre

Au détour d’un sentier, en tendant l’oreille du côté des friches et roselières, vous pourrez probablement apprécier leurs vocalises si particulières… Peut-être même aurez-vous la chance de les observer un instant, avant qu’ils ne replongent de plus belle dans la végétation ; pas si facile pour les photographes ! Ces deux petits insectivores font partie du cercle très fermé des paludicoles, plus simplement des espèces d’oiseaux qui vivent dans les marais et ceintures de roseaux… Vous avez deviné ?

Rousserolle effarvatte (Gaëlle Micheli)

Les Phragmites des joncs et les Rousserolles effarvattes sont omniprésent(e)s sur le Parc au printemps et en début d’été, l’occasion pour nous autres observateurs de porter toute notre attention sur leur chant, et surtout sur leur comportement. En effet, en période de reproduction, ces passereaux sont inféodés à une surface très restreinte. La recherche de nourriture s’effectue dans un rayon maximal de quelques dizaines de mètres autour du nid, tout comme leur chant grinçant, tantôt liquide, tantôt guttural.

Phragmite des joncs (Alexander Hiley)

Ces petits habitants du Parc sont également de grands voyageurs, partant dès l’été pour des milliers de kilomètres vers les pays du Sud ! Les populations françaises de Phragmite des joncs migrent majoritairement vers l’Afrique de l’Ouest, dans le delta intérieur du Niger et la région guinéenne. La Rousserolle effarvatte, quant à elle, quitte nos contrées à partir du mois d’août pour se rendre dans ses quartiers d’hivernage en Afrique, du sud du Sahara jusqu’à la Zambie.

Il ne reste que peu de temps avant le départ de ces petits oiseaux si atypiques, alors profitez-en pour vous familiariser avec ces résidents des zones humides. Prochaines arrivées prévues au printemps 2020 !

Texte : Léandre Combe

Illustrations : Gaëlle Micheli, Alexander Hiley

Au milieu des vagues jaunes des Rhinanthes, sur les bas-marais du Marquenterre, ressortent de superbes touches de rose : c’est le Lychnis fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi). Il est normal qu’il aime le Parc ornithologique, puisque son nom vient de sa période de floraison, qui coïncide avec la saison où chante le Coucou gris, de retour en Europe.

À vrai dire, cette plante apprécie les prairies humides et tourbières ; elle appartient à la famille des Caryophyllacées – comme les oeillets et les silènes – d’où son nom populaire d’Œillet des prés.

Ses cinq pétales sont divisés en quatre fines lanières (2 larges et 2 plus fines) qui lui donnent cet air fragile et charmant, du genre “mal coiffé” quand le vent se lève… Les Britanniques le nomment à juste titre Ragged Robin : le Robin des bois ou Rouge-gorge en haillons !

Quand au nom lychnis, il vient du terme grec luchnos – la lampe qui donne la lumière – peut-être à cause de ses fruits, sortes de capsules qui rappelleraient les vieilles lampes à huile. S’il reste commun, comme toutes les espèces des prairies et bas-marais, il souffre de l’extrême régression de ces milieux intermédiaires souvent maintenus grâce à l’élevage.

Texte et illustrations : Philippe Carruette

Rassurez-vous, il n’y a pas de scorpion sur le Parc, mais juste la Mouche scorpion (Panorpa communis), un petit insecte mécoptère qui apprécie les milieux humides boisés. On la reconnaît à ses longues ailes aplaties translucides maculées de petites taches noires. Le mâle possède un abdomen relevé faisant penser à un dard de scorpion (gonopodium). Pas de soucis, il est totalement inoffensif et lui permet simplement de maintenir la femelle durant l’accouplement !

L’espèce est plutôt carnivore grâce à son rostre muni de pièces buccales qui ne servent pas à piquer mais à broyer. Si elle capture surtout des mouches, il lui arrive de consommer du nectar ou le miellat de pucerons. La femelle (photo), reconnaissable à l’extrémité de son abdomen en pointe, va pondre ses œufs par groupes de 10 à 20 dans le sol.

Texte et illustration : Philippe Carruette

Le long des sentiers, notamment avant le poste 1, il vous arrive de recevoir des gouttes sous un beau ciel bleu ! Regardez bien dans les saules bordant le chemin : les feuilles sont couvertes de mousse blanche. C’est le fameux « crachat de coucou ».

Le responsable ? La larve d’un insecte, le Cercope (de la famille des cicadelles dont il existe de nombreuses espèces).

Elle émet par l’anus un liquide produit par les glandes salivaires, qui mousse à l’air libre. Cela lui permet de vivre dissimulée à l’intérieur de cette écume, bien à l’abri du soleil et des yeux des prédateurs ; elle peut ainsi sucer tranquillement la sève de la plante hôte, qui peut être un arbre, une graminée, le Gaillet gratteron ou nos cultures des champs selon les espèces. Bien collant, ce liquide résiste à la pluie et au vent.

Mais quel rapport avec le Coucou gris ? La dénomination populaire, comme souvent, fait le lien avec le cycle de l’insecte, qui est abondant alors que l’oiseau migrateur est à l’optimum de son chant !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Philippe Carruette, Cécile Carbonnier