Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Rondouillard, gros yeux noirs, hautes pattes fines… Il a tout d’un Rouge-gorge et pourtant il est bien terne, tout moucheté de beige roussâtre. Les juvéniles de cette espèce ont en effet ce plumage qui passe bien inaperçu et ne déclenche pas les agressions territoriales des adultes qui ne supportent pas une « poitrine orange » sur leur territoire. Après leur mue post juvénile en fin d’été ces jeunes Rouge-gorges verront une teinte orangée apparaître sur leur poitrine. Pendant ce temps la femelle aura le temps d’entreprendre une deuxième couvée, les jeunes volants de la première couvée seront alors encore à la charge du mâle pendant une quinzaine de jours pendant que la femelle couve. Des cas rares de troisième ponte ont déjà été signalés. Il faut dire que la mortalité des juvéniles chez cette espèce est particulièrement importante.

Texte : Philippe Carruette – Photos : Clément Parissot, Philippe Carruette.

 

C’est fin mai sur les ombellifères et les fleurs d’aubépine que l’on voit sortir la Trichie fasciée (Trichius fasciatus). Ce petit coléoptère (9 à 12 mm) a les couleurs et la pilosité sur le thorax du bourdon et ses élytres les teintes de la guêpe d’où son nom britannique de « Bee beetle » (scarabé abeille). La couleur des élytres varie du jaune clair à l’orange. L’écusson (triangle séparant les deux élytres en arrière de la tête) est noir.  Elle porte aussi une petite « dent » caractéristique sur les tibias médians. Les adultes butinent de manière active les fleurs alors que les larves se développent dans le bois pourri pendant deux ans. Sur le Parc elles sont en priorité dans les bouleaux et aulnes.

Texte et photo : Philippe Carruette.

Deux à trois couples de Mésanges huppées nichent sur le Parc du Marquenterre. Ils sont très localisés autour du pavillon d’accueil, au fond des parkings et à la héronnière en adéquation avec la pinède. L’hiver, elle vient aussi à la mangeoire garnie de tournesol devant le pavillon d’accueil. Le nid est souvent construit dans un trou d’arbre mort ou cassé par une tempête. Elle est considérée comme très sédentaire mais à l’automne 2003 lors d’irruptions importantes d’espèces forestières des mouvements migratoires furent notés ainsi qu’un groupe exceptionnel de 15 oiseaux ensembles.

Texte : Philippe Carruette – Photo : Clément Parissot.

Les premières Tourterelles des bois sont de retour d’Afrique de l’Ouest et on commence à entendre les jolis roucoulements bas des mâles chanteurs dans les zones forestières au centre du Parc. Mais au point de vue, on remarque des mouvements vers le nord est de petits groupes de Tourterelles turques. L’espèce est plutôt considérée comme sédentaire, et les mouvements migratoires sont peu connus. D’où viennent et où vont ces oiseaux ? Les quelques oiseaux bagués localement pourront peut être apportés un jour des réponses à ces mouvements décelés de fin mars – début avril jusqu’à la fin mai et toujours bien orientés vers le nord est.

Texte : Philippe Carruette – Photo : Maëlle Hello.

Le fort coup de vent du 30 avril nous a permis de profiter d’un exceptionnel stationnement de Barges rousses sur le Parc. Mais il ne fut vraiment pas du goût des Hirondelles rustiques. Au lever du jour en ouvrant nos ateliers de travail 8 oiseaux adultes étaient serrés comme des « sardines » dans un nid de l’année dernière et 4 autres adultes se tenaient tout aussi serrées tout proche sur un fil. A cette époque les oiseaux sont pourtant bien par couple et défendent leur nid. Le froid, la pluie et le vent qui empêchent la capture des insectes volants handicapent énergétiquement ces oiseaux strictement insectivores qui essaient comme ils peuvent d’économiser, notamment la nuit, leurs ressources énergétiques (on retrouve normalement ce comportement chez les juvéniles volants le soir quand ils rejoignent le nid). Un comportement unique que nous n’avions encore jamais remarqué chez des oiseaux adultes au printemps. Quelques jours auparavant quelques oiseaux avaient été capturés au baguage, ne pesant que 16 ou 7 grammes ce qui est un poids faible notamment pour les femelles normalement prêtes à pondre. Après 2015 et 2016, encore une année climatique défavorable pour cette espèce en net déclin qui n’en a vraiment pas besoin !

Texte et photo : Philippe Carruette.

