Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Les chaudes températures du mois d’avril ont baigné le Parc dans une atmosphère estivale : à la héronnière, les visiteurs ont pu profiter du spectacle des Cigognes et Spatules blanches en train de couver, bec ouvert, afin d’évacuer le trop-plein de chaleur.

Alors que les grands échassiers semblent quelque peu sonnés par le feu du soleil, trois Hérons cendrés viennent se poser au pied des pins, sur la pelouse dunaire, et adoptent une curieuse posture : “assis” sur leurs tarses, haletant, ils écartent les bras, et déploient leurs ailes, croisant la pointe des régimes devant eux. Ils resteront là de longues minutes, immobiles, dans cette sorte de “position du lotus”.

Auraient-ils décidé de s’accorder une pause méditative en cette période intense de nidification ?… En réalité, il s’agit d’une attitude bien répandue chez les ardéidés, mais aussi – sous des postures variées – chez les rapaces, les pics, certains passereaux et, bien sûr, chez les vacanciers : le bain de soleil !

Si ce comportement sert à emmagasiner de la chaleur et de l’énergie, participant ainsi à la thermorégulation, il n’a cependant pas encore révélé tous ses secrets. En effet, on lui attribue d’autres fonctions essentielles à la bonne santé de nos amis à plumes : il aiderait notamment à la production de vitamine D, nécessaire à l’absorption du calcium. D’autre part, il permettrait de lutter contre les parasites, surtout lorsqu’il est combiné à une autre technique de yogi : le bain de… fourmis ! On rencontre cette pratique appelée formicage chez le geai, par exemple, qui se jette ailes déployées dans une fourmilière et profite de l’acide formique sécrété par les insectes affolés pour protéger ses plumes et le débarrasser de ses tiques.

A l’avenir, lorsque vous croiserez un oiseau étalant son plumage au soleil, tantôt à plat ventre, tantôt sur une patte, les yeux écarquillés comme s’il était en extase, pensez à une chaise-longue… et méditez !

Texte et illustrations : Cécile Carbonnier

Au détour des chemins, les buissons sont annonciateurs du retour des papillons. Ces insectes de l’ordre des lépidoptères regroupent les “papillons de jour” (rhopalocères) et les “papillons de nuit” (hétérocères). Les diurnes se repèrent facilement grâce à leurs couleurs souvent chatoyantes qui attirent le regard, contrairement à leurs cousins nocturnes qui sont bien plus discrets et peu actifs avant le crépuscule…

Il n’est cependant pas rare d’observer des chenilles de cette population nocturne en plein jour. En ce moment, celle du Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea) est facilement visible sur le parc, dans les haies d’argousiers ou dans les bosquets. Cette espèce est connue pour faire des nids soyeux à l’extrémité des branches qui peuvent contenir plusieurs centaines de chenilles. Longues de 3 à 4 cm, de couleur brune avec deux lignes discontinues orangées sur le dos et deux lignes latérales de couleur blanche, elles sont très velues. Bien qu’elles soient moins irritantes que les chenilles processionnaires du pin avec lesquelles certains visiteurs les confondent parfois, il est toutefois fortement déconseillé de les toucher, pour éviter d’intenses démangeaisons et des éruptions cutanées gênantes. Il faut dire que les minuscules poils urticants sont un moyen de défense fort efficace pour ces proies tentantes !

D’ici les mois de mai-juin, les chenilles se transformeront en chrysalides avant de devenir des papillons de couleur blanche possédant une particularité : une touffe de soies brun-roux à l’extrémité de l’abdomen – d’où le nom de cul-brun. La reproduction aura lieu en été et les pontes, recouvertes des poils bruns de la femelle et déposées sous les feuilles, donneront naissance à des larves trois semaines plus tard. Dès l’automne celles-ci s’acquitteront de leur tâche de construction de nids soyeux, protection indispensable contre les intempéries, avant la période d’hivernation…

Texte et illustration : Julie Falampin

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En bref: 65 Avocettes élégantes, 65 Barges rousses, 46 Canards souchet…

Au moins trois mâles de Gorgebleues à miroir (Luscinia svecica) chantent sur le Parc le long des sentiers. Perchés en haut des saules, ils se tiennent parfois à deux ou trois mètres des visiteurs en ces jours très fréquentés du Festival de l’Oiseau, dont ils sont une des stars. Les postes de chant constituent un des éléments essentiels dans l’installation du territoire du mâle et dans la formation du couple.

Un des oiseaux chanteurs est bagué. En recoupant les différentes photos prises ces derniers jours (merci à Dominique Delfino et Caroline Keup) le soliste est reconnu ! C’est un mâle bagué par Adrien Leprêtre, guide naturaliste du Parc, au nord du Marquenterre le 8 août 2018. Et on sait, grâce aux données du baguage, que les virtuoses adultes quittent le territoire de nidification relativement tôt pour partir en migration vers l’Afrique du Nord et de l’Ouest (Sénégal, Niger, Mali). La vie des artistes en tournée !

