Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Au Parc du Marquenterre il y a les oiseaux oui … mais pas que ! Les récents visiteurs n’auront pas été sans remarquer le niveau d’eau très bas du premier étang, poussant les oiseaux en pleine période de migration à aller un petit peu plus loin dans les parcours. Tout en profitant du bal des hirondelles au-dessus de ce plan d’eau presque asséché, n’hésitez pas à vous pencher au-dessus des Ombellifères en fleurs. Ces plantes aux inflorescences remarquables, comme l’Eupatoire chanvrine, accueillent une micro faune bien particulière, diversifiée et haute en couleurs. En effet, de nombreux insectes participent à leur pollinisation tels les Syrphes, Papillons, ou encore les Coléoptères. Alors ouvrez l’œil, vous pourriez bien croiser quelques Demoiselles aux yeux d’or (ou Chrysopes) et Téléphores fauves, ceux-là même qui débarrassent les pucerons de vos jardins !

1 Syrphe du groseillier (Syrphus ribesii) – 2 Tabac d’Espagne (Argynnis paphia) – 3 Chrysope verte (Chrysoperla carnea) – 4 Téléphore fauve (Rhagonycha fulva)

Texte et photos : Séverine Loton

Une Cigogne noire juvénile survole le parc le samedi 8 juillet en début d’après-mdi. Les conditions sont idéales avec un petit vent de nord est extrêmement porteur pour ce grand planeur. Elle nous arrive des forêts des Ardennes ou d’Allemagne où elle niche en couple isolé. Elle ressemble en vol à la cigogne blanche, le meilleur critère étant la tête et le dessous des ailes totalement sombre (attention aux ombres et à la lumière). Elle peut comme la cigogne blanche voyager seule ou en groupe. La quasi totalité des oiseaux qui passent par notre région littorale sont des juvéniles, les adultes passant au plus court plus à l’est, tous partant pour le Mali, le Burkina Faso, le Niger… Le 8 juillet est une des données de migration les plus précoces (le 7 juillet 2004). Il y a 30 ans les premiers oiseaux en migration étaient observés fin juillet début août.
Les bonnes conditions de vent d’est continuant cela a permis l’observation de 4 juvéniles mardi 18 juillet! Ce mercredi matin au grand plaisir des visiteurs au point de vue 6 juvéniles de Cigognes noires ont survolé le parc et le pavillon d’accueil après avoir passé la nuit au poste 8. Elles étaient accompagnées des jeunes cigognes blanches nées sur le parc…qui sentent elles aussi l’appel du continent africain. La migration de printemps se produisant de plus en plus tôt, les couples de Cigognes noires nichent de plus en plus tôt et la population s’est étendue vers l’ouest (environ 70 couples en France dont quelques uns dans l’Aisne et probablement dans les forêts de l’Oise).Les prochains jours risquent de nous réserver encore de belles surprises en migration.

Cela fait déjà quelques semaines que nous n’entendons plus le chant caractéristique du Coucou. Et pourtant, ici dans le Parc du Marquenterre, la densité de Coucou gris y est importante. Pour ces oiseaux, il est temps de migrer et les adultes – notamment les mâles – sont déjà repartis vers leur lieu d’hivernage en Afrique centrale et du Sud. Malgré ce départ en migration, le Coucou est encore présent à nos latitudes. En voici la preuve : un jeune coucou de deux semaines élevé avec succès par ces parents adoptifs, un couple de Rousserolle effarvatte.

Revenons sur la particularité de ces insectivores friands de chenilles… Les femelles ont la capacité de parasiter les nids des autres oiseaux en y allant pondre leurs œufs. Elles vont ainsi se spécialiser dans le parasitisme d’une seule espèce. Avant la ponte, la femelle coucou va épier sa cible pour repérer son nid. Elle n’a qu’une dizaine de seconde pour gober ou prendre un œuf présent dans le nid et pondre son propre œuf qu’elle a su adapter à la taille et à la couleur des œufs des parents adoptifs (en un peu plus gros tout de même !). Une mission délicate pour cette femelle qui peut pondre jusqu’à 22 œufs dans 22 nids différents.

Dès son éclosion, le jeune coucou ne va pas supporter le moindre contact sur sa peau durant environ 48 heures et va expulser du nid tous les intrus (œufs, poussins ou tout corps étranger). Les parents adoptifs vont alors se démener pour nourrir cet oisillon géant qui restera au nid une vingtaine de jours. Par la suite, étant trop gros pour rester dans le nid, il quémandera sa nourriture sur une branche et pourra s’envoler à l’âge de 4 semaines. Les espèces les plus parasitées sur le Parc sont les Rousserolles, l’Accenteur mouchet et le Pipit farlouse.

