Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Ce 1er avril, trois Bihoreaux gris (Nycticorax nycticorax) sont observés dans la héronnière. La première reproduction avérée de cette espèce sur le site a eu lieu en 2002, mais les effectifs observés restent toujours faibles. En effet, les populations de Bihoreaux gris sont en forte régression en Europe, notamment du fait de la destruction des zones humides, du dérangement sur les sites de reproduction et de la pollution des eaux.

L’oiseau est reconnaissable à sa silhouette trapue, son cou large et court, ses pattes courtes. L’adulte a la calotte et le manteau noirs, alors que les ailes, le croupion et la queue sont gris, et que les parties inférieures sont blanchâtres. De plus, en période de reproduction, il porte deux longues plumes blanches sur la nuque.

Le Bihoreau gris est une espèce aux mœurs principalement nocturnes qui lui auraient donné son nom. Selon Buffon, « la plupart des naturalistes ont désigné le bihoreau sous le nom de corbeau de nuit (nycticorax) et cela d’après l’espèce de croassement étrange, plutôt de râlement effrayant et lugubre qu’il fait entendre pendant la nuit ».

C’est lors de la période de nourrissage des jeunes que l’observation de l’espèce sera la plus facile, car les poussins n’attendront pas le crépuscule pour réclamer à manger ! Les adultes quitteront donc régulièrement la héronnière, même en journée. Nous espérons voir ces prochains jours le mâle offrant des branches à sa femelle, l’invitant ainsi à construire un nid ; souhaitons y trouver des jeunes dans quelques semaines !…

Texte : Marion Mao

Illustrations : Eric Penet

Chaque jour voit arriver des Mouettes mélanocéphales au poste 1. Grâce aux bagues colorées on connaît, dès leur première nidification sur notre littoral en 1994, leur étonnant comportement d’“oiseau gitan” qui parcourt l’Europe.

Après une observation jusqu’alors inédite, en Norvège, d’un oiseau bagué à la Maison de la Baie, voici pour la première fois et en exclusivité une Allemande sur le Parc ! L’oiseau (bague verte ASRJ) a été bagué poussin le 10 juin 2016 sur les gravières de Rehbach près de Leipzig à l’est de l’Allemagne. Le 20 septembre 2016 elle était déjà en France au Cap Blanc-Nez où elle resta jusqu’au 11 octobre. Le 7 janvier 2017, séjour « thalasso » en Bretagne sur la plage de Plouézec dans les Côtes d’Armor jusqu’au 7 février. Le 26 juin 2018 elle est dans le Dorset sur la réserve de Lodmoor de la Société Royale de Protection des Oiseaux. Un petit tour dans la Manche à Saint-Pair-sur-Mer le 5 juillet, pour un retour à Boulogne-sur-Mer le 11 août 2018. Le 18 mars 2019 nous la croisons au Parc. Vielen Dank !

Les voyages forment la jeunesse… et nous font rêver… d’avoir des ailes !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Benjamin Blondel, Steve Holliday

Les premières Cigognes blanches ont pondu mardi 19 mars – pour 3 nids – mais la plupart sont toujours en restauration de leur “logis”, qu’elles soient en couple ou même célibataires. Les cigognes sont en effet très fidèles à leur nid de construction, et non de naissance ; en effet, des oiseaux bagués poussins en Belgique, aux Pays-Bas ou encore en Normandie nichent sur le Parc.

Pour l’instant, on assiste à peu de conflits d’appropriation de logement. Mais de nombreuses cigognes devraient encore revenir de migration, jusque début mai. Pour les dernières arrivées, il faudra peut-être tenter de récupérer son bien si la place est déjà prise, ou tenter un “hold up immobilier” en s’emparant d’un nid… et du partenaire qui va avec !

Même lors de la couvaison effectuée durant 33 jours par les deux partenaires, et pendant l’élevage des jeunes, ces transports de matériaux vont se poursuivre. Branches, mousses, boue… Les éléments de construction ne manquent pas alentour !

Un grand merci à Jean Bail pour ces photos de cigognes prêtes à bricoler leur chez-soi.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Jean Bail

Alors que certains oiseaux tardent à quitter leur quartier d’hiver, et que d’autres, fraîchement revenus de migration, commencent tout juste à nidifier, les Foulques macroule, elles, ne se sont pas fait attendre : en effet, six petites boules de duvet noir, jaune et rouge ont pointé le bout de leur bec jeudi 28 mars !

