Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

La discipline de l’herpétologie prend ses racines dans le grec ancien : hérpo (« se trainer, ramper ») et se réfère au serpent. Elle concerne l’étude des reptiles et des amphibiens.
Cette année au Parc nous avons pu découvrir un indice de présence totalement nouveau : un œuf de couleuvre… A quelle espèce appartient-il ? Un doute subsiste et le choix se porte sur la Couleuvre à collier ou La Coronelle lisse, d’ailleurs la présence de cette dernière est signalée depuis peu en Baie de Somme. La surprise fut plus grande en découvrant à l’intérieur de l’œuf un nid d’hyménoptère, certainement une guêpe qui emprunta la coquille abandonnée par le serpenteau. Mais alors d’où vient il ? Une population discrète aurait-elle enfin conquis les plans d’eau du Parc ? L’enquête est ouverte…

Comme chaque année les Lézards vivipares nous accompagnent quotidiennement le long des sentiers du Parc, ils adoptent également comme support les Eupatoires à feuilles de chanvre sur une zone qui semble convenir aussi aux Rainettes arboricoles, il n’est pas rare de les voir se côtoyer. Prenez garde de ne pas les déranger pendant leur bain de soleil, d’une part vous ne les reverrez peut-être pas sur leur site d’insolation favori et d’autre part cela leur cause stress (ayant une influence sur la coloration de la rainette) et dérangement. Bien que ces animaux soient immobiles, ils vous voient parfaitement et ont confiance en leur camouflage grâce au support végétal adopté. Par contre il suffit d’un mouvement brusque et ils disparaissent !

Un petit entrainement pour apprendre à les repérer ? Voyez vous les deux Lézards et la Rainette sur cette image (cliquez pour agrandir) ?

Texte et photos : Gaëlle Micheli.

Ignorant tout protocole, arrivé en toute discrétion sans déplacement ou annonce officielle, un jeune Bécasseau tacheté arpente tranquillement les berges en assec du poste 7 le 25 septembre après midi au milieu des Sarcelles d’hiver et des Grands cormorans en reposoir de marée haute. Ce bécasseau niche en effet dans l’Arctique américain et canadien. C’est un grand migrateur nocturne qui va hiverner jusqu’au Chili et en Terre de Feu. Lors des forts coups de vent ou ouragans imprévisibles (comme « Florence » dont nous avons heureusement reçu que les reliquats le week end dernier) il peut traverser l’Atlantique et se retrouver en Europe. C’est le plus régulier des limicoles américains en France, et il est observé pratiquement tous les ans sur le littoral picard ou à l’intérieur mais il n’avait pas été observé sur le Parc depuis 2009 ! Il est relativement facile à reconnaître. Se tenant haut sur pattes, il est un peu plus grand que le Bécasseau variable avec des pattes verdâtres et une bande pectoral grisâtre. Inutile de préciser que quelques minutes après l’observation le poste d’observation était plein d’observateurs, photographes, guides ou visiteurs néophytes pour l’accueillir dignement ! Ce sont des moments de partage de connaissances pour tous et au Marquenterre quelque soit ses connaissances on a bien entendu le droit (et le devoir !) de partager les même plaisirs des yeux du vivant !

Texte : Philippe Carruette – Photo : Frédéric Leviez.

Le jeudi 27 septembre par une belle fin de matinée ensoleillée et un léger vent d’est une jeune Cigogne noire survole seule le Parc. Profitant de ces bonnes conditions, elle file plein sud-est sans s’arrêter, direction le Burkina ou le Niger, sa destination finale d’hivernage. Depuis juillet 16 Cigognes noires ont survolé le Parc, une année moyenne (28 en 2016, 29 en 2017) mais c’est pour l’instant la première et seule observation pour septembre 2018. Les oiseaux ont tendance à passer de plus en plus tôt en migration postnuptiale avec un pic d’observation se décalant fin juillet (au lieu de mi août dans les années 1990) et maintenant une quasi absence de données pour septembre. Les Cigognes noires remontent de plus en plus tôt sur leur site de reproduction dans le nord-est de la France, la Belgique et l’Allemagne, les juvéniles qui sont très majoritaires à l’ouest du couloir de migration s’émancipent donc plus tôt. Mais il sera peut être encore possible d’observer des migratrices tardives puisque les données les plus tardives sur le Parc sont le 17 octobre 2016 et même le 10 novembre 2014 !

Texte : Philippe Carruette – Photo: Alexander Hiley.

Cette année, les Bécassines des marais sont bien présentes sur le Parc, notamment le long des berges en assec bordées de roselière (merci l’été sec !). Elles profitent des vasières découvertes et du faible niveau d’eau pour se nourrir de vers, larves et autres invertébrés aussi bien en eau douce que saumâtre. Qu’un danger la survole, qu’un bruit suspect l’a mette en alerte, et elle s’aplatit aussitôt pattes fléchies, prête à se propulser comme un « ressort volant ». Le gros œil noir très en arrière de la tête (pratique pour voir derrière soi et de nuit notamment quand on est absorbé à sonder) reste toujours interrogateur. Le vol rapide est très dépensier en énergie, elle quitte un site de gagnage riche qu’à contrecœur et en dernière minute uniquement quand le danger se précise.

