Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Depuis la vague de froid de 2013, le Cygne de Bewick a retrouvé une véritable tradition d’hivernage sur le parc. Cette année là jusqu’à 19 oiseaux avaient été observés, un record historique pour la Picardie ! En 2014 un couple revient avec ses deux juvéniles, en 2015 ce sont 6 adultes et 2 immatures qui sont présents en hivernage, et pour l’hiver 2016/2017 un groupe de 6 avec un seul immature. C’est avec plaisir que l’on retrouve un couple d’adultes ce 27 et 28 décembre 2018 qui quittent le parc chaque fin d’après midi pour gagner les champs et marais arrière littoraux.

Seuls 300 à 400 individus de ce joli petit cygne de Sibérie arctique hivernent en France (Camargue, étangs champenois et lorrains). On ne sait pas s’ils sont venus « en rennes » mais c’est toujours un beau cadeau de fin d’année (mais on avait déjà été gâté avec les deux Pygargues dont un était présent ce vendredi 28 décembre!).

Photo : Jean Bail

Après avoir disparu en Corse en 1956, le Pygargue à queue blanche (Halietus albicilla) niche de nouveau en France aux étangs de Lindre en Lorraine avec un couple depuis 2011 et sa population a augmenté en Europe notamment en Norvège, sur les bords de la Baltique et en Ecosse où il a été réintroduit avec de jeunes oiseaux écossais.

De 1973 à 2018, six observations de ce grand rapace ont été effectué sur le Parc du Marquenterre. Le dimanche 28 octobre 2018 un juvénile est observé et photographié en vol survolant le parc. Il y est revu le lendemain matin de nouveau en vol venant de la baie puis montant très haut en altitude au-dessus du parc. Ce juvénile est recontacté sans suite le 5 novembre 2018 à la Maye. Le 1er et 2 décembre, il chasse en permanence sur le parc et finit sous une pluie et un vent fort à capturer une Oie cendrée en plein vol au cœur d’un groupe. Une chasse particulièrement spectaculaire avec le cri de panique des oies et le fracas des ailes. Il l’a plume au pied du poste 7 avec deux Corneilles noires à ras de son bec !

En France, il est un hiverna régulier sur les grands lacs de Lorraine et de Champagne, le cours du Rhin, la Brenne et les Landes. Mais si on fait un rapide historique de l’espèce en baie de Somme on se rend compte que l’oiseau est moins rare que l’on ne le pense même si son observation reste toujours exceptionnelle.

Dernières infos (16/12/2018): Le pygarque continue son hivernage est se laisse observer presque tous les jours sur le site !

Poste 5, mercredi 5 décembre, 17h. Une grande nappe de soie mesurant plusieurs centaines de mètres carrés… presque effroyable ! S’agit-il d’une pollution industrielle ? d’une araignée géante ?

Cette toile appelée « fils de la vierge », pas très rassurant (!), provient en fait de plusieurs araignées ! Pour conquérir de nouveaux territoires, nos jeunes arachnides s’équipent de parachutes et peuvent ainsi parcourir ensemble des centaines de kilomètres dans les airs. Le courrier de la Hulotte relève un record de 1000 km, notamment pour l’espèce Epéire diadème, celle qui a une croix sur le dos. Cette capacité de voler ainsi se nomme le « balloning« .

Cette technique de dispersion est également utilisée par certains acariens ou chenilles, courante chez le groupe des Linyphiidaes (araignées de toute petite taille).

Dans certains cas, comme en bordure du littoral, le vent peut les contraindre à s’entasser sur le rivage. Les fils se prennent alors dans les premières herbes venues…. CQFD ?

D’autres théories sont avancées… elles parlent de manifestations de la Vierge Marie, d’OVNI…

 

Le Roitelet huppé, avec ses 5 grammes de moyenne,  a beau être le plus petit oiseau d’Europe, mais cela ne l’empêche pas d’être un grand voyageur. En ce moment dans les Hauts de France il est signalé en grand nombre : plusieurs centaines sont bagués au Parc du Marquenterre, il est noté dans les jardins (il adore les conifères) aussi bien sur le littoral, qu’à Sailly Flibeaucourt, Domart, Rue ou Amiens. Le mercredi 14 novembre 10 à 12,000 sont estimés en passage au parc du Marquenterre en une matinée. Sur un site de migration de l’Oise à Brassoir, il n’a jamais été aussi nombreux, tout comme dans les forêts du nord de l’Aisne. Nous recevons de nombreux appels au parc nous signalant la présence dans les jardins de ce petit passereau hyperactif. Les ornithologues belges nous avait prévenus de cette arrivée massive du « nain des oiseaux ».