Il faut dire que leurs parents, sédentaires sur le Parc, n’ont pas chômé. Dès fin février, on pouvait les voir construire leur nid volumineux sur la végétation émergée du marais du petit parcours, bien à l’abri dans les pousses de phragmites et de massettes. Après un peu plus de trois semaines de couvaison, les poussins sont sortis de leur oeuf. Mais pas question de traîner au nid : à peine quelques heures après l’éclosion, toute la petite famille s’est mise à l’eau.

Bien qu’autonomes dans leurs déplacements, les jeunes foulques ont néanmoins besoin de papa et maman pour réguler leur température corporelle, et, surtout, pour manger : pendant un mois environ, les adultes nourriront leurs petits de diverses plantes et larves aquatiques, en leur donnant la becquée. C’est le cas de tous les poussins semi-nidifuges (du latin nidus et fugere, “qui fuit le nid”), que l’on distingue des nidifuges stricts comme les oisons, par exemple, qui sont capables de s’alimenter par eux-mêmes, et des nidicoles (du latin nidus et colere, “qui habite le nid”) tels les cigogneaux, qui naissent nus et aveugles, et demeurent au nid jusqu’à leur envol.

Il est probable que dès ce mois d’avril, le couple tente de fonder une seconde nichée. Quand la nouvelle couvée verra le jour à son tour, les poussins de mars, devenus indépendants, aideront leurs parents à nourrir leurs petits frères et petites soeurs. Chez les foulques, on donne la becquée en famille !

Texte : Cécile Carbonnier

Illustrations : Eric Penet, Benjamin Blondel

C’est le long des haies et des sous-bois humides du Parc que l’on remarque la Ficaire fausse-renoncule, en ce tout début du printemps, presque seule pointe de couleur vive dans un paysage encore pastel. Avant que les arbres ne soient pourvus de feuilles, ces fleurs d’un jaune brillant éclaircissent le sol comme autant de petits soleils végétaux. Elles s’épanouissent le matin et se ferment le soir – variation journalière appelée nyctinastie – mais replient aussi leur corolle lorsqu’il pleut ou que le ciel est nuageux… Un vrai baromètre du beau temps ! Avec le changement climatique, la Ficaire a tendance à fleurir de plus en plus tôt, devenant quasi hivernale.

Son nom vient du latin fica, la figue, en raison de ses petits tubercules renflés rappelant plus ou moins la forme du fruit. Malgré son épithète “fausse renoncule”, elle appartient bien à la famille des Renonculacées.

Comme pour la Salicaire, son introduction dans le nord-ouest du continent américain en a fait une espèce invasive sur le Nouveau Monde. Dans les forêts alluviales, elle forme de véritables tapis étouffant l’arrivée des premières plantes indigènes printanières. Cela n’est pas le cas en Europe où la concurrence est bien présente en ces milieux.

Attention, la belle est lumineuse mais toxique à l’état adulte, lorsqu’elle est consommée crue et fraîche… sauf pour les limaces !

Texte et illustration : Philippe Carruette

Mars est encore une période d’hivernage, notamment pour les canards nordiques. Un rayon de soleil et voilà les Garrots à œil d’or en pleine parade nuptiale.

Leurs pattes battent rapidement, produisant une gerbe d’écume. Les mâles au plumage rutilant (sauf un mâle immature présent le 23 mars) rejettent la tête en arrière, bec vers le ciel, et tournent autour d’une femelle au plumage plus discret, mais tout en charme de nuances chocolatées.

Les mâles multiplient aussi les attitudes de menace, bec tendu en avant et cou allongé à l’horizontale, et chargent leurs rivaux en plongée ou en courant sur l’eau.

Profitons-en, en avril ces oiseaux seront remontés vers la Scandinavie ou la Russie. Mais de rares couples nichent en France irrégulièrement (Lorraine, Oise, Essonne). De nouveaux nichoirs vont être installés (un est présent au poste 6) puisque ce canard construit son nid dans les trous des arbres, souvent dans une ancienne loge de Pic noir.

