Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.
La migration des fringilles, et surtout des Pinsons, bat son plein depuis quelques semaines (jusqu’à 15 000 individus observés par heure).
Mais ici nous ne parlerons pas que de la migration de nos « piafs » mais également des libellules rouges : les Sympetrums. Il existe plus de 6 000 espèces de libellules dans le Monde et une trentaine sont migratrices. Même s’il s’agit d’un insecte très commun, connu de tous, les migrations passent souvent inaperçues et pourtant… Chaque année, en septembre, il suffit de lever les yeux au ciel pour voir des centaines voire des milliers d’individus surtout lors de migrations exceptionnelles (référence à celle de 2011 pour la migration de l’Anax porte-selle).
Sans que l’on comprenne réellement les raisons de ces migrations (émergences massives ?, manque de nourriture ?), il s’agit de déplacements en aller simple vers le Sud jusqu’au bassin méditerranéen parfois et donc sans retour. Durant leurs déplacements, les libellules pondront sur des mares favorables et finiront par mourir avant l’hiver.
Pour étudier les déplacements de ces odonates, certains scientifiques étrangers et même français passent par des opérations de CMR ou capture-marquage-recapture. Cette technique consiste à capturer des libellules pour les équiper d’un identifiant unique (à chaque individu) sur leurs ailes avant de les relâcher. Ils sont identifiés grâce aux numéros sans avoir à les capturer une nouvelle fois.
Le mois d’octobre est encore propice aux déplacements de ces insectes car il fait encore relativement chaud. Vous pouvez d’ailleurs encore voir sur les plans d’eau du Parc des pontes de sympetrums et encore quelques cœurs copulatoires… jusqu’à leur dernier « souffle » ils assureront le renouvellement de leur espèce.
Mais en terme de migration, c’est du jamais vu au Parc !
Depuis un mois déjà des déplacements de Sympetrums en tandem (mâle qui maintient la femelle en arrière de la tête à l’aide de leurs cerques) sont notés sur le Parc. En effet, ces derniers jours plus de 4 000 sympetrums sont comptés en une seule matinée sur le point de vue. C’est une manne de nourriture importante pour les oiseaux surtout pour le Faucon hobereau. Ce rapace part en migration en suivant le déplacement de nos libellules. Excellent moyen de se ravitailler en vol sans trop d’efforts. Peut-être le verrez-vous capturer les libellules directement avec les serres, juste au-dessus du pavillon d’accueil. Il arrache les ailes et apporte, serres au bec, le reste de l’insecte, et tout ça en plein vol !
Texte et photo : Hedwige Letienne.
Un juvénile de Balbuzard pêcheur est toujours présent en baie de Somme et sur le Parc. Il pêche surtout en mer mais parfois aussi au poste 9 et on le voit alors survolant le site, poisson dans les serres, pour aller le déguster dans la pinède. Cet oiseau est certainement originaire d’Allemagne ou d’Ecosse. Profitons en puisque ensuite il ira hiverner en Afrique du nord et de l’ouest, les observations hivernales étant encore très rares sur notre littoral. Moins de 100 couples nichent en France (Corse, Indre et Loire, Moselle, Essonne…). Petit « inconvénient » avec son envergure 1,50 m son survol créer souvent une peur panique sur les reposoirs de limicoles à marée haute…
Texte : Philippe Carruette – Photos : Jean Bail.
Durant le mois d’octobre la migration des passereaux bas son plein. Mais ils ne sont pas les seuls a passer ! Ces derniers temps de nouvelles bagues sont observées chaque jours dans les groupes de Spatules blanches. Preuve que la migration n’est pas terminée pour cette espèce, beaucoup d’entre elles sont encore loin de l’arrivée… La plupart des spatules iront en effet hiverner dans l’ouest de l’Afrique.
Ce qu’on peut remarquer également sont les différentes provenances des oiseaux. La majorité des migratrices faisant halte en Baie de Somme nous proviennent des Pays Bas, mais nous avons également remarqué quelques bagues allemandes et récemment des bagues danoises. Ces oiseaux provenant d’un peu plus loin mettent peut être plus de temps a nous parvenir ?
Texte : Clément Parissot – Photos : Louis Marie Préaux, Clément Parissot.
En ce moment au Parc, de nombreux travaux sont réalisés par l’équipe de gestion. Vous verrez notamment que proche des fossés du parcours vert ou encore au poste 1 les berges ont été étrépées. L’étrépage est une technique de restauration écologique des milieux. Cette opération consiste à enlever mécaniquement les horizons organiques (couches supérieures) d’un sol pour le rajeunir. Ainsi appauvri et déstabilisé, le sol favorise le développement d’espèces pionnières et de la riche biodiversité qui y est associée.
TELECHARGER le comptage du 8 octobre 2018
En bref : 1200 Bécasseaux variables, 390 Canards souchets, 338 vanneaux huppés, 135 Spatules blanches….
C’est en octobre que les Panures à moustaches sont les plus « visibles » sur le Parc. Discrètes, elles se tiennent toujours au cœur des phragmites. A la toute fin septembre une petite troupe de 6 oiseaux, dont deux mâles adultes, nous ont offert de bien bons moments éthologiques. Regroupées au sol, elles grattaient les vasières en assec au pied des roseaux comme de « mini poulettes rousses » (avec tout le respect pour les deux espèces !). Ce comportement à la recherche de petits mollusques et crustacés était déjà relaté par l’ornithologue autrichien Koenig en 1943 au lac de Neusiedl. Étant sur une plage sablonneuse, il est aussi possible qu’elles récoltaient des grains de sable pour garnir le gésier. En effet en automne les Panures changent de régime alimentaire et vont se nourrir de dures et peu digestes graines de phragmites. La paroi interne du gésier acquiert une couche plus épaisse et corné de coiline et les graviers serviront à broyer les graines. Un individu s’est mis à courir à grandes enjambées la queue en l’air de très manière très comique, un vrai « Bip Bip » roux !
Un superbe livre sur l’éthologie des oiseaux européens vient de sortir aux éditions suisses de la Salamandre. Disponible à la boutique du Parc il est certes un peu cher mais la qualité des illustrations de terrain et la précision des textes des auteurs italiens valent largement le prix de leur compétence et de leur passion qui se reflètent dans cet ouvrage unique.
Texte : Philippe Carruette – Photo : Alexander Hiley.
Si il y a un papillon diurne que vous rencontrez souvent sur le Parc c’est bien le Tircis (Pararge aegeria tircis). Il est facile à reconnaître avec ses ailes ornées de taches claires orange ou crème sur un fond brun sombre. Au bord de l’aile antérieure une petite ocelle noire avec au centre un point blanc est bien caractéristique. Ailes pliées, la face inférieure brun gris donne une parfaite homochromie « feuille morte ». Par contre il est bien plus difficile à photographier ; tout le temps en mouvements, le mâle est plutôt intolérant dans la défense de son territoire ! Le fait d’avoir deux générations par an fait qu’il est observable d’avril à novembre. Il pond ses œufs un à un sur de nombreuses espèces de graminées ce qui fait, comme pour ses plantes, qu’il est plutôt assez commun sur de nombreux milieux. Il hiverne au stade de chenille ou de chrysalide mais il est probable qu’il puisse hiverner dans le sud de la France à l’état adulte (imago). Tout comme le Vulcain cela pourrait peut être un jour le cas sur notre littoral !
Texte : Philippe Carruette – Photos : Mélanie Siron.