Samedi 30 avril, tempête de nord-ouest (le vent souffle à 90 km/h ) et la pluie redouble d’intensité. A marée haute des vols de limicoles zèbrent l’écume ou montent haut dans le ciel filant plein nord. Les éléments sont trop forts : plus de mille Barges rousses se posent sur les prairies du Parc, un record pulvérisé depuis la création du parc en 1973 (232 le 28 avril 2006). Et pourtant ces oiseaux sont hyper puissants dans leur migration pouvant faire Guinée Bissau (où elles hivernent) – Pays Bas sans arrêt en 48 heures. Et le voyage n’est pas terminé puisqu’ils vont nicher en Laponie ! Et que dire des Barges rousses qui nichent en Alaska et vont hiverner en Nouvelle Zélande faisant plus de 11000 km au-dessus du Pacifique en 8 jours et 9 nuits bien souvent pour la plupart sans se poser hormis pour les plus fatiguées sur les îles Hawaï ! Une journée superbe où nous sommes tous rentrés trempés et frigorifiés mais, visiteurs et guides naturalistes, pleins de grands plaisirs dans les yeux !

Texte : Philippe Carruette – Photo : Alexander Hiley 

C’est fin avril début mai que l’on a la chance de voir ressortir ces superbes coléoptères que sont les Hannetons communs (Melontha melolontha). Il fait partie de la famille des Scarabées (240 espèces en France) et caractérisé par ses antennes terminées en forme de massues lamellées plus longues chez les mâles. Il est surtout actif au crépuscule même si on peut le voir en plein jour dégustant les feuilles des arbres. Ces adultes volants (bien lourdement ! ) vont vite pondre 20 à 30 œufs dans les sols meubles à 10 centimètres de profondeur. Les larves vont naître fin juin, ce sont les fameux vers blancs peu appréciés des jardiniers ! Au fil d’une vie active et en hibernation en hiver, elles vont vivre quatre ans de croissance souterraine consommant aux beaux jours des racines. Mais on est loin aujourd’hui des pullulations et des densités d’antan où quand j’étais enfant on accrochait délicatement un fin fil à une de leurs pattes pour en faire… des cerfs volants naturels que l’on prenait bien soin de relâcher librement ensuite… ! L’animal à tous les stades est pourtant une ressource alimentaire pour nombre de prédateurs comme les taupes, hérissons, blaireaux ou cigognes. Le Faucon hobereau qui revient tout juste de migration, faute encore d’abondance de libellules, le déguste en vol en se débarrassant des élytres qui virevoltent dans un ultime vol.

Texte : Philippe Carruette.

Merveilleux voyageurs que ces petits Bécasseaux sanderling. Tout bon observateur l’a sans doute aperçu en troupes éparses en se promenant le long des plages. Voyageurs infatigables et gloutons hors paire, la plupart d’entre eux font halte sur nos côtes pour se gaver d’invertébrés et autres mollusques afin de prendre des forces pour la longue traversée de l’Atlantique Nord. On rencontre le Bécasseaux sanderling sur la côte Picarde pratiquement toute l’année, mais à plus grands effectifs pendant les périodes de migration postnuptiale (aout/septembre) et prénuptiale (avril/mai). Bien que sur la Réserve Nationale de la Baie de Somme l’oiseau ai un attrait particulier pour les grandes zones de plage et de vasière proches des vagues, il n’est pas rare de voir quelques individus à marrée haute venant trouver refuge au sein du Parc Ornithologique du Marquenterre.

Mais que fait cet oiseau migrateur sur nos côtes ? Leurs prouesses migratoires sont moins connues. Leur site principal de nidification est le nord-est du Groenland. Ils l’atteignent en faisant étape en Islande. Une fois la reproduction terminée ils retournent vers le sud. Certains s’arrêteront en France, d’autres au Portugal. Une colonie importante s’installe aussi en Mauritanie et quelques uns se risqueront même jusqu’au Ghana. Mais pourquoi voit-on cet oiseau migrateur toute l’année me direz-vous ? La réponse n’est pas si simple à apporter… disons simplement que les Bécasseaux Sanderling immatures préfèrent passer leurs premières années sur leurs quartiers d’hivers.

Leur parcours fait l’objet d’un suivi scientifique mondial, à partir du baguage des oiseaux. Les petites bagues de couleur et la bague à fanion appelée drapeau (ou « flag ») permettent de les reconnaitre et de suivre leur parcours. Vous aussi, si vous observez un Bécasseau sanderling bagué, vous pouvez participer à ce suivi en nous transmettant la donnée ou en contactant directement le Muséum d’Histoire Naturel de Paris.

Texte et photos : Pierre Aghetti.