Texte : Philippe Carruette – Photo : Michèle Peter.

Comme nous l’avons vu dans un article précédent, la Rainette arboricole est relativement commune sur le Parc (même si elle est classée « vulnérable » sur le livre rouge des espèces en France) et fait, à juste titre, depuis quelques années le bonheur des photographes quand elle se dore au soleil sur les feuilles ou les rambardes de bois. Il faut dire que sa couleur vert tendre (pomme Granny comme je dis aux enfants) est particulièrement photogénique ! Mais elle peut changer de couleur en fonction de la température ambiante, de l’hydrométrie et du support où elle se trouve. Ce jeune individu sur des Eupatoires chanvrine en graine (photo) a ainsi une bien jolie couleur dorée, et avec une lumière tout aussi avantageuse quand Emilie Tartart a su découvrir cette discrète « petite pépite d’or » ! Dans les années 2000, un individu bleu a même été observé sur le Parc, couleur plus « fréquente » chez la Rainette méridionale.

Attention, le matin quand la rainette se dore au soleil, il ne faut jamais oublier que pour elle ce comportement est une activité capitale et même vitale pour reprendre chaleur et énergie permettant d’être active ensuite pour la recherche de nourriture. Approcher trop près son appareil photo, bouger la végétation (qui gêne bien sûr!) peut la déranger et la faire repartir dans la végétation sans qu’elle est rechargée suffisamment ses batteries… Vous vous voyez dérangé durant votre sieste dominicale ?!

Texte : Philippe Carruette – Photo : Emilie Tartart.

Lors d’une opération de baguage le 10 septembre, un jeune mâle de Fauvette à tête noire est pesé sur la balance électronique à 24,8 grammes. Une masse remarquable puisque la littérature donne comme limite normal 25 grammes (mais des oiseaux ont pu atteindre 35 g !). La graisse est localisée sur la poche claviculaire sous la gorge et dans ce cas déborde largement sur la poitrine. Des études sur l’adiposité ont montré que en halte migratoire sur des sites particulièrement riche en nourriture (et mémorisé en tant que tels sur la voie de migration) un passereau dans la nature pouvait prendre au maximum plus d’un gramme par jour et un jour de vol (400 km environ pour un passereau) va demander 3 à 5 jours de halte pour recharger les « batteries ».

L’abondance des mûres très sucrées cette année (les fruits ont un rapport graisses/protéines bien plus élevé que celui des insectes) est bien venue pour prendre du poids. L’apport direct des acides gras vers les muscles est beaucoup plus facile chez les oiseaux que chez les mammifères permettant de « brûler » de manière très rentable les graisses. Cela a bien entendu un vif intérêt auprès des chercheurs en médecine humaine ! D’autant plus qu’avant le départ, pour accompagner cette hyperphagie, l’intestin s’allonge, le foie s’accroît pour se réduire de nouveau au moment du départ sur de longue distances ! En main lors du relâcher l’oiseau avait la forme d’un ballon de rugby bien rebondi, et son envol fut plutôt rectiligne à ras du sol !

Texte et photo : Philippe Carruette.

Depuis le 8 septembre une Guifette leucoptère juvénile est présente sur le Parc. Elle papillonne de son vol chaloupé souvent entre les postes 8 et 10. Elle n’est pas évidente à déterminer d’autant qu’une jeune Guifette noire (première photo) a aussi été observée à partir du 11 septembre. Chez la leucoptère (deuxième photo) le croupion blanc bien net et la virgule sombre absente de l’épaule sont des critères essentiels. Depuis 1973, seules 9 observations de cette espèce ont eu lieu sur le Parc en migration post-nuptiale du 6 août au 7 septembre et 5 en migration prénuptiale. La Guifette leucoptère niche sur les prairies inondées et vastes marais de l’est de l’Europe. Des couples isolés ont déjà niché en Brière et au Lac de Grand Lieu (Loire atlantique) ces dernières années, ainsi qu’aux Pays Bas sans implantation pérenne.

Texte : Philippe Carruette – Photos : Emilie Tartart, Gaëlle Micheli.

Les grandes marées de mi septembre se terminent. Elles ont été particulièrement spectaculaires le mardi 11 septembre. Plus de 6400 Huîtriers pie et 1200 Courlis cendrés sont au rendez vous sur le reposoir du poste 4. Le bénéfique été chaud a permis de découvrir de vastes bancs de sable et de vasières absolument indispensables au stationnement des limicoles. Jeudi 13 septembre avec l’absence de vent, les Huîtriers pie ne sont pas rentrés. Mais par contre la diversité est remarquable avec plus d’une centaine de Bécasseaux maubèches, Bécasseaux variables, Bécasseaux cocorlis, Bécasseaux minutes, Combattants, Avocettes, Barges rousses et Pluviers argentés ; le tout rehaussé en une belle lumière par un bon groupe de Spatules blanches.

 

Les prochaines grandes marées seront du 8 au 12 octobre, les stationnements des limicoles dépendront de l’accessibilité du reposoir (niveau d’eau).

Texte Philippe Carruette – Photos : Jean Bail.