Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Sur la fin des parcours, on remarque que les feuilles d’Aulnes se trouvent criblées de petits trous les transformant en passoires… Sur certaines d’entre elles, en y regardant de plus près, on peut y apercevoir un tout petit insecte bleu électrique mesurant un demi centimètre environ. Il s’agit de la Galéruque de L’Aulne ou Chrysomèle de l’Aulne (Agelastica alni). Ce petit coléoptère passe sa vie sur les arbres : les œufs sont pondus sur la face inférieure des feuilles, après éclosion les larves se nourrissent en grignotant uniquement la surface du feuillage mais en grandissant leur appétit grandit également ! Après un court passage dans le sol le temps de la métamorphose les adultes retrouvent les feuilles pour s’y nourrir en les trouant, créant ainsi parfois de véritable dentelles !

Texte : Clément Parissot – Photo : Vincent Caron, Sylvie Gautier.

Les marais du Marquenterre sont le décor d’étonnantes parties de pêches collectives. Si vous vous arrêtez aux postes 3 ou 9, vous aurez peut-être la chance d’assister au ballet des Grands cormorans et ardéidés qui, chacun avec sa technique, part en quête de ses proies…

En première ligne, les « corbeaux de mer », au corps noir et fuselé, plongent avec vélocité à un, deux mètres de profondeur, poursuivant un banc de gardons ou d’épinoches. L’onde sinueuse que laisse leur passage à la surface de l’eau nous permet de suivre leur trajectoire aquatique.

Mouvement que semblent anticiper les Aigrettes garzettes, puisqu’elles décollent et se posent juste en aval des cormorans ; elles profitent ainsi du travail effectué par ces derniers, et n’ont qu’à piocher promptement, avec leur bec en poignard, le butin que les rabatteurs sous-marins ont acculé.

Mais les blanches coquettes aux doigts jaunes ne sont pas les seules à bénéficier de l’efficacité des cormorans. Leurs cousins – Grandes aigrettes et Hérons cendrés – ont eux aussi élu domicile sur le marais. Pas besoin de faire la statue pendant des heures en épiant alentour, attendant qu’une anguille s’approche : ils n’ont qu’à se poster légèrement en périphérie de l’agitation ichtyenne, et fondre sur le poisson qui se sera éloigné du groupe. Parfois, une Cigogne blanche fait son apparition, et adopte la même stratégie.

Enfin, les Spatules blanches ferment le cortège, marchant à la queue leur leu dans l’étang. Elles font de grands mouvements de droite à gauche avec leur bec entrouvert dans l’eau trouble, à l’aveugle. Dès qu’elles sentent un alevin ou un crustacé, elles referment leur outil aplati et capturent leur déjeuner.

Une fois tous ces oiseaux rassasiés, chacun va digérer et se reposer – cormorans ailes écartés, ardéidés tête rentrée dans les épaules, Spatules perchées sur une patte – et le marais retrouve alors son calme automnal…

Texte et photo : Cécile Carbonnier – Vidéo : Pierre Aghetti.

Le long des chemins, il vous arrive souvent de croiser la route de petits Crapauds communs ou calamites. Mais c’est aussi l’occasion en septembre lors des matinées à la rosée abondante d’être surpris par un saut de Grenouille rousse. Elle est de grande taille (5 à 10 cm) de coloration variable allant du jaune brunâtre en passant par le brun toujours marqué de bandes sombres. Une large tache temporal recouvre le tympan et se prolonge à travers l’œil jusqu’aux narines (museau bien arrondi). Elle se déplace par petits bonds successifs entre lesquels elle reste immobile (bien pratique pour la photo ! ). Dès la mi-octobre, elle va entrer en hibernation sous une souche ou enfouie dans la vase. Très sensible au moindre redoux, ce sera la première à sortir pour se reproduire en milieu aquatique dès début février. La ponte caractéristique en masse gélatineuse comporte 1000 à 4000 œufs.

C’est l’une des deux espèces de grenouille brune connue actuellement sur le Parc. La Grenouille agile bien moins abondante et observée de nouveau récemment sur le site a le ventre blanc immaculé, l’œil nettement bicolore en phase terrestre et le museau pointu.

Texte et photos : Philippe Carruette.

La discipline de l’herpétologie prend ses racines dans le grec ancien : hérpo (« se trainer, ramper ») et se réfère au serpent. Elle concerne l’étude des reptiles et des amphibiens.
Cette année au Parc nous avons pu découvrir un indice de présence totalement nouveau : un œuf de couleuvre… A quelle espèce appartient-il ? Un doute subsiste et le choix se porte sur la Couleuvre à collier ou La Coronelle lisse, d’ailleurs la présence de cette dernière est signalée depuis peu en Baie de Somme. La surprise fut plus grande en découvrant à l’intérieur de l’œuf un nid d’hyménoptère, certainement une guêpe qui emprunta la coquille abandonnée par le serpenteau. Mais alors d’où vient il ? Une population discrète aurait-elle enfin conquis les plans d’eau du Parc ? L’enquête est ouverte…

Comme chaque année les Lézards vivipares nous accompagnent quotidiennement le long des sentiers du Parc, ils adoptent également comme support les Eupatoires à feuilles de chanvre sur une zone qui semble convenir aussi aux Rainettes arboricoles, il n’est pas rare de les voir se côtoyer. Prenez garde de ne pas les déranger pendant leur bain de soleil, d’une part vous ne les reverrez peut-être pas sur leur site d’insolation favori et d’autre part cela leur cause stress (ayant une influence sur la coloration de la rainette) et dérangement. Bien que ces animaux soient immobiles, ils vous voient parfaitement et ont confiance en leur camouflage grâce au support végétal adopté. Par contre il suffit d’un mouvement brusque et ils disparaissent !

