Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Les premières Tourterelles des bois sont de retour d’Afrique de l’Ouest et on commence à entendre les jolis roucoulements bas des mâles chanteurs dans les zones forestières au centre du Parc. Mais au point de vue, on remarque des mouvements vers le nord est de petits groupes de Tourterelles turques. L’espèce est plutôt considérée comme sédentaire, et les mouvements migratoires sont peu connus. D’où viennent et où vont ces oiseaux ? Les quelques oiseaux bagués localement pourront peut être apportés un jour des réponses à ces mouvements décelés de fin mars – début avril jusqu’à la fin mai et toujours bien orientés vers le nord est.

Texte : Philippe Carruette – Photo : Maëlle Hello.

Le fort coup de vent du 30 avril nous a permis de profiter d’un exceptionnel stationnement de Barges rousses sur le Parc. Mais il ne fut vraiment pas du goût des Hirondelles rustiques. Au lever du jour en ouvrant nos ateliers de travail 8 oiseaux adultes étaient serrés comme des « sardines » dans un nid de l’année dernière et 4 autres adultes se tenaient tout aussi serrées tout proche sur un fil. A cette époque les oiseaux sont pourtant bien par couple et défendent leur nid. Le froid, la pluie et le vent qui empêchent la capture des insectes volants handicapent énergétiquement ces oiseaux strictement insectivores qui essaient comme ils peuvent d’économiser, notamment la nuit, leurs ressources énergétiques (on retrouve normalement ce comportement chez les juvéniles volants le soir quand ils rejoignent le nid). Un comportement unique que nous n’avions encore jamais remarqué chez des oiseaux adultes au printemps. Quelques jours auparavant quelques oiseaux avaient été capturés au baguage, ne pesant que 16 ou 7 grammes ce qui est un poids faible notamment pour les femelles normalement prêtes à pondre. Après 2015 et 2016, encore une année climatique défavorable pour cette espèce en net déclin qui n’en a vraiment pas besoin !

Texte et photo : Philippe Carruette.

Samedi 30 avril, tempête de nord-ouest (le vent souffle à 90 km/h ) et la pluie redouble d’intensité. A marée haute des vols de limicoles zèbrent l’écume ou montent haut dans le ciel filant plein nord. Les éléments sont trop forts : plus de mille Barges rousses se posent sur les prairies du Parc, un record pulvérisé depuis la création du parc en 1973 (232 le 28 avril 2006). Et pourtant ces oiseaux sont hyper puissants dans leur migration pouvant faire Guinée Bissau (où elles hivernent) – Pays Bas sans arrêt en 48 heures. Et le voyage n’est pas terminé puisqu’ils vont nicher en Laponie ! Et que dire des Barges rousses qui nichent en Alaska et vont hiverner en Nouvelle Zélande faisant plus de 11000 km au-dessus du Pacifique en 8 jours et 9 nuits bien souvent pour la plupart sans se poser hormis pour les plus fatiguées sur les îles Hawaï ! Une journée superbe où nous sommes tous rentrés trempés et frigorifiés mais, visiteurs et guides naturalistes, pleins de grands plaisirs dans les yeux !

Texte : Philippe Carruette – Photo : Alexander Hiley 

C’est fin avril début mai que l’on a la chance de voir ressortir ces superbes coléoptères que sont les Hannetons communs (Melontha melolontha). Il fait partie de la famille des Scarabées (240 espèces en France) et caractérisé par ses antennes terminées en forme de massues lamellées plus longues chez les mâles. Il est surtout actif au crépuscule même si on peut le voir en plein jour dégustant les feuilles des arbres. Ces adultes volants (bien lourdement ! ) vont vite pondre 20 à 30 œufs dans les sols meubles à 10 centimètres de profondeur. Les larves vont naître fin juin, ce sont les fameux vers blancs peu appréciés des jardiniers ! Au fil d’une vie active et en hibernation en hiver, elles vont vivre quatre ans de croissance souterraine consommant aux beaux jours des racines. Mais on est loin aujourd’hui des pullulations et des densités d’antan où quand j’étais enfant on accrochait délicatement un fin fil à une de leurs pattes pour en faire… des cerfs volants naturels que l’on prenait bien soin de relâcher librement ensuite… ! L’animal à tous les stades est pourtant une ressource alimentaire pour nombre de prédateurs comme les taupes, hérissons, blaireaux ou cigognes. Le Faucon hobereau qui revient tout juste de migration, faute encore d’abondance de libellules, le déguste en vol en se débarrassant des élytres qui virevoltent dans un ultime vol.

Texte : Philippe Carruette.

Merveilleux voyageurs que ces petits Bécasseaux sanderling. Tout bon observateur l’a sans doute aperçu en troupes éparses en se promenant le long des plages. Voyageurs infatigables et gloutons hors paire, la plupart d’entre eux font halte sur nos côtes pour se gaver d’invertébrés et autres mollusques afin de prendre des forces pour la longue traversée de l’Atlantique Nord. On rencontre le Bécasseaux sanderling sur la côte Picarde pratiquement toute l’année, mais à plus grands effectifs pendant les périodes de migration postnuptiale (aout/septembre) et prénuptiale (avril/mai). Bien que sur la Réserve Nationale de la Baie de Somme l’oiseau ai un attrait particulier pour les grandes zones de plage et de vasière proches des vagues, il n’est pas rare de voir quelques individus à marrée haute venant trouver refuge au sein du Parc Ornithologique du Marquenterre.