Un grand merci à Jean Bail qui a su capter ce sublime moment !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Jean Bail

Crouac… Crouac… Les soirées douces et humides de ce début de printemps ont sonné l’heure de la saison des amours chez les Anoures. Grenouilles et crapauds sortent de leur engourdissement hivernal et, poussés par l’impératif de la reproduction, entament une migration pré-nuptiale parfois périlleuse vers le point d’eau le plus proche, afin d’y déposer leurs œufs, promesses de têtards à venir…

Si la plupart des individus effectuent cette convergence annuelle en toute autonomie, il arrive pourtant que certains mâles, plus opportunistes, profitent de la présence d’une grosse femelle pour se laisser porter jusqu’à destination : ils se cramponnent à elle, les pattes glissées sous les aisselles. Chevauchant ainsi leur dulcinée, ils sont emmenés dans un fauteuil (crapaud) et s’assurent ainsi la primauté d’accès aux femelles. Il faut reconnaître que la concurrence est rude chez ces batraciens, et les mâles, fidèles à leur frayère, doivent parfois redoubler de ruse pour parvenir à s’accoupler !

Au détour d’un sentier sablonneux, nous tombons ainsi sur un binôme verruqueux. Mais en y regardant de plus près, surprise ! Si la femelle arbore un intense regard cuivré typique des Crapauds communs (Bufo bufo), le mâle, quant à lui, a les yeux… verts ! La ligne jaune pâle qui longe sa colonne vertébrale ne laisse aucun doute : il s’agit d’un Crapaud calamite (Epidalea calamita). Drôle de couple… Mais il n’est pas rare d’observer des appariements inter-espèces chez les Amphibiens. Tentative d’accouplement de Grenouille rousse avec sa cousine verte… Amplexus de Grenouilles vertes auquel s’ajoute un intrus, Crapaud commun… Ces Messieurs sont parfois peu rigoureux avec la systématique des Batraciens !

Quoi qu’il en soit, même si notre duo atypique rejoint son site de ponte, une panne dunaire par exemple, l’hybridation n’aura pas lieu, et chacun trouvera, on l’espère, un partenaire de son espèce. La femelle, alors, commencera à évacuer ses ovocytes, aidée par les stimulations du mâle qui lui donnera des petits coups d’orteils sur les flancs. Deux longs cordons d’œufs seront alors expulsés, et fécondés au fur et à mesure par le liquide séminal. Dans quelques semaines, souhaitons-le, ils donneront naissance à des centaines de petites larves noires !

Texte : Cécile Carbonnier

Illustrations : Eric Penet, Cécile Carbonnier, Valentin Bors, Benjamin Blondel

Le Parc du Marquenterre accueille en ce moment encore quelques oiseaux hivernants, notamment des canards plongeurs comme le Harle piette (Mergellus Albellus).

Ainsi, aux postes 6 et 7, on peut parfois apercevoir un mâle, au plumage blanc et ailes noires, et deux femelles, dessus blanc, manteau gris ardoisé et capuchon brun, se laissant dériver sur les eaux agitées du marais. Les conditions météorologiques houleuses de ce mois de mars n’invitent guère les oiseaux à lutter contre le vent : ils préfèrent bien souvent cacher leur bec sous les plumes douillettes du dos, afin de ne pas souffrir du froid.

Présent depuis quelques temps, le trio nordique profite des eaux poissonneuses du Parc, qu’elles soient douces ou salées. Ces Anatidés peuvent aussi se nourrir d’insectes (dytiques, larves de libellules) durant l’été et l’automne, en plongeant une quinzaine de secondes en moyenne.

Leur vol rapide et précipité les emmènera jusqu’en Scandinavie, Russie ou Sibérie d’ici fin mars, où ils pourront fréquenter les lacs et cours d’eau bordés de forêts, afin de profiter de certaines cavités où viendront se déposer les premiers œufs à partir du mois de juin.

Nous remercions chaleureusement Jean Bail pour ces très beaux clichés réalisés vendredi 22 mars au poste 7. Amateurs de beaux plumages, à ne rater sous aucun prétexte !

Texte : Florent Creignou

Illustrations : Jean Bail et Alexander Hiley