Texte : Jennifer Martin – Photos : Jennifer Martin, Philippe Carruette

[TELECHARGER] le comptage du 10 juillet 2017

En bref: 2509 Huîtriers pies, 2465 Mouettes rieuses,  227 Avocettes élégantes, 73 Courlis cendrés…

Ce printemps a été propice au vols de nos chères libellules et pourvu que cela dure encore. Nul ne se lasse de leur vol gracieux au-dessus des plans d’eau pour défendre un territoire ou courtiser des femelles. Propice? Et pour cause. Cette année, ce sont d’ores et déjà 21 espèces qui ont été recensées sur […]

Si toutes les espèces ont fort à faire en période de reproduction, les Grèbes castagneux doivent fournir d’incommensurables efforts pour leur nidification. En effet, le plus petit de tous les grèbes (29 centimètres) tente de nicher dès le mois d’avril. Cette année encore, plusieurs couples de cette espèce plongeuse ont construit des nids faits de boules d’algues et d’herbes, petites stations flottantes, amarrées aux branches mortes d’argousier que nous mettons dans l’eau pour favoriser leur installation. Mais nombreuses sont les espèces qui les repoussent. Ces petits couples peuvent par exemple se faire détruire les nids par les Foulques macroules ou les Mouettes rieuses et reconstruisent le nid 7, 8 fois d’affilée… Lorsque la ponte se fait urgente, en cours de construction du nid, les Grèbes castagneux défendent plus férocement le nid : il leur arrive alors de plonger devant une espèce plus grande qui s’approche… Pour la piquer du bec par en dessous! Très déroutante, cette efficace technique fait même fuir les Cygnes tuberculés, qui font 65 fois leur poids!

Grèbe castagneux construisant un nid d’algues.

En période de couvaison, mâle et femelle se relaient pour couver les 5 à 6 œufs blanc à beige durant 20 à 27 jours. C’est une période périlleuse également, où l’unique couple vu en train de couver 6 œufs au Parc du Marquenterre a eu 4 œufs prédatés sur 6. Deux jeunes sont nés et ce sont alors des scènes de vie merveilleuses à observer : mâle et femelles protègent les petits en les gardant bien au chaud sous leurs ailes. Les petites têtes dépassent parfois… Les jeunes sont alors bien différents des adultes, avec une jolie livrée rayée. Hélas! Ces petits poussins peuvent faire le régal des prédateurs et un matin qui semble aussi joli que les autres, plus de grébillons… Un nid où un autre couple couvait 3 œufs a également été détruit le même jour.

Nous n’avons pas le droit de nous apitoyer sur leur sort, car ces vaillants grèbes ont aussitôt repris le travail : un mètre plus loin, les deux couples érigent de nouveaux nids flottants, encore, près de trois mois après les premières tentatives. Ce faisant, chaque couple fait entendre sa complicité par de jolis petits hennissements roulés… Bravo, les Grèbes castagneux !

Texte et photos : Lorraine Calamel.

Comme chaque année, un couple d’Huîtrier pie ayant pour habitude de nicher parmi la colonie d’Avocettes élégantes est arrivé le 15 février dernier, toujours fidèle au poste. Les populations nicheuses en France sont fragiles, estimées à seulement 1200 couples en 2011 (Finistère, Manche). Le nombre de couples arrivant à s’installer est faible au Parc. Six couples avaient construit leur nid en 2007 et en 2013 mais il n’y a eu aucun poussin et les dernières éclosions remontent à 2012 avec 3 et 2 poussins qui n’iront hélas pas jusqu’à l’envol.

Au parc les nids sont protégés des marées de tempête, mais les printemps froids sont néfastes pour les couples nicheurs. La pression de prédation semble être la raison principale de l’échec des nidifications. En effet sangliers, renards, corneilles et goélands ne facilitent pas la tâche aux oiseaux de la colonie. Cependant, depuis le mardi 20 juin un poussin d’Huîtrier pie est bien visible de l’observatoire numéro 1 !

 

Né une dizaine de jours plus tôt il semble vif et en pleine santé. Ses parents très attentifs lui apportent chaleur et nourriture, et veillent à sa sécurité. Les adultes apportent essentiellement des vers marins tels que les Néréis, extraient de la vase et lavés avant d’être offerts au poussin. En effet leur espèce est la seule parmi la famille des limicoles à nourrir les jeunes, et ce jusqu’après leur envol. En fin de croissance les jeunes adultes se spécialiseront dans la recherche de coquillages enfouis dans la vase qu’ils ramèneront à la surface pour les marteler de leur bec robuste et sectionner les muscles du bivalve qui le maintiennent solidement fermé. Les conditions pour cette année semblent favorables au poussin et ses chances de survie augmentent de jour en jour. A la mi-juillet nous pourrons, espérons-le, assister à son premier envol !

Texte : Gaëlle Micheli – Images : Gaëlle Micheli, Clément Parissot.

Le 18 mai dernier une Spatule Blanche baguée fut observée en stationnement aux alentours du poste 5. Porteuse d’une bague blanche immatriculée « ALBS » en écriture noire, l’information fut renvoyée auprès de la Tour du Valat, organisme en partie en charge du programme de baguage des Spatules en Camargue.

Photo des pattes baguées prise de l’affût photo du Parc.

Il se trouve que l’oiseau en question a été bagué poussin le 10 juin 2014 dans les Bouches du Rhône sur la Réserve départementale des Impériaux. Le 22 juillet 2014, un mois après avoir été bagué il fut observé à nouveau, toujours en Camargue mais cette fois lors d’un nourrissage par l’un de ses parents (lui aussi bagué ! ). Quelques mois plus tard l’échassier sera ré-observé sur le Banc d’Arguin en Mauritanie. Sa trace fut ensuite perdue jusqu’à sa nouvelle observation au Parc du Marquenterre. C’est pourquoi à la date du 18 mai 2017, cette Spatule avait déjà parcourue un minimum de 7068 kilomètres ! Une belle aventure, qui on l’espère continuera encore longtemps !

Plus d’informations sur le baguage des Spatules blanches en Camargue en suivant ce lien.

Texte : Jérémy Gruson, Photos : Thérèse Degryse.