Texte : Philippe Carruette

Illustration : Caroline Keup

Ce week-end, ce ne sont ni les cloches, ni le lapin de Pâques qui ont cachés les œufs au Parc du Marquenterre. Pourtant, au poste 1, nous avons eu la surprise d’en trouver un, posé de manière insolite, en équilibre sur un poteau ! Bien que semblable à un coco de Pâques, il n’était pas en chocolat, mais venait bel et bien d’être pondu par une Mouette rieuse

Habituellement cette espèce pond au sol, dans une dépression peu profonde qu’elle tapisse de végétation. Après avoir déposé 2 à 3 œufs jaune-olive mouchetés de brun, les partenaires vont se relayer pendant 22 à 26 jours pour couver. Suite à l’éclosion, les poussins semi-nidicoles resteront au nid une semaine avant de partir explorer les environs. Ils prendront leur autonomie après un peu plus d’un mois.

L’œuf surprise a été l’occasion pour les visiteurs d’éveiller leur curiosité envers cette espèce facilement observable sur le Parc en cette période de nidification.  

Texte : Matthieu Robert

Illustrations : Julie Falampin, Matthieu Robert

En avril les Avocettes élégantes sont en pleine parade nuptiale, scène très stéréotypée mais pourtant si convoitée par les photographes et les observateurs…

Comment la déceler ? Tout d’abord cela se passe toujours dans l’eau. La femelle est votre meilleure “indicatrice”. Elle se tient immobile, les pattes gris-bleu dans l’onde peu profonde, le corps baissé et la tête effleurant la surface de l’eau. Le mâle tourne autour d’elle, esquissant une pseudo toilette du plumage, gestes essentiels à la parade. Après deux ou trois minutes, il éclabousse la femelle avec son bec retroussé, plusieurs fois, toujours en tournant autour d’elle, puis le glisse légèrement sous le cou de sa partenaire : l’accouplement, rapide, a enfin lieu !

Les oiseaux terminent cette parade en un charmant croisement de bec, comme un “bisou final”, avant de se séparer – juste pour quelques instants, je rassure tout le monde, les couples sont fidèles au moins pour la saison !

Attention, si durant l’exécution de la parade, la femelle relève la tête … c’est cuit ! Il faudra retrouver sur le marais une autre “indicatrice”. C’est souvent le cas quand des couples voisins ou des individus solitaires s’approchent trop près des oiseaux paradant et les perturbent. Eh oui, vous l’avez maintes fois constaté, les avocettes nichent en colonie… mais ne peuvent pas se “sentir” ! Toute la complexité de l’élégante…

Instant capté par Jean Bail le 11 avril au poste 1. Merci !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Jean Bail

Nous vous avons donné récemment des nouvelles de cigogneaux bagués au parc et hivernant en Espagne, dans le Calvados et même dans l’Ain. Mais le Marquenterre attire aussi des “touristes” et même plus si affinités !

Ainsi à la héronnière une nouvelle venue, un mâle, accouplé avec une femelle non baguée, vient d’arriver. Il porte une bague blanche marquée APXA. On lui a passé “l’anneau au tarse” à Bouquelon dans le marais Vernier dans l’Eure le 25 mai 2011. Le 20 septembre 2013 et le 26 août 2017, il était sur la décharge de Zaluga à Saint-Pée-sur-Nivelle.

Et le bagueur n’est autre que Géraud Ranvier, un ancien guide naturaliste du parc. La boucle est bouclée… !

Texte : Philippe Carruette

Illustration : Eric Penet

Les dernières séances de baguage aux mangeoires nous ont permis de baguer une superbe femelle d’Épervier d’Europe immature (voir photo ci-dessous). Ce rapace au vol fougueux apprécie de chasser en ces lieux où les passereaux abondent et semblent moins attentifs. Et lorsque vous entendez un sifflement court de la part des mésanges, c’est que le chasseur d’oiseaux n’est pas loin et a été repéré ! En hiver il peut même chercher sa nourriture dans les jardins en pleine ville.

Après avoir fortement diminué dans les années 1970, avant la protection des rapaces et l’interdiction de l’usage du dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), il a retrouvé des effectifs conséquents en France : aujourd’hui on compte environ 50 000 couples. Selon les années, deux à six individus utilisent le Parc comme territoire de chasse au printemps, nichant dans la pinède en périphérie. Cette espèce est en effet strictement liée à la densité forte de passereaux.

Or nous constatons déjà une présence plus faible de ce rapace ces trois dernières années, avec les printemps froids et humides très défavorables à la reproduction des oiseaux insectivores, tant au niveau local que national, cause naturelle fortement aggravée par la baisse drastique des densités d’insectes (base de la chaîne alimentaire) au niveau européen, due notamment à l’intensification de l’agriculture et à la perte des habitats liés à l’élevage extensif.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Eric Penet, Philippe Carruette, Alexander Hiley