Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Ce week-end, ce ne sont ni les cloches, ni le lapin de Pâques qui ont cachés les œufs au Parc du Marquenterre. Pourtant, au poste 1, nous avons eu la surprise d’en trouver un, posé de manière insolite, en équilibre sur un poteau ! Bien que semblable à un coco de Pâques, il n’était pas en chocolat, mais venait bel et bien d’être pondu par une Mouette rieuse

Habituellement cette espèce pond au sol, dans une dépression peu profonde qu’elle tapisse de végétation. Après avoir déposé 2 à 3 œufs jaune-olive mouchetés de brun, les partenaires vont se relayer pendant 22 à 26 jours pour couver. Suite à l’éclosion, les poussins semi-nidicoles resteront au nid une semaine avant de partir explorer les environs. Ils prendront leur autonomie après un peu plus d’un mois.

L’œuf surprise a été l’occasion pour les visiteurs d’éveiller leur curiosité envers cette espèce facilement observable sur le Parc en cette période de nidification.  

Texte : Matthieu Robert

Illustrations : Julie Falampin, Matthieu Robert

En avril les Avocettes élégantes sont en pleine parade nuptiale, scène très stéréotypée mais pourtant si convoitée par les photographes et les observateurs…

Comment la déceler ? Tout d’abord cela se passe toujours dans l’eau. La femelle est votre meilleure “indicatrice”. Elle se tient immobile, les pattes gris-bleu dans l’onde peu profonde, le corps baissé et la tête effleurant la surface de l’eau. Le mâle tourne autour d’elle, esquissant une pseudo toilette du plumage, gestes essentiels à la parade. Après deux ou trois minutes, il éclabousse la femelle avec son bec retroussé, plusieurs fois, toujours en tournant autour d’elle, puis le glisse légèrement sous le cou de sa partenaire : l’accouplement, rapide, a enfin lieu !

Les oiseaux terminent cette parade en un charmant croisement de bec, comme un “bisou final”, avant de se séparer – juste pour quelques instants, je rassure tout le monde, les couples sont fidèles au moins pour la saison !

Attention, si durant l’exécution de la parade, la femelle relève la tête … c’est cuit ! Il faudra retrouver sur le marais une autre “indicatrice”. C’est souvent le cas quand des couples voisins ou des individus solitaires s’approchent trop près des oiseaux paradant et les perturbent. Eh oui, vous l’avez maintes fois constaté, les avocettes nichent en colonie… mais ne peuvent pas se “sentir” ! Toute la complexité de l’élégante…

Instant capté par Jean Bail le 11 avril au poste 1. Merci !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Jean Bail

Nous vous avons donné récemment des nouvelles de cigogneaux bagués au parc et hivernant en Espagne, dans le Calvados et même dans l’Ain. Mais le Marquenterre attire aussi des “touristes” et même plus si affinités !

Ainsi à la héronnière une nouvelle venue, un mâle, accouplé avec une femelle non baguée, vient d’arriver. Il porte une bague blanche marquée APXA. On lui a passé “l’anneau au tarse” à Bouquelon dans le marais Vernier dans l’Eure le 25 mai 2011. Le 20 septembre 2013 et le 26 août 2017, il était sur la décharge de Zaluga à Saint-Pée-sur-Nivelle.

Et le bagueur n’est autre que Géraud Ranvier, un ancien guide naturaliste du parc. La boucle est bouclée… !

Texte : Philippe Carruette

Illustration : Eric Penet

Les dernières séances de baguage aux mangeoires nous ont permis de baguer une superbe femelle d’Épervier d’Europe immature (voir photo ci-dessous). Ce rapace au vol fougueux apprécie de chasser en ces lieux où les passereaux abondent et semblent moins attentifs. Et lorsque vous entendez un sifflement court de la part des mésanges, c’est que le chasseur d’oiseaux n’est pas loin et a été repéré ! En hiver il peut même chercher sa nourriture dans les jardins en pleine ville.

Après avoir fortement diminué dans les années 1970, avant la protection des rapaces et l’interdiction de l’usage du dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), il a retrouvé des effectifs conséquents en France : aujourd’hui on compte environ 50 000 couples. Selon les années, deux à six individus utilisent le Parc comme territoire de chasse au printemps, nichant dans la pinède en périphérie. Cette espèce est en effet strictement liée à la densité forte de passereaux.

Or nous constatons déjà une présence plus faible de ce rapace ces trois dernières années, avec les printemps froids et humides très défavorables à la reproduction des oiseaux insectivores, tant au niveau local que national, cause naturelle fortement aggravée par la baisse drastique des densités d’insectes (base de la chaîne alimentaire) au niveau européen, due notamment à l’intensification de l’agriculture et à la perte des habitats liés à l’élevage extensif.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Eric Penet, Philippe Carruette, Alexander Hiley

Ce 1er avril, trois Bihoreaux gris (Nycticorax nycticorax) sont observés dans la héronnière. La première reproduction avérée de cette espèce sur le site a eu lieu en 2002, mais les effectifs observés restent toujours faibles. En effet, les populations de Bihoreaux gris sont en forte régression en Europe, notamment du fait de la destruction des zones humides, du dérangement sur les sites de reproduction et de la pollution des eaux.

L’oiseau est reconnaissable à sa silhouette trapue, son cou large et court, ses pattes courtes. L’adulte a la calotte et le manteau noirs, alors que les ailes, le croupion et la queue sont gris, et que les parties inférieures sont blanchâtres. De plus, en période de reproduction, il porte deux longues plumes blanches sur la nuque.