Mais que fait cet oiseau migrateur sur nos côtes ? Leurs prouesses migratoires sont moins connues. Leur site principal de nidification est le nord-est du Groenland. Ils l’atteignent en faisant étape en Islande. Une fois la reproduction terminée ils retournent vers le sud. Certains s’arrêteront en France, d’autres au Portugal. Une colonie importante s’installe aussi en Mauritanie et quelques uns se risqueront même jusqu’au Ghana. Mais pourquoi voit-on cet oiseau migrateur toute l’année me direz-vous ? La réponse n’est pas si simple à apporter… disons simplement que les Bécasseaux Sanderling immatures préfèrent passer leurs premières années sur leurs quartiers d’hivers.

Leur parcours fait l’objet d’un suivi scientifique mondial, à partir du baguage des oiseaux. Les petites bagues de couleur et la bague à fanion appelée drapeau (ou « flag ») permettent de les reconnaitre et de suivre leur parcours. Vous aussi, si vous observez un Bécasseau sanderling bagué, vous pouvez participer à ce suivi en nous transmettant la donnée ou en contactant directement le Muséum d’Histoire Naturel de Paris.

Texte et photos : Pierre Aghetti.

Aux abords du poste d’observation n°1, des miaulements nasillards et plaintifs se font entendre, parmi les cris rauques des Mouettes rieuses… Ailes blanches, bec rouge vif, cagoule noir charbon sur la tête, c’est la Mouette mélanocéphale qui signale sa présence. Depuis quelques semaines, une centaine d’individus stationne sur un îlot enherbé, au milieu de la colonie de rieuses et d’Avocettes élégantes. Ces mouettes, plus rares que leurs cousines sur le littoral picard, auraient-elles élu domicile au Parc du Marquenterre pour se reproduire ? La nouvelle serait heureuse, puisqu’aucun couple n’a niché sur le site depuis deux ans.

Quelques indices nous laissent penser qu’elles pourraient bien se cantonner ici ; comme cet étrange comportement qui consiste chez le mâle à attirer sa partenaire… en vomissant ! Drôle de parade nuptiale, mais efficace. C’est la femelle qui la déclenche : ramassée sur elle-même, tête relevée, elle se met en posture de quémande alimentaire, exactement comme le ferait un poussin réclamant sa pitance à ses parents. A l’instar des oisillons, elle va même jusqu’à taper dans le bec du mâle. Cette gestuelle, résurgence d’une conduite juvénile, agit comme un stimulus qui entraîne la régurgitation de nourriture par le partenaire : il recrache mollusques et petits poissons à l’égard de sa femelle, procédé de nourrissage typique des laridés. Point culminant de la parade, l’offrande nuptiale est généralement suivie par l’accouplement. Ainsi, en reproduisant l’échange alimentaire pratiqué entre le parent et le jeune, le couple renforce ses liens. Et grâce à cette sollicitation, la femelle s’assure un ravitaillement salutaire, puisque l’ovogenèse (production des œufs) réclame de l’énergie.

Espérons que dans quelques semaines, des petites Mouettes mélanocéphales naîtront sur les îlots… et qu’elles quémanderont à leur tour vers et alevins à leurs parents !

Texte : Cécile Carbonnier – Photos : Alexander Hiley.

Comme pour les hirondelles, nous sommes toujours heureux de retrouver les couples nicheurs de Bergeronnette grise sur le parc. En hiver, elle est en effet très rare, les oiseaux partant hiverner ailleurs, surtout dans le bassin méditerranéen. 4 à 5 couples nichent sur le site et le plus connu est celui du pavillon d’accueil dont les oiseaux sont souvent sur le toit ou sur la girouette métallique en forme d’Avocette. Un couple niche aussi dans le sol labouré au milieu de la colonie de Mouettes rieuses et d’Avocettes au poste 1 et un autre parfois à l’intérieur du poste 12 ! Elle a finalement su parfaitement s’adapter à tous nos aménagements sur le Parc… même s’ils ne sont pas faits à son intention !

Texte : Philippe Carruette – Photo : Lisa Benguigui.

Fin mars, les premiers migrateurs insectivores sont vus sur le parc, et notamment le Pouillot véloce. Ce petit passereau hiverne dans le sud de l’Europe et en Afrique du Nord, il est de couleur marron verdâtre mais c’est surtout son chant qui permet de l’identifier. Facile à reconnaître, il répète deux notes inlassablement : tchiff tchaff…

Les premiers temps de son arrivée nous avions remarqué un fait étrange, certains pouillots avaient des plumes noires autour et sous le bec. Défaut de pigmentation ? Salissure ? Nouvelle sous espèce ? Nous avons enfin résolu ce mystère ! Lors des vagues de froid printanières, avec en plus cette année un vent froid et violent,  les Pouillots ont du mal à trouver les insectes dans les arbres et sont donc obligés de les chercher à la surface des plans d’eau, comme les hirondelles ou carrément en groupe les pattes dans l’eau ! Il leur arrive donc parfois de plonger le bec dans la boue ou la vase, ce qui colore les plumes en séchant leur donnant des « moustaches sombres ». Plusieurs individus ont été trouvés morts sur les chemins du parc avec une masse inférieure à 6 grammes. Ce même phénomène avait été perçu lors du printemps 2016 particulièrement rigoureux. Heureusement le printemps est enfin là et ils pourront trouver leur nourriture habituelle au sommet des arbres, nous ne devrions donc plus voir de Pouillots avec cette étrange moustache !

Texte et photo : Maëlle Hello.