Un petit entrainement pour apprendre à les repérer ? Voyez vous les deux Lézards et la Rainette sur cette image (cliquez pour agrandir) ?

Texte et photos : Gaëlle Micheli.

Ignorant tout protocole, arrivé en toute discrétion sans déplacement ou annonce officielle, un jeune Bécasseau tacheté arpente tranquillement les berges en assec du poste 7 le 25 septembre après midi au milieu des Sarcelles d’hiver et des Grands cormorans en reposoir de marée haute. Ce bécasseau niche en effet dans l’Arctique américain et canadien. C’est un grand migrateur nocturne qui va hiverner jusqu’au Chili et en Terre de Feu. Lors des forts coups de vent ou ouragans imprévisibles (comme « Florence » dont nous avons heureusement reçu que les reliquats le week end dernier) il peut traverser l’Atlantique et se retrouver en Europe. C’est le plus régulier des limicoles américains en France, et il est observé pratiquement tous les ans sur le littoral picard ou à l’intérieur mais il n’avait pas été observé sur le Parc depuis 2009 ! Il est relativement facile à reconnaître. Se tenant haut sur pattes, il est un peu plus grand que le Bécasseau variable avec des pattes verdâtres et une bande pectoral grisâtre. Inutile de préciser que quelques minutes après l’observation le poste d’observation était plein d’observateurs, photographes, guides ou visiteurs néophytes pour l’accueillir dignement ! Ce sont des moments de partage de connaissances pour tous et au Marquenterre quelque soit ses connaissances on a bien entendu le droit (et le devoir !) de partager les même plaisirs des yeux du vivant !

Texte : Philippe Carruette – Photo : Frédéric Leviez.

Le jeudi 27 septembre par une belle fin de matinée ensoleillée et un léger vent d’est une jeune Cigogne noire survole seule le Parc. Profitant de ces bonnes conditions, elle file plein sud-est sans s’arrêter, direction le Burkina ou le Niger, sa destination finale d’hivernage. Depuis juillet 16 Cigognes noires ont survolé le Parc, une année moyenne (28 en 2016, 29 en 2017) mais c’est pour l’instant la première et seule observation pour septembre 2018. Les oiseaux ont tendance à passer de plus en plus tôt en migration postnuptiale avec un pic d’observation se décalant fin juillet (au lieu de mi août dans les années 1990) et maintenant une quasi absence de données pour septembre. Les Cigognes noires remontent de plus en plus tôt sur leur site de reproduction dans le nord-est de la France, la Belgique et l’Allemagne, les juvéniles qui sont très majoritaires à l’ouest du couloir de migration s’émancipent donc plus tôt. Mais il sera peut être encore possible d’observer des migratrices tardives puisque les données les plus tardives sur le Parc sont le 17 octobre 2016 et même le 10 novembre 2014 !

Texte : Philippe Carruette – Photo: Alexander Hiley.

Cette année, les Bécassines des marais sont bien présentes sur le Parc, notamment le long des berges en assec bordées de roselière (merci l’été sec !). Elles profitent des vasières découvertes et du faible niveau d’eau pour se nourrir de vers, larves et autres invertébrés aussi bien en eau douce que saumâtre. Qu’un danger la survole, qu’un bruit suspect l’a mette en alerte, et elle s’aplatit aussitôt pattes fléchies, prête à se propulser comme un « ressort volant ». Le gros œil noir très en arrière de la tête (pratique pour voir derrière soi et de nuit notamment quand on est absorbé à sonder) reste toujours interrogateur. Le vol rapide est très dépensier en énergie, elle quitte un site de gagnage riche qu’à contrecœur et en dernière minute uniquement quand le danger se précise.

Texte : Philippe Carruette – Photo : Michèle Peter.

Comme nous l’avons vu dans un article précédent, la Rainette arboricole est relativement commune sur le Parc (même si elle est classée « vulnérable » sur le livre rouge des espèces en France) et fait, à juste titre, depuis quelques années le bonheur des photographes quand elle se dore au soleil sur les feuilles ou les rambardes de bois. Il faut dire que sa couleur vert tendre (pomme Granny comme je dis aux enfants) est particulièrement photogénique ! Mais elle peut changer de couleur en fonction de la température ambiante, de l’hydrométrie et du support où elle se trouve. Ce jeune individu sur des Eupatoires chanvrine en graine (photo) a ainsi une bien jolie couleur dorée, et avec une lumière tout aussi avantageuse quand Emilie Tartart a su découvrir cette discrète « petite pépite d’or » ! Dans les années 2000, un individu bleu a même été observé sur le Parc, couleur plus « fréquente » chez la Rainette méridionale.

Attention, le matin quand la rainette se dore au soleil, il ne faut jamais oublier que pour elle ce comportement est une activité capitale et même vitale pour reprendre chaleur et énergie permettant d’être active ensuite pour la recherche de nourriture. Approcher trop près son appareil photo, bouger la végétation (qui gêne bien sûr!) peut la déranger et la faire repartir dans la végétation sans qu’elle est rechargée suffisamment ses batteries… Vous vous voyez dérangé durant votre sieste dominicale ?!

Texte : Philippe Carruette – Photo : Emilie Tartart.