Le Bihoreau gris est une espèce aux mœurs principalement nocturnes qui lui auraient donné son nom. Selon Buffon, « la plupart des naturalistes ont désigné le bihoreau sous le nom de corbeau de nuit (nycticorax) et cela d’après l’espèce de croassement étrange, plutôt de râlement effrayant et lugubre qu’il fait entendre pendant la nuit ».

C’est lors de la période de nourrissage des jeunes que l’observation de l’espèce sera la plus facile, car les poussins n’attendront pas le crépuscule pour réclamer à manger ! Les adultes quitteront donc régulièrement la héronnière, même en journée. Nous espérons voir ces prochains jours le mâle offrant des branches à sa femelle, l’invitant ainsi à construire un nid ; souhaitons y trouver des jeunes dans quelques semaines !…

Texte : Marion Mao

Illustrations : Eric Penet

Chaque jour voit arriver des Mouettes mélanocéphales au poste 1. Grâce aux bagues colorées on connaît, dès leur première nidification sur notre littoral en 1994, leur étonnant comportement d’“oiseau gitan” qui parcourt l’Europe.

Après une observation jusqu’alors inédite, en Norvège, d’un oiseau bagué à la Maison de la Baie, voici pour la première fois et en exclusivité une Allemande sur le Parc ! L’oiseau (bague verte ASRJ) a été bagué poussin le 10 juin 2016 sur les gravières de Rehbach près de Leipzig à l’est de l’Allemagne. Le 20 septembre 2016 elle était déjà en France au Cap Blanc-Nez où elle resta jusqu’au 11 octobre. Le 7 janvier 2017, séjour « thalasso » en Bretagne sur la plage de Plouézec dans les Côtes d’Armor jusqu’au 7 février. Le 26 juin 2018 elle est dans le Dorset sur la réserve de Lodmoor de la Société Royale de Protection des Oiseaux. Un petit tour dans la Manche à Saint-Pair-sur-Mer le 5 juillet, pour un retour à Boulogne-sur-Mer le 11 août 2018. Le 18 mars 2019 nous la croisons au Parc. Vielen Dank !

Les voyages forment la jeunesse… et nous font rêver… d’avoir des ailes !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Benjamin Blondel, Steve Holliday

Les premières Cigognes blanches ont pondu mardi 19 mars – pour 3 nids – mais la plupart sont toujours en restauration de leur “logis”, qu’elles soient en couple ou même célibataires. Les cigognes sont en effet très fidèles à leur nid de construction, et non de naissance ; en effet, des oiseaux bagués poussins en Belgique, aux Pays-Bas ou encore en Normandie nichent sur le Parc.

Pour l’instant, on assiste à peu de conflits d’appropriation de logement. Mais de nombreuses cigognes devraient encore revenir de migration, jusque début mai. Pour les dernières arrivées, il faudra peut-être tenter de récupérer son bien si la place est déjà prise, ou tenter un “hold up immobilier” en s’emparant d’un nid… et du partenaire qui va avec !

Même lors de la couvaison effectuée durant 33 jours par les deux partenaires, et pendant l’élevage des jeunes, ces transports de matériaux vont se poursuivre. Branches, mousses, boue… Les éléments de construction ne manquent pas alentour !

Un grand merci à Jean Bail pour ces photos de cigognes prêtes à bricoler leur chez-soi.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Jean Bail

Alors que certains oiseaux tardent à quitter leur quartier d’hiver, et que d’autres, fraîchement revenus de migration, commencent tout juste à nidifier, les Foulques macroule, elles, ne se sont pas fait attendre : en effet, six petites boules de duvet noir, jaune et rouge ont pointé le bout de leur bec jeudi 28 mars !

Il faut dire que leurs parents, sédentaires sur le Parc, n’ont pas chômé. Dès fin février, on pouvait les voir construire leur nid volumineux sur la végétation émergée du marais du petit parcours, bien à l’abri dans les pousses de phragmites et de massettes. Après un peu plus de trois semaines de couvaison, les poussins sont sortis de leur oeuf. Mais pas question de traîner au nid : à peine quelques heures après l’éclosion, toute la petite famille s’est mise à l’eau.

Bien qu’autonomes dans leurs déplacements, les jeunes foulques ont néanmoins besoin de papa et maman pour réguler leur température corporelle, et, surtout, pour manger : pendant un mois environ, les adultes nourriront leurs petits de diverses plantes et larves aquatiques, en leur donnant la becquée. C’est le cas de tous les poussins semi-nidifuges (du latin nidus et fugere, “qui fuit le nid”), que l’on distingue des nidifuges stricts comme les oisons, par exemple, qui sont capables de s’alimenter par eux-mêmes, et des nidicoles (du latin nidus et colere, “qui habite le nid”) tels les cigogneaux, qui naissent nus et aveugles, et demeurent au nid jusqu’à leur envol.

Il est probable que dès ce mois d’avril, le couple tente de fonder une seconde nichée. Quand la nouvelle couvée verra le jour à son tour, les poussins de mars, devenus indépendants, aideront leurs parents à nourrir leurs petits frères et petites soeurs. Chez les foulques, on donne la becquée en famille !

Texte : Cécile Carbonnier

Illustrations : Eric Penet, Benjamin Blondel