Pas de long voyage pour le « petit roi », on dit qu’il fait une migration « rampante », se déplaçant d’arbre en arbre ou de buisson en buisson tout en capturant de minuscules invertébrés sur les feuilles ou l’écorce, et en évitant les grands espaces ouverts. Il peut ainsi consommer 7 grammes de nourriture par jour, c’est à dire plus que son propre poids ! Il peut capturer jusqu’à 200 minuscules collemboles à la minute ! Il peut faire ainsi 200 ou 300 km par jour voir plus. Ainsi un oiseau a fait Pologne/Pyrénées Atlantiques en 12 jours ou Suède/Morbihan en 14 jours ! En 2001, un oiseau bagué à Svetice en République Tchèque le 23 septembre se tue sur une vitre dans la Somme à Saint Ouen le 24 octobre de la même année. Mais d’où viennent ces nombreux oiseaux cette année ? Probablement de Scandinavie où il niche dans les vastes forêts de pin et épicéas mais peut être aussi de Pologne ou de la lointaine taïga russe ou sibérienne, puisque un Pouillot de Pallas fut bagué par Adrien Leprêtre en compagnie de centaines de roitelets huppés le 14 novembre. Nous attendons sur nos stations de baguage de capturer des oiseaux déjà bagués par nos collègues d ‘Europe du nord. En 2015 l’invasion migratrice avait été aussi importante mais localisée surtout au littoral avec plus de 1000 oiseaux bagués sur le Parc du Marquenterre (dont deux contrôles d’oiseaux bagués au Danemark et aux Pays Bas durant leur halte migratoire). Mais les dernières migrations aussi spectaculaires remontent à 1989 (avec 3000 à 4000 oiseaux observés ensembles sur le parking du Parc du Marquenterre le 11 novembre) et en 2005 (1500 le 6 novembre 2005 au Marquenterre).

Pourquoi de telles invasions : cela est liée à probablement une bonne reproduction des nicheurs Scandianvie avec la fin de printemps et l’été chaud. Mais aussi une pénurie de nourriture à l’automne pour tous ces jeunes oiseaux de l’année (97% des oiseaux bagués) qui fuit vers le sud comme un véritable exode alimentaire. Dans ce type d’irruption en masse, la mortalité est énorme notamment pour un si petit oiseau. On estime que à peine 10% de ces millions de migrateurs retrouveront vivants au printemps leurs terres d’origines.

 

Photo: Jean-Michel Dupont

Au lever du jour ces derniers jours de novembre le parc a des allures d’ailleurs, d’Irlande ou de Rwanda au grès des imaginations fécondes, d’envies de voyages à nos pieds, dans nos yeux… Il est comme ça des lieux quotidiens qui se voient transformer. Y a t’ il un magicien qui a le pouvoir de redonner du charme, de l’attrait,  pour que l’on puisse se dire que tout est éphémère et qu’il faut savoir en profiter, savourer ce que l’on croise tous les jours.  Le beau que l’on n’attendait pas est toujours de cela. Je ne sais si « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » mais en tout cas il permet au moins de rendre parfois plus magique l’instant, et qui sait plus belle la journée, voir l’avenir si on sait s’arrêter…juste aussi un instant en signe de respect et d’humilité pour ce qui s’offre gratuitement… et surtout bien sûr le faire partager.

TELECHARGER le comptage du 12 novembre 2018

En bref : 668 Canards colverts, 240 Barges à queue noire, 3 Garrots à oeil d’or…

TELECHARGER le comptage du 7 novembre 2018

En bref : 867 Canards colvert, 250 Barges à queue noire, 122 Canards siffleur, 40 Chevaliers gambette…

TELECHARGER le comptage du 26 octobre 2018

En bref : 1410 Bécasseaux variables, 591 Sarcelles d’hiver, 280 Barges à queue noire, 49 